Dans
une époque superlative, où tout va plus vite, où tout est plus puissant, où
tout doit être plus grand, comment ne pas être ravi de cet engouement pour le
tout opposé, le minimalisme et le dépouillement symbolisé en matière
d’automobile par la Citroën 2CV par exemple. Ni un bolide, ni un objet de
design, rien d’électronique ou presque, des pneus semblant ridicules au vu des
modèles actuels, mais l’essentiel et son superflu, un vrai toit ouvrant digne
d’un cabriolet, quatre portes, quatre places, du plaisir à l’état pur, encore
faut-il savoir goûter aux plaisirs simples… Mais la 2CV c’est aussi et surtout
des trésors d’ingéniosité, le minimalisme est un art, et à l’heure où la mode
est au Feng shui et autres zen attitudes, cette voiture dont les premiers tours
de roues remontent aux années trente, a su et sait encore développer l’art de
la transformation et de l’utilisation de l’espace. Jusqu’à sa forme
rondouillarde, ses lignes courbes que les penchants cocooning ne renieraient
pas, elle habille avec légèreté ses passagers. Côté technique, sous des airs de
ne pas y toucher, malgré un aspect simpliste qui fait penser qu’on peut se
dépanner avec un bout de fil de fer, un tournevis et un peu d’adhésif, elle utilise des techniques assez poussées en
matière de suspension notamment, pour le bien du confort et de la tenue de
route. C’est peut-être bien pour cela que cette auto à la longue carrière fait
encore partie intégrante de nos paysages routiers, même si hélas, la hausse des
prix en change l’usage et la clientèle….
Une
grand-mère, oui, depuis les années trente, la 2CV type A a eu une belle et
noble descendance déclinée selon l’alphabet secret d’un constructeur habitué
aux génies dignes d’un Da Vinci code : AZ, AZL, AZLP, AZAM, AZKA, AZKB,
AU, AZU, AKB, AKAK, …. Les gènes de la 2CV se multiplient en versions, en
portes de malle en tôle, en phares carrés, en motorisation de plus forte
cylindrée, en utilitaires, en charge acceptables puis, mutation suprême de la
2CV nait la diversité d’une gamme d’un constructeur : AMI 6, 8 et super, Dyane 4 et 6, Méhari,
Acadiane pour ne rester que dans un contexte « chassis et
technique »…. Si l’on s’en tient à la seule motorisation, c’est les LN,
LNA, VISA, Tangara, Katar Pony, FAP, Baby Brousse, et d’autres encore jusqu’aux
militaires fardier de Lohr, la liste est longue et difficilement exhaustive
selon les degrés de purisme. Comme quoi, la simplicité ça a du bon, non ?
Alors,
oui, prenons le temps, roulons au rythme palpitant du deux cylindres, bien
lancé dans les descentes pour gravir les montées qui suivent, prenons du
plaisir à sentir vivre une auto, rien ici n’est aseptisé, et puis, une
camionnette, 2cv ou Acadiane, quelques affaires dedans et vogue l’aventure,
vous voilà dans un camping-car de luxe, le luxe de rouler différent, de prendre
son temps, de lire les sourires et les gestes de sympathies le long des routes,
certes, un peu moins dans les visages renfrognés des conducteurs qui vous
collent aux basques comme si cela pouvait par simple magie vous faire aller plus
vite…. Et puis quoi ! Pourquoi d’abord ? Soyons fous, roulons
autrement, vivons la route au grand air, à petite vitesse et en profitant
pleinement des paysages, parfois hélas aussi des rampes d’arrosage
d’agriculteurs trop zélés voulant sans doute que pousse un peu mieux le
goudron… Mais ça, c’est aussi le cas avec votre splendide coupé-cabriolet
dernier cri tout électrique, à moins que la vitesse pourtant inadaptée à certains de ces itinéraires ne vous en dispense ?
Allez,
ouvrez l’œil et soyez sympa, un geste, un sourire, ces bolides tout comme pas
mal d’anciennes (auto, vous avez bien compris) roulent bien plus lentement que
le commun des quadricycles mortels de nos jours, un peu de patience et
partageons la route, autrement… Et puis, les freinages aussi en sont différent,
évitons les dépassements hasardeux et les insertions à l’arrache grâce à vos
puissants ABS, comprendre les différences c’est apprendre à se conduire et à
conduire différemment….
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