Il faisait nuit, non pas nuit noire mais nuit très
étoilée, de ces plafonds de lumières scintillantes qui vous donne le vertige
rien qu’à essayer d’y plonger les yeux. La lune, cercle entier, blanc lumineux
à peine coloré d’un poudrée de jaune éclairait les flots apaisés, un modeste
flux rivalisait avec le reflux pour donner le tempo aux pensées qui circulent
ainsi librement le soir, assis sur le sable dans ce coin de nature, encore
sauvage, encore préservée, proche de la civilisation pourtant dont on aperçoit
les lumières artificielles et parmi toutes celle plus forte, qui dans une
course cyclique balaye l’océan, le phare de chacun des ports. Un moment
privilégié, un moment à contempler et une forme de méditation, le regard perdu
entre villes et océans, phares et étoiles, sentir l’air iodé se rafraichir
progressivement, assis sur le sable encore chaud, et libérer les tensions, se
relâcher dans les flots des mots, des
idées, des pensées qui sortent elles-aussi prendre l’air. Tant de choses se
sont passées en si peu de temps, même si le temps parfois a paru bien long,
c’est très humain comme mesure cela. On trouve le temps long ou bien trop
court, pourtant chaque seconde mesure le même temps que la première qui vit
notre vie naitre, un peu comme si on ne mesurait pas le temps avec le bon
instrument, ou peut-être parce qu’il n’y a pas d’instrument pour mesurer les
émotions et que du coup, cela interfère. Les questions fusent, les unes après
les autres, les unes parmi les autres, les unes avec les autres, solitaires ou
par paquet, le temps de la méditation est le temps de l’ouverture des placards
dans lesquelles elles étaient enfermées.
Qui suis-je ? Qu’ai-je fait de ma vie ? Où
vais-je ? Quel âge ai-je ? Est-il encore temps ? Ai-je encore le
temps ? Et si, et si, et si…… Il y a forcement des réponses aux questions,
il y a même plusieurs réponses à chaque question, il y a même un grand silence,
parce qu’on n’a pas la réponse, parce qu’on n’a pas envie de répondre, parce
qu’on ne sait pas, parce qu’on n’ose pas répondre, c’est terrible ces murs qui
emprisonnent, cette armure qui blinde et protège des attaques extérieures mais
qui finit par étouffer celui ou celle qui la porte, un peu comme l’écorce trop
solide du jeune cerisier qu’il faut entailler pour l’aider à exploser et
libérer l’arbre, lui permettre de grandir, de poursuivre son évolution plutôt
que de mourir étouffé, de dépérir dans une fin atroce, mort lancinante dans un
fin programmée. Méditer, penser, évoluer, de tout temps les hommes ont bâti des
concepts, des croyances, des religions, des écrits pour guider vers la
spiritualité, focalisant vers des dieux qui un jour devinrent unique, afin de
guider l’esprit dans une même élévation, parce que peut-être écrire et dire que
notre dieu à chacun est nous-mêmes, que c’est sur nous que nous devons
concentrer nos pensées, nos énergies, même s’il est besoin de formules
magiques, incantations ou bien encore prières pour parvenir a se recentrer sur
soi. Manque de confiance en l’autre ? Besoin de gouvernance et d’ingérence ?
Besoin d’asservissement des peuples ? De mettre une marche entre la base
et le commandement ? Encore une survie du règne animal, la meute a besoin
de chef de clan.
Soi. Se replacer soi au centre de sa vie, apprendre à
se parler et surtout, à s’écouter. Dialogue personnel, même si dialogue
s’inscrit dans une étymologie de discours avec dieu, se parler, c’est se placer
face à dieu, notre dieu, notre personne. Les réponses viennent toujours de
nous, car nous seuls savons ce qui est bon pour nous, dès lors qu’on ôte ses
verres soit disant correcteurs qui déforment et annihilent la vision et donc la
pensée. Se donner du temps à soi, prendre se temps pour soi, s’asseoir sur un
banc à contempler la vie, s’asseoir sur l’herbe ou comme ici sur le sable à prendre
les énergies du sol et du ciel, les rassembler en soi, s’en irriguer, s’en
apaiser, je dirais même , s’en rassasier bien qu’on n’est jamais trop plein de
ces énergies-là. Un temps pour soi, un peu comme dans l’expression souvent mal
transcrite « au temps pour moi » preuve que le temps et soi font bon
ménage depuis la nuit….des temps ! Il n’est pas facile de trouver son
emploi du temps, de s’accorder la pause, de se donner le temps, pourtant, peu à
peu on y parvient, et surtout, peu à peu on y revient, parce que là sont les
bienfaits, parce que par là passe la guérison, la réconciliation de soi avec
soi, la plus belle qu’il soit, et que par-là on grandit, on se construit, on
fait grandir la flamme qui brille en nous et cette flamme devient un feu qui nourrit,
qui réchauffe l’estime de soi, qui attire aussi les autres flammes et fait
grandir le cercle des belles relations.
Ce
feu qui illumine sans brûler, qui réchauffe sans consumer, c’est un peu
le phare qui éclaire l’entrée du port, qui guide les bateaux perdus au large en
leur dessinant la côte en traits pointillés, ce rayon de lumière puissant qui
tutoie les étoiles et caresse la lune, berce le cœur du passant assis sur la
plage déserte.
9 commentaires:
Des bijoux que tous ces contes.
Belle évolution mon ami, sincèrement.
Natacha
merci merci.....
de rien, de rien ;)
Nat
Sourires.
sincères mercis, écrire est une chose, être lu une autre, et que les mots écrits deviennent des mots appréciés, là, c'est un autre chemin.
D.
Ah ce chemin! La vie n'est décidemment qu'une succession de directions lol
Nat
sourires, oui..... toujours des choix et des non choix....
Sourires et bisous...
Nat
merci !
Tes joli ce conte et une bonne perception de soi , et une écouté de soi . La vie est si compliquée .
Merci Didier j adore ces contes
Bisous
Cath
Enregistrer un commentaire