Ailleurs

D’où suis-je ? Toujours cette manie des humains de vouloir coller des étiquettes sur chaque chose…. Mon pot de confiture à moi serait plutôt un mélange tous fruits, alors, s’il vous plait d’en rédiger l’étiquette exhaustive, de grâce cherchez un peu à le faire bien et laissez-moi en sourire. Taquin ? Oui, si cela vous sied de l’entendre ainsi. Pour vous aider un peu, je suis une âme venu habiter quelques temps un corps d’homme, né ici, habitant la planète terre, marchant et découvrant le monde toujours avec émerveillement. Le monde est vaste, il faudrait trop de colle pour vos étiquettes, resserrons le champ de vision, prenons la loupe et observons….


La randonnée pédestre comme passion. Voilà que déjà se profile els habituels clichés : chaussures lourdes, sac à dos énorme, sommets à escalader, marches sur plusieurs semaines, presque un baroudeur de l’extrême, là, je dis oui, si l’extrême est une glace au cœur tendre, sinon, non, la randonnée pédestre est une expression hautement commerciale pour traduire une forme de marche à pied sur des itinéraires plus ou moins balisés. Balisé ne veut pas dire avoir peur mais simplement que pour éviter les érosions liées à de fréquents passages, il a été pris l’habitude de marquer de quelques repères, souvent des traits de couleurs, le sentier à emprunter, laissant ainsi à la nature le droit de pousser librement et sans piétinement. On peut certes marcher pour marcher, tout comme on peut aussi courir tous les jours sur un même parcours voire en faisant plusieurs fois le tour d’un même parcours, un stade, un lac, un bout de rue… A chacun ses plaisirs, personnellement, ce sont les grands espaces qui ont toujours ma préférence et si mes premiers pas se firent en montagne du côté de Cauterets, mes premières randonnées et balades eurent pour champs d’application les prairies, les sous-bois et les chemins communaux d’un coin d’Ariège. De quoi forger les mollets, le caractère et hésiter entre une grande carrière de spéléologue éternellement débutant et celle plus prometteuse de lecture des mille et une richesses de notre mère nature. Chemin faisant, l’enfance grandit et s’enfuit dans les méandres de l’adulte terre, ainsi s’en vient les premiers boulots, le temps d’être mono enfin non, animateur de centre de vacances expatrié en terres audoises, le massif de la clape comme nid. Massif ? Oui, trois cent onze mètres d’altitude sous la toise tout de même. La Clape, un nom qui veut dire « tas de cailloux », une ancienne ile de l’ancienne méditerranée du temps où elle habitait encore Narbonne. De ce temps-là j’ai appris deux choses essentielles : La première, c’est l’échange. La seconde c’est qu’on n’apprend jamais que par soi-même.


L’échange, c’est d’abord une phase d’apprivoisement, il faut oublier et faire oublier la méfiance. Dire bonjour, merci et au revoir, mes parents me l’ont appris et je les en remercie, ce sont des clés importantes dans la vie. Une fois ces premiers mots magiques échangés, il y a le mélange des accents, le tutoiement facile de notre midi, et l’envie d’écouter, d’apprendre, de découvrir ce monde nouveau où nous sommes appelés à vivre tous ensemble durant de longues semaines. Mot à mot, jour après jour ce sont des complicités qui se sont installées, puis la découverte d’un lieu, d’un village, d’un endroit magique et j’allais dire magnétique tant l’attirance sur ces collines odorantes où ce ne sont pas les sirènes mais les cigales qui chantent pour finir par vous faire chavirer. Gardien et homme à tout faire du château, cuisinière, femmes de ménage, lingère c’est toute une petite famille dont je me souviens encore avec émotion aujourd’hui, peut-être bien aussi parce que mes origines et mes racines sont populaires et hautement rurales, le terroir parle au terroir, quel qu’il soit. Intéressez-vous et  sachez écoutez, vous apprendrez toujours.


Apprendre, ça on est sensé savoir. Depuis tant d’année de bourrage de crâne, de livres engloutis, de leçons apprises par cœur, comment ne pas avoir le réflexe quasi inné de lire pour savoir ? Pas si simple, on apprend parce qu’on veut apprendre, c’est là le départ, ensuite, la faim suggérant les moyens, on construit brique après brique les couches de sa propre connaissance. C’est ainsi que j’ai connu les souterrains du château et la puissante chaufferie qui y était construite, des étiquettes aux lettres tracées à la plume d’un autre siècle indiquaient les clés à tourner pour diriger l’air chaud vers telle ou telle partie de la demeure. C’est ainsi que j’ai appris à lire les sentiers dans la pinède et à contourner les ruines de deux vieux moulins pour en quelques pas rejoindre le village voisin, c’est comme ça que j’ai su que prendre telle ruelle conduisait directement à l’ancienne carrière et sa collection de fossile caché dans presque chaque pierre, autant de futures idées de balades pour des enfants avides de se dégourdir les gambettes et de jouer les explorateurs.


Echanger et apprendre, ce sont les deux leviers de la construction. Donner sa vision, son expérience des choses et entendre un autre point de vue, accueillir une meilleure façon de faire, un chemin plus court, le nom latin et surtout le truculent nom populaire d’une herbe, sans oublier les recettes qui vont avec…. Comment voulez-vous que je ne sois pas gourmand de ces belles et bonnes choses ?

       



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