Contes des bords de l’océan, l’enfant sur la plage


En cette fin d’après-midi, le soleil brillait fort sur la plage plutôt déserte, l’océan s’était retiré et l’enfant s’amusait à chercher des coquillages. Ils étaient nombreux sur le sable mouillé, l’enfant pouvait choisir et il ne s’en privait pas. Il regardait partout, se baissait pour en prendre un puis après quelques pas de route  commune, il se rejetait à l’eau, se disant qu’il en trouverait un plus beau, un peu plus loin. Il reprenait sa marche le long de l’onde alanguie, et toujours ce même manège, cette même quête du plus beau, du mieux, du parfait, et toujours ces rejets parce que pas assez bien, parce que pas beau, parce qu’il y en aura un plus que parfait, là-bas, plus loin…. Et l’enfant parcourait la grève, et le soleil parcourait sa course jusqu’à venir caresser les flots, et l’océan sentant la force de l’astre gonflait son dos et reprenait sa place sur le sable, recouvrant peu à peu les coquillages, les pas assez beaux tout comme ceux qui peut-être aurait été considérés comme parfait. A chaque vague qui gravissait un peu plus la plage, l’enfant remontait de quelques pas vers les dunes, ces dunes de sables et d’herbes folles, ces zones sèches ou ne fleurissent que les morceaux de bois flottés et les plumes des oiseaux de mer. Il n’y avait plus de coquillages, plus de choix, pas même un moche, pas même un cassé, rien. Alors l’enfant tomba sur le sable, regarda son seau vide et se mit à pleurer tandis que le soleil rougissait l’océan.

C’est ainsi que passe nos vies, on marche tous sur une plage à la recherche de nos coquillages, ces êtres qui de leurs bras viennent nous accueillir, nous serrer, nous cajoler, nous rassurer, des amis sur qui ont peu compter, et qu’à vouloir trop parfait, on finit par délaisser, par oublier, en se disant que sur le chemin de la vie on trouvera d’autres, mieux, plus disponibles, plus libres, plus en phases, moins compliqués, amis, amants, relations, les mêmes règles, la même quête, celle du parfait, celle de l’impossible. Puis un soir, le soleil se couche sur notre vie, l’océan de larme est venu recouvrir ces images du passé tandis qu’on tombe, seul, épuisé. Dans ce jour qui s’achève, dans cette lumière qui rougit et disparait, on songe alors avec émotion aux flammes venues éclairer nos pas tout au long du chemin, ces flammes prises pour de trop pâles lueurs sans avoir jamais su vraiment si ce n’était pas au fond nos yeux qui étaient trop fermés.



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tellement réelle tout ça...
Très joli conte.

Natacha

Didier a dit…

merci...