Dernier volet du triptyque

Dernier volet du triptyque, le temps des conclusions. Le chemin fut long, et peuplé d’embouteillages, de belles et bonnes choses, de moins bonnes, de non-dits aussi, vous savez, ces silences qui tuent bien plus que les mots. Un mot, c’est con, c’est banal, on y colle un sens et l’autre en perçoit un autre, simplement par ce même mot peut évoquer telle ou telle chose, selon le parcours qui nous a initié au vocabulaire concerné, selon le temps, selon l’humeur, selon le ton, la tonalité, l’intonation, la rapidité d’exécution, selon le contexte, bref, c’est selon…. Mais dans un dialogue, si un mot trouble vient troubler le sens, alors on peut rebondir dessus, arrêter l’autre, demander explication et faire en sorte que les ambigüités se lèvent. On peut aussi laisser filer le mot parce qu’on a compris le sens, celui qu’on a bien voulu comprendre, et s’enfermer dans un mutisme qui n’a de bon que de gagner au « celui qui parle le premier a perdu ». Oh, vous pouvez sourire, et c’est tant mieux, le bon mot est là pour cela, mais revenons au contexte, un silence, à la place d’une demande d’éclaircissement, c’est une rupture du dialogue, un fin de non recevoir, une déconnexion, et un abandon, mais un abandon non-dit, on saute du train en marche, ou se fout de l’autre, et on fuit. Combien de fois cela est-il vécu ? A contrario, combien un dialogue se trouve enrichit, éclaircit par le fait qu’une incompréhension est tracée, un éclaircissement demandé, et de ce fait, l’orateur peut ainsi moduler son vocabulaire pour rester dans une zone de compréhension mutuelle ? On peut s’amuser des mots, jouer des sons, mais jamais des gens, jamais laisser des fausses compréhensions mettre en danger ce qui est, ces liens simples, amitiés ou amour, qui paraissent si banals et si dérisoires en vertu des grands catalogues accessibles sur le net où on croit qu’il suffit de cliquer pour passer à autre chose, à quelqu’un d’autre. L’être humain n’est pas objet, le considérer comme tel c’est se considérer bien mal aussi. Ma passion des mots m’a appris bien des choses, j’ai fait bien des découvertes, mais les plus belles sont dus aux incompréhensions générés et dénoncées, car elles m’ont appris que si les mots ont un pouvoir, ils ont des sens cachés, des sens interdits, des sens connus et des sens inconnus. Apprendre l’autre, c’est apprendre à parler tout comme apprendre le parlé de l’autre.

Tout au long de mes pauses manuscrites, j’ai peu parlé de moi, non pour cacher, il n’y a rien à cacher, par pudeur plutôt, par saturation aussi de se raconter, parce que bien des choses n’étaient pas digérées, prêtes à être expulsées, parce que pour se raconter il faut une ambiance, une confiance dans l’autre et une confiance en soi. Certains se raconte facilement, d’autres ont besoin de temps, moi, j’ai besoin d’écoute, de confiance et de temps, parce que marre des courtes relations, parce qu’assez des fausses amitiés. On a pu me le reprocher, soit, je l’admets et le reçois comme tel. Mais il est plus facile de reprocher que de chercher à comprendre, à rassurer, à apprivoiser. Il est loin ce temps où le temps sentait bon, où on savait prendre le temps, apprendre à se connaitre, bâtir un ilot de confiance ou chacun venait déposer ses confidences. Le monde moderne est en mode rapide, on vit vite, on choisit vite, on mange vite, on consomme vite, et on jette vite. Comme j’ai pu l’écrire souvent, j’ai toujours foi en la vie et en demain, j’ai toujours eu confiance en la vie, sauf une fois, ma foi s’est éteinte, et l’envie de quitter ma vie est venue. Début d’une nouvelle ère, début de mise en texte, début au lieu de fin, l’image est jolie, la vie reprend toujours le dessus. Je vis, et j’avance, j’arrive au point de non retour, celui du décollage, celui où l’on quitte la piste, on perd toute notion avec le sol, on change d’adresse pour un ailleurs en tout plein de dimensions. Alors voilà, bientôt se termine l’histoire, bientôt l’ailleurs, le changement d’adresse, clôture et soldes de tout compte, je plongerai dans votre oubli, tout en naviguant vers d’autres cieux. L’envie est profonde. Il y a eu pas mal d’attaque ces derniers jours, pas mal de choses dures. Un boulot qui disparait, dans une non reconnaissance totale, une mise à l’écart par simple non acceptance des repreneurs, me voilà paria au bureau. Bon, ce n’est qu’une case dans le méandre des organigrammes, mon nom disparait d’un côté, il sera ailleurs bientôt, le 1er novembre. Tiens, mais c’est férié au fait ? Me serais-je fait arnaquer ? lol, non, c’est ainsi que marche la mécanique bien huilée de nos sociétés. Un coup de torchon sur une très belle histoire, sans explications, des amitiés qui s’étiolent et oublient qu’elles supportaient mal elles-mêmes l’oubli, un besoin d’air nouveau, frais, pur, sur un horizon neuf, dans un monde nouveau. Je sais qu’on ne construit pas sur du sable, je pars chercher la roche, dure, solide, celle sur laquelle je bâtirai ma vie. Il n’y a rien a regretter, juste remercier tout ce joli monde qui fut acteur tour à tour des presque 45 ans d’une vie de cabosses et de rires. Remercier, parce que par chacun j’ai appris, parce que par chacun j’ai compris, parce que tout fut beau, si ce n’est sur l’instant, ce fut dans les leçons tirées. J’ai appris sur l’humain bien plus qu’en des années de psychologies, des exemples concrets, du vécu. L’humain est un diamant aux multiples facettes, toutes ne sont pas lisses, et les plus brillantes ne sont pas toujours celles que l’on croit.

Voilà, trois textes, non pas un testament, je n’ai rien à léguer, le bruit du vent et des vagues ne m’appartient pas, et tout comme les mots, chaque oreille sait ou non percevoir ce que le vent raconte, ce que la vague crie, nous possédons tous des sens, nous les développons chacun différemment, c’est aussi cela la richesse de l’humain. Je me suis souvent senti martien, mais au fond, c’est parce que sur cette terre je n’ai pas trouvé beaucoup d’humains véritables, du moins, pas dans la dimension que j’attendais. Le temps approche de tirer ma révérence, de vous saluer bien bas, vous souhaiter bonne route et tout plein de bonheur. Ici s’achève le parcours, mon parcours. Lisez, oubliez, vivez, et surtout, prenez soins de vous. Je vous embrasse. D.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

bien triste ton texte mais toujours les mots les plus justes et la réalités des "pauvres" gens. pauvres de par leurs existences bien mornes et tordues

Anonyme a dit…

Bonne route et prends soin de toi

L'auvergnate

Anonyme a dit…

Que ce nouveau départ apporte tout ce que tu attends.

La licorne

Anonyme a dit…

Je ne sais pas ce qu' il se passe Une nouvelle vie tant mieux ! Bon vent et bonne chance ;-)