Cris écrits

Cris et cris, écrits et cris, ainsi va la vie. Tout d’abord, pour revenir et clore définitivement une parenthèse, ce n’est pas parce que j’ai changé de vie que je tourne la page, mais bel et bien parce que je tourne la page que je change de vie. Chaque chapitre, chaque page a sa saveur, l’odeur d’amendes amères ramène à quelques poignées de souvenirs qui s’en iront à la brocante des inutiles. Le sens unique, le manque de respect, l’outrecuidance du jeu des pseudos sentiments auront sonné le glas d’amitiés peu franches. Ainsi meurt la vie, le roi est mort, vive le roi ! Un cri comme un autre, serons-nous royaliste aux prochaines élections, je n’en sais rien et n’en ai cure, ce n’est pas à courte portée qu’il faut posé le regard, mais regarder au contraire bien loin la ligne d’horizon, et si la rue crie, et si la clameur monte, ce n’est pas l’opposition qui ferait différemment, nous sommes à la fin d’un système que nos yeux de râleurs et de grévistes invétérés refusent de voir, et surtout, nous empêchent d’avancer, de faire contre proposition, d’opposer l’idée plutôt que la force, la démagogie plutôt que le blocage. Combien d’entre nous comptent leur budget, sou après sou, prennent des mesures radicales, échelonnent les paiements, étalent les dettes pour boucler le mois ? que serait-il si au lieu de cela, de prendre des mesures budgétaires concrètes, réalistes, en adéquation avec les moyens et les dépenses, ils se mettaient à bloquer leur système, à manifester, à casser, à se répandre ? Les comptes seraient-ils plus justes ? Les poches rempliraient-elles mieux ? Non, j’en suis sur.

Soyons clair : Je ne défends pas les choix actuels, et je ne fais partie d’aucun parti. J’essaie de comprendre la souffrance des gens, pourquoi ces choix plutôt que d’autres, et j’avoue surtout en avoir marre de donner pareille image à nos voisins étrangers, d’un pays de grévistes, de défilés permanent, de blocages ou plutôt de prises en otage. Ce matin, l’accès à l’aéroport était bloqué. C’est marrant n’est-ce pas ? Et la pauvre famille qui prend un avion pour le deuil d’un proche ? Et la personne qui ne peut atteindre son lieu de rendez-vous et rate ainsi une consultation médicale ? Est-ce que vous croyez que ça gêne le gouvernement ? ça les empêche d’aller vaquer à leurs occupations, fussent-elles laborieuses, sportives ou autres ? Mais il y en a ras le bol de faire chier son monde parce que ceci ou cela ! Et les étudiants, les lycéens, les collégiens qui suivent, moutons innocent aptes à sécher les cours plutôt que de plancher sur un système qu’il est temps de reprendre et de disséquer pour en huiler les rouages et permettre à la machine de mieux tourner ? Sécher les cours avant les vacances, brûler des poubelles, blesser grièvement une des leurs, détruire un collège, mais où va ce pays ? Il y a quelques années, le Canada traversait pareille crise, mais où en est-il aujourd’hui ? Après des mesures radicales, une volonté d’avancer, une acceptation de serrer la ceinture, le pays a retrouvé une dynamique des plus intéressantes. Bien sûr il y a eu de la casse, bien sûr il y a eu des leurs, des grincements de dents, mais encore une fois, comment faisons-nous lorsque le mois est trop juste ? On serre la ceinture, on diffère les achats, les dépenses, on entame les réserves, si ce n’est les conserves sur l’étagère ou le congélateur, ce sont les réserves de graisses, ne souriez même pas, cela arrive à plus qu’on ne croit, il n’est pas que des nantis sur cette terre, bordel, ouvrez les yeux ! Qu’avons-nous fait ? Nous sommes passés de 39H à 35H de boulot hebdomadaire, parfois 32H, sans perte de salaire, et….sans manifestation, non ? Dans un sens ça passe mieux que dans l’autre, il suffit de savoir caresser dans le sens du poil, c’est cela, non ? Aujourd’hui, on rallonge, non pas le temps hebdomadaire, mais le temps d’une vie au travail, de quelques années alors que notre alimentation, la réduction de la pénibilité au travail, les progrès de la médecine ont fait que notre durée de vie a bien plus augmenté, parce que notre système ne marche plus, où plutôt, ne marchera plus. Les chiffres actuels sont bons, mais demain ils seront caducs, la faute à un actif pour 1,1 retraité, pyramide des âges, prolongement de la vie, augmentation de la production. Gouverner, c’est prévoir, diviser pour régner, voilà les maitres mots d’un ballet politique où ce ne sont pas les noms ni les individus qui priment mais la mécanique bien rodée qui fonctionnait déjà du temps d’avant la république, la lecture de la biographie de Louis XVI le démontre, le bon roi fut guillotiné pour rien, nos monarques sont interchangeables tous les cinq ans, mais la misère progresse quand même et la richesse double à chaque fois. Quand aura-t-on conscience de notre rôle, de notre devoir de proposer plutôt que rejeter, de discuter plutôt que de se taire, de faire front avec courage plutôt que de faire front dans l’anonymat de la foule, pour casser, détruire, enliser, bloquer et se tirer une balle dans le pied déjà bien meurtri ?

Je suffoque de voir ce pays disparaitre, de ne pas comprendre comment personne ne voit les manœuvres électorales, l’étau se refermer sur nous, de perdre toute considération de nos voisins, et si cet été un troupeau de 23 chèvres a pourri le maillot frappé du coq étoilé des gloires de 1998, aujourd’hui des troupeaux de moutons vont piétiner leurs propres prairies, défigurent nos valeurs, nos fondements, et si les cris des manifestations n’ont lieu au final que d’asseoir une quelconque représentation syndicale mise à mal par les lois de 2008, ce n’est pas aujourd’hui qu’il fallait conspuer, mais se battre en ce temps-là. Un cri pas écrit, dans un pays qui se meurt, étouffé de trop de bonnes chères, mis à mal par des régimes auquel la plupart ne comprenne ni tenant ni aboutissant, juste qu’il faut aller brailler parce qu’un roi, parce qu’un président….. La république, la res publica de son étymologie, la chose publique de sa traduction….. Au fait, peut-on bloquer les autres et aller faire tranquillement son plein ou bien dois-je changer ma pancarte ? Non ça va, je suffoque, je crie, mais je vais bien…. Il parait qu’il y a pire ailleurs ? On doit donc se réjouir du malheur des autres, oublier que regarder vers le haut c’est vouloir évoluer, chacun son combat, chacun ses drames, chacun ses larmes, chacun ses armes, la mienne est au poignet.

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