Flash-back

Quelques mots, un retour sur une vie, une sorte de flash-back, un regard neuf posé sur des années vieillies, un regard porté loin, tout au bot de la vie, ce seul bout qu’on connait, le début. J’ai déjà écrit sur mes jeunes années, mais le regard d’aujourd’hui est différent, plus mur, plus serein, plus détaché des choses de ce bas monde. La mémoire est liée aux images noir et blanc de l’album photo qui rassemble péniblement les souvenirs d’enfance, car issu d’un temps où l’on ne mitraillait pas à tout va, surtout dans les milieux modestes dont je suis issu et fier de l’être. Une photo pas du tout en sépia, avec le majestueux cirque de Gavarnie derrière, ce sont durant ces années de mes premiers pas, que j’ai respiré l’air des montagnes entre Cauterets et Gavarnie, aux faveurs des cures paternelles, aux faveurs des balades familiales. Est-ce de là que sont nées ces envies de gravir et la Brèche de Roland et le Vignemale ? Je ne sais dire, mais ce sont bien les deux seuls sommets qui m’attirent et nous verrons plus tard qu’ils sont désormais vaincus. Ces coins des Pyrénées, ces sapins fiers et droits, cette eau jaillissante de partout, ces montées, ce furent mes premières limites de petit homme, ou plutôt, de petit d’homme. Mes parents n’étaient pas randonneurs, le gène a grandi tout seul, plus tard, lorsque nous avons connu la joie d’avoir une maison secondaire dans le piémont d’Ariège, dans un temps révolu ou les enfants pouvaient courir sans crainte des voitures et d’autres pédophiles, triste époque que la notre, jeunesse actuelle, je ne vous envie pas surtout lorsque je repense à toutes mes courses en solitaires au travers des collines et des hameaux. Entre les deux, il y eu l’océan, violent, fougueux, majestueux, logés en caravane, expédition à travers le Gers pour atteindre les landes, et le camping qui aujourd’hui encore me sert de base pour mes virées régénératrices. Années d’apprentissage, des copains au gré des années de vacances, les baignades dans le Boudigau où aujourd’hui je n’oserai trempé l’orteil, le vélo, toujours, les joies de l’insouciance de l’enfance. Puis la rupture, on quitte la maison, ma maison de naissance, pour une villa bien loin de là. Déraciné, hors de chez moi, loin des copains, me voila parmi ces gens que je ne connais pas, dans cette classe qui se connait très bien depuis la maternelle et qui, dureté de l’enfance, rejette plutôt qu’intègre. Voilà qui forge le caractère, peut-être pas de la meilleure manière qui soit, mais c’est ainsi que j’ai grandi, traversé tout cela, des souvenirs doux, agréables, d’autres un peu plus abstraits, puis le temps du lycée, le monde des presqu’adultes, ceux qui voudraient mais qui ne sont pas, ceux qui osent juste quand c’est facile. Le temps du boulot, des boulots d’été aussi, un mois de nettoyage, gros nettoyage dans une grosse entreprise, puis des semaines entières à vivre et à encadrer des enfants, entre jeux et malices, leçons et travaux, un plaisir toujours.

Et puis vint la vie qu’on appelle active, comme si avant on ne foutait rien, juste que là, on commence à cotiser de partout et pour tout, alors, on devient actif surtout pour les taxeurs. Et puis le logement, époque bénie et révolue ou l’achat même risqué était possible, et grâce à la bienveillance de mes parents j’ai pu mettre un toit sur ma tête. Et puis le temps des fleurs, celui des flirts, celui des pleurs, celui des doutes, celui des heures vides, et puis, au bout d’un montagne, au cours d’une rando, il y a la petite voix qui parle et qui dit : « tiens, tiens, et si c’était elle ? » Et puis les choses se sont mis en place, dans une ronde entre deux bout de terres, deux vies, deux adresses, des compromis, des parcours communs, vie trépidante qui un jour s’arrête parce que la ronde est finie, parce qu’il faut quitter la piste, parce que la magie est éteinte. Et s’en vint la colère, mauvaise conseillère, et s’en vint les doutes, d’avoir fait une erreur, et s’en vint l’aigreur de s’être trompé de vie, et s’en vint l’envie de quitter la vie. Fin de l’acte. Rappel. La lumière brille et il fait jour, le monde vacille mais je suis en vie, je rencontre un monde, certes virtuel, mais on y écrit des textes, on en discute, on y échange, une sorte de forum populaire et bon enfant, où des destins se croisent et se lient. Discussions appuyées avec plusieurs personnes, de celles qui encore aujourd’hui font parties de mes amitiés les plus anciennes, exception de celles du cercle de mes études, et une, qui sans pouvoir le prévoir, puisque non libre, puisque très loin. Mais voilà, allez comprendre comment Cupidon joue de la flèche, cette personne là est soudain devenue très chère, indispensable au point que tout bascule, une fin d’un côté, un début de l’autre, une installation commune et enfin, le sentiment de vivre la vie tant espérée. Hélas, les dieux sont parfois farceurs, la folie reine, et les éclats pas toujours en chocolat. Erreur et horreur, combat et violence, et la vie bascule, et le monde disparait sous les jambes flageolantes. Retour à la case départ, pseudo relation de quelques semaines qui encore s’enivre d’une triste folie, puis le printemps éclaire à nouveau la vie, une vie commune, avec des enfants, un plaisir, des joies, le temps de réaliser que la formule n’est pas la bonne, la relation existe mais pas pour cela, des liens restent tissés, très forts et très complices, mais basta.

S’ensuivirent des bouts d’histoires, juste des introductions, des faussetés, des erreurs, jusqu’à rencontrer le plus que parfait, l’harmonie complète, la joie entière, la vie où tout glisse parce que c’était toi, parce que c’était moi…. Patatras, le manège s’arrête, pourquoi ? Question sans réponse, trop fait trop peur, ou bien….. Peu importe, retour à tout à l’heure, une adresse, un toit, un célibat, une envie de vivre avec en même temps un ras le bol de la vivre ainsi cette chienne de vie. Je rajoute le boulot, qui soudain s’arrête, de quoi repartir sur autres choses. 2010, année de changement, nouvelle adresse, nouvelle auto, nouveau boulot, je vais clore aussi bien des chapitres, bien des relations trop superficielle de ma vie, je n’attends plus rien, je vis, je respire, j’ai assez donné de mon temps, de mon énergie pour vaincre des combats qui n’étaient pas les miens, pour qu’enfin je m’accorde et mon temps, et mes envies, pour qu’enfin je partage avec qui saura partager, sans y être dévoré. Alors bye bye ancienne vie, trop de faux, trop de tricheries, trop de mensonges, bonjour à ma nouvelle vie, et c’est ainsi que je serais.

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