Un
break qui n’est pas commercial, et non, ce n’est pas une voiture… Un break, une
pause, une cassure dans l’espace temporel de l’écriture, un arrêt sur image ici
pour d’autres étapes, d’autres écritures ailleurs… D’ailleurs, s’arrête-t ’on
vraiment ? Les mots filent, imbéciles et pressés vers d’autres envolées,
ils partent sans traces, ne laissent pas leurs empreintes dans la page, il n’y
a rien à publier. Exit la muse s’amuse ailleurs elle aussi, même les idées de
défi ne relèvent pas la plume de son transat aux tons d’encre. Et l’encre
sèche, et la seiche jette son encre, partir pour ne jamais revenir.
Break.
Fracture de temps, cassure profonde ou le corps disparait sous l’onde. Il n’y a
plus rien à lire, plus grand-chose à écrire, plus rien à voir, au revoir. De
tous ces moments j’ai aimé, j’ai aimé bien des moments, un instant. Sommes-nous
donc si fragile, si stérile au point que nos peurs et nos joies ne sachent plus
engendrer des contours en lettres dessinées ? Le sol a tremblé et s’est
ouvert sous mes pieds, c’est dans cette crevasse que j’ai plongé et par elle
que j’ai quitté la terre. Disparition. Lorsqu’aimer ne suffit plus, suffit-il
d’aimer ? Il est trop tôt ou trop tard pour écrire s’il m’est interdit
d’aimer écrire, trop tard ou trop tôt pour en tirer des sanglots, mais
sommes-nous jamais vraiment à l’heure ? Celui qui dort cette nuit se réveillera
demain, si ce n’est dans ce costume-ci, cela sera dans l’autre, nos plans, nos
modes, no mondes sont de vastes tiroirs parallèles. Je n’ai plus envie.
Break.
Le break peut-être long et sans fin, pourtant il a toujours une fin, après
tout, on ne meurt jamais que deux fois, j’ai eu si mal déjà la première fois.
Faut-il souffrir pour vivre, faut-il vivre pour souffrir ? Eternelle
diatribe de notre monde moderne depuis au moins cinq mille ans, au fond tout
cela ne sont que des mots, des verbes, des adjectifs à deux balles, le prix
d’un tube de gouache dont on tire les couleurs pour traduire l’existence.
Sont-elles bleues ? Cyan, indigo, seront-ce des noms poétiques donnant aux
bleus des notes rêveuses ou le céleste se réveille horizon, ou le nuage côtoie
la nuit ? Les bleus de l’âme sont pareils aux tubes de gouache, ils
résonnent de mille noms poétiques traduisant au fond fort mal leurs intensités.
Parfois les bleus de l’âme deviennent des bleus aux corps, parfois les bleus du
corps deviennent des bleus de l’âme et l’âme nuit, et l’âme s’ennuie, et l’âme
s’enfuit aux pays des rêves, rêvant sans doute d’un autre corps à épouser,
lasse sans doute de ce corps aux contours devenus trop gras. L’âme lasse est
une menace pour l’existence, quel qu’en soit le costume. Errance. Encore.
Break.
Stop ou encore ? Toujours la même question qui brille et vacille, toujours
les mêmes chaines d’un monde massacrant, toujours les mêmes rêves pris en
défaut, il y a du mou dans le dur et du dur dans le mou, rien n’est jamais intègre
ni intégral, le parfait n’existe pas, il n’a jamais existé. Quand le monde aura
compris cette simple réalité, alors la perfection sera de ce monde. En
attendant, il préfère s’entredéchirer,
l’odeur du sang, des viscères, la violence en technicolor, en 3D, le
moindre bout d’écran regorge de sang, d’horreur devenue nourriture d’un monde
affamé. Le sang attire le sang, l’horreur se banalise et tout devient tellement
évident lorsqu’on s’abonne aux rouges champs. Basta. Le break s’impose, comme
une pause à la vie, comme une pause à l’envie. Assez. AC comme Alternate
Current, courant alternatif, celui sur lequel se branche de plus en plus d’âme,
monde en bipolarité qui blesse et agresse les âmes bien nées.
Break.
Il n’y a plus rien à casser, passez votre chemin, faucheurs de l’extrême
perturbation, vos maquillages et vos candeurs ne sont que pièges pour mieux
casser, détruire et faucher ce qui poussent à votre protée. Puis un jour,
fatigué, l’homme tombe et rend, il vomit ses tripes et crache son sang, il
blêmit de n’avoir plus de sang dans ce monde sans sens, dieu qu’il est facile
de faucher à terre celui que ne peut se relever. Trop facile, vous n’aurez pas
ce futile plaisir, ce soir la terre comme un linceul viendra couvrir le corps
d’hier et demain de la fumure renaitra la verdure, tu vois, au fond, il n’y a
jamais rien qui dure vraiment…
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