Le blanc, c'est tendance

A toute vie, il est un avant, un pendant et un après ; On se rappelle plus de l’après, peut-être parce que ce moment-là est celui où on a enfin le temps de voir ses amis alors qu’eux n’ont pas le temps de nous voir. Le pendant passe vite, très vite, trop vite, surtout vu de la fin. L’avant lui n’’est pas intéressant puisque c’était avant, ou alors, c’est parce que le pendant vacille qu’on se met à regretter l’avant, tout en bénéficiant du confort du pendant. Drôle de temps, non que cette valse à trois temps. Avant, pendant et après. Toujours. Pourquoi regretter ce qui n’est plus ? C’est ancrer ses amarres à une vielle bite pourrie et rouillée sur un quai désert dont on n’a rien à espérer ; C’est refuser de voir le jour nouveau poindre à l’horizon, ce soleil qui va s’amplifier et éclairer tous nos projets, juste parce que nous vivons, ici et maintenant. Sommes-nous donc si sincère que nous n’ayons d’autres accroches dans la vie que ce qui n’est plus ? La vie est une longue transformation, inexorable, à laquelle nous ne pouvons rien si ce n’est, de vivre avec toute la passion, l’énergie qu’on peut y consacrer, chaque instant, chaque épisode, chaque étape, sans regret, sans vouloir rejouer ce qui n’est plus. C’est pareil pour tous.

Je suis noir, de cheveux, je précise, non pas brun mais noir, c’est ainsi que je naquis, après je dois reconnaitre, un épisode blond dont traînent quelques photos noir et blanc, et oui, je suis de l’ancien temps, celui des années bonheurs sans être les années couleurs, celui de l’autre siècle, ce prodigieux siècle des découvertes et de la science. Mais voilà, la vie, cette traitresse à plus d’une pelote à son arc, ma noirceur la titillant, ne voilà-t-il pas qu’elle me greffe par instant des blancs parmi mes noirs attributs. J’ai dit blanc et pas blond ! notez au passage combien quant on parle de blondeur, cela est doux, presque câlin, très attirant dans l’esprit et le son, tandis que noirceur sonne négatif, néfaste et à fuir. N’essayez pas de me rassurer en me disant que les temps grises sont attirante, Renaud a déjà œuvré dans une chanson en disant «Le jour où t'hérites des ch'veux d'tes parents, T'as du mal à croire qu'à partir d'maint'nant, Les filles vont craquer sur tes tempes argent, Surtout si elles craquaient pas avant » c’est clair ! Tout comme il est bien vu cet héritage là en y regardant bien. Chauve qui peut !

Alors oui, la mutation profonde rejaillit en surface sous la forme de ces crins blanc, durs, poussant droit comme si l’envie de jaillir hors de moi les faisaient se dresser prêt à combattre, sus à l’ennemi, mais du calme, on ne touche pas à mes cheveux, à part mes coiffeuses adorées que je salue bien bas ici et maintenant. Alors que faire ? Regarder en arrière ? Je fus blond, pas longtemps, noir, très longtemps, je parle ici à l’échelle de ma vie terrestre et jusqu’à peu de temps puisque je ne connais pas la durée totale du mandat, me voilà balançant entre deux âges comme dirait mon maitre Brassens, dans une étape de transition ou le blanc envahit le noir et en étant sûr que comme aux échecs, les blancs jouent et gagnent ! Patience, je n’ai pas encore écrit mon dernier mot, et je ne suis pas encore blanc, après tout, nous sommes tous des hommes de couleurs différentes, non ?

Philosophie matinale, presque de comptoir, mais plutôt attablé à mon clavier le café (noir, lui) fumant tandis que je fulmine à trouver les mots, non pas par angoisse de la page blanche, plutôt parce que tout arrive ne même temps et que je n’ai que dix doigts dont certains ne caressent que trop peu les touches. Ecrire est un acte, anodin, certes, mais si défoulant et si plaisant pour moi, il est vrai que je n suis pas né du temps des hiéroglyphes et de la gravure sur pierre du Nil, je jouis (oui) de la facilité des moyens mis à disposition, la facilité de la technologie permet de répartir l’angoisse dans d’autres périmètres. Voilà, quelques mots de plus au grand recueil de l’inutile, quelques poils blanc sur un corps déjà vieux, sans angoisse de l’âge ni de regret du temps d’avant, j’ai vécu dans le choix heureux de n’être pas resté blond. Je taquine, j’aime bien les blondes, légèrement amères, bières allemandes par exemples, même si ma préférence va aux bières blanches. Et puis, il suffit d’écouter et de savourer les sketchs de Gad Elmaleh pour apprécier de ne pas être « le blond ».

Bon, pendant ce temps, mon pendant de vie défile et je me dois d’activer ma zone de temps libre au vu des nombreuses choses à accomplir. Certes, je ne suis pas Hercule, je n’ai pas douze travaux à faire, bien plus et bien plus utiles cela dit sont les miens, le temps des tâches ménagères est là ! D’ailleurs, parmi les tâches, quelques unes sont de faire disparaitre les tâches, avouez que c’est étrange, non ? Cela dit, ce qui est fait, n’est plus à faire, alors, faisons et surtout, évitons de marcher dedans ! Je parlais bien sur du lavage des sols, histoire tout de même que ce soit plus blanc…. Vous voyez, on y revient ! Je me disais aussi, le blanc, c’est tendance !




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