Décadence
de nos temps, les êtres dansent à contretemps. Contretemps tout le temps, tout
le temps à l’encontre des autres, la danse balance en mode solitaire, je te
plais, tu me plais enfin non, juste il me plait ce que j’y trouve. La vision
est trouble, plus personne ne cherche à connaitre, plus personne ne veut savoir
qui est l’autre, il est si facile de s’arrêter en chemin, de se contenter de
l’image qu’on se donne de l’autre et pire, de lui donner une image sans jamais
comprendre que cette image, il ne l’a pas, que cette image n’est que notre
propre vision et jamais la réalité de ce que nous aurions dû voir. Au revoir.
Au
revoir mes frères, compagnons semblables lors des jours les plus gais, l’humour
au fond se partage bien plus facilement qu’on ne croit, faut-il être capable de
rire et de vouloir sourire. Au revoir parce que le cœur saigne les jours où il
a froid, le clown sans nez rouge n’est plus qu’un auguste quelconque de vos
quelconques rencontres en un quelconque jour. Le compagnon devient quidam et
vogue la galère sur des flots tellement différents, il y aurait bien de quoi en
avoir des hauts le cœur, mais cela serait encore vous faire trop d’honneur et
pire, s’attarder sur des passés dépassés. D’autres pas, d’autres danses et
d’autres dansent, on s’y perd facilement dans les faux sourires, les belles
choses que l’on croit pleinement partager jusqu’au jour au fond où on ne
partage plus rien….
Au
revoir, au fond, non, ce mot résonne comme un espoir et l’espoir lui résonne
comme une cloche fêlée. L’espoir luit à la lumière des faibles, êtres affables contant leurs fables à qui veut bien prendre le temps de les écouter. Au revoir,
non, mais comment peut-on dire « adieu » sans y entendre une divine
connotation ? Voilà qui complique la chose…. De toute façon, il n’y a plus
rien à dire et tant à dire à la fois. Comme toujours, comme souvent, comme
maintenant. Mais non, rien à dire, rien de plus à écrire, et comme l’a si
joliment dit Benjamin Biolay, « le plus est une croix ». Qu’importe
le sens de l’histoire, le sens que l’on met à la croix, faisons plutôt une
croix là-dessus et courons vers les vertes prairies prendre un bon bol d’air,
l’air d’ici étouffe et ronge, comment peut-on vivre dans pareille
décadence ?
Au
revoir mes sœurs, âmes admirables croisées sur les longs chemins de nos
errances, ces petits points où nos routes se croisèrent sont bien loin des
croisades utopiques et furent des belles leçons de vie. On gagne toujours à
échanger et n’oublions jamais que les rencontres sont toujours belles et font
toujours plaisirs, si ce n’est pas pendant, c’est après… C’est étrange comme
les mots volent aux mots leur propre sens. Lorsqu’on parle de sœur on se voile
le regard d’une cornette blanche et la religion ancrée depuis trop de
génération dans nos gênes nous gêne aux entournures pour n’y voir autre chose.
Autant « frère » renvoie l’image des frères d’armes, des amitiés et
autres humanités, autant « sœur » résonnent en couvent ou bien,
exquise image d’un passé lointain, ces douces personnes sans âge nous
dispensant l’histoire d’une religion aux si belles images…
Au
revoir, oui, au revoir, parce que je n’ai jamais su fermer une porte, comment
le pourrais-je, je vis déjà sans mur, où diable voudriez-vous que je mis une
porte ? La vie est ainsi faite que nos pas nous portent vers les routes
d’autres et d’autres encore, parfois connus, parfois inconnus, parfait inconnus
c’est toujours l’idéal, mais comme la vie est farceuse, voilà que d’autres pas
connus croisent nos pas nouveaux…ou pas, là n’est pas l’important, le monde
tourne rond et nous nous tournons en rond, sachons briser les chaines
fussent-elles audiovisuelles pour que naissent l’aube dans l’aurore de nos
mauvais jours. Il n’y a pas de raison de parler, pas de raison d’écrire, ni
même de sourire, et non, on n’a pas tout le temps raison, parfois la folie nous
pousse dans des retranchements d’où l’on n’ose plus sortir, pas plus les pieds
devant que debout, de quoi être débouté ou bien dégoûté, c’est selon.
Au
revoir sans nom, faut-il donc que l’on nomme chaque chose en son nom pour vivre
enfin rassuré d’avoir su mettre une étiquette sur cette étrangeté ? Je
n’ai plus de nom, je n’ai qu’une carapace de vos étiquettes si indélébilement
collées que ma seule envie aujourd’hui est de vous léguer ma mue, elle
ressemble à une vielle valise avachie qui a trop bourlingué, je n’en ai plus
besoin…. Au fond, peu importe qui je fus tout autant que qui je suis, je serai
déjà loin lorsque vous lirez ces étiquettes jaunies de leurs propres fiels,
ainsi s’en vont les temps et je m’en vais de ce pas leurs rendre visite…
1 commentaire:
Et bien, que de colères dans ce texte...
Natacha
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