Premières pluies

Premières pluies d’automne sur une nature assoiffée, les arbres se débarrassent de leurs feuilles asséchées pour ne pas mourir par manque d’eau, étrangeté de la vie végétale qui s’ampute pour survivre, et l’homme dans tout son aveuglement crois voir par les feuilles au sol, le signe d’un automne arrivé. Il en est de même pour tant de signe, aveuglé par nos propres œillères, par notre vision des choses, on ne voit pas celui qui souffre, cette main faiblement tendue vers un appel au secours si faible que le brouhaha d’un monde agité empêche d’entendre. L’homme crie, mais la folie de la vie ne peut faire entendre les mots si simples donnant l’alerte. Mais pourquoi donc a-t-on cessé de voir ? Mais pourquoi donc a-t-on cessé d’entendre ? Mais pourquoi donc a-t-on cessé d’être humain ? Au nom de quel principe, au nom de quel assouvissement, au nom de quel espoir l’individu s’enferme dans son individualisme, renforce son rôle de consommateur, prend, jette, chasse, dévore et se repait avant de repartir vers de nouvelles conquêtes, oubliant le plaisir de bâtir à deux, de construire une vie à partir de deux, de lutter ensemble, d’avancer unis ? Notre société a transformé l’Homme en un consommateur individualiste, se développant dans l’égoïsme qui lui fait massacrer les siens pour exister, les relations ne sont plus qu’à but utilitaire, je te prends pour ce que tu m’apportes, mais si tu as besoin, oublie-moi. Tellement vrai, tellement usant, les liens sont tissés dans des fils si fragiles qu’on ne peut les éprouver sous peine de rupture. Et quand bien même ? Quel est l’avantage de garder un lien aussi fragile ? A quoi bon donner si un jour dépourvu, personne ne sait donner ne serait qu’un peu de chaleur ? L’hiver n’est pas encore là que déjà nos vies s’emmitouflent et se ferment dans leurs cocons, se croiser, parler, se rencontrer devient difficile, encore plus lorsque la discussion a été remplacée par une vision personnelle de la relation, croire plutôt qu’entendre, imaginer plutôt que confirmer, tout est repli sur soi, au détriment de l’autre. L’égoïsme est le cancer du monde moderne, et au vu de sa fulgurante progression, nous voila proche de l’incurabilité. Pourtant, la guérison est possible, l’éradication envisageable, à condition que chacun œuvre, car même si les temps changent, et même si nous ne pouvons qu’être meilleurs que les générations précédentes sous peine d’accidenter gravement notre égo, l’union fait toujours la force, la conscience de chacun doit œuvrer et déjouer les pièges trop facilement tissés. Comme l’arbre qui perd ses feuilles pour survivre, nous devrons perdre notre égoïsme pour vivre, penser qu’il faut équilibrer les pensées, débattre et engager la discussion, oublier de présumer ce qui n’est pas, s’appuyer sur ce qui est pour ne point se leurrer ni leurrer les autres.

Au-delà des mots, les maux ne sont pas les seuls qui doivent attirer et générer l’attention. La vie, dans toutes ses facettes, mérite bien des mises en lumière, bien des éclairages, bien des attentions pour briller encore mieux, toujours plus. Comment vaincre s’il n’y a pas la mise en place d’une stratégie de victoire ? La discussion encore une fois est au cœur non pas du problème mais de sa résolution. Sans échange, que serait la vie ? Une monotonie sans nom, un jour sans saveur, difficile à imaginer. Et pourtant, combien s’imaginent pourvoir imaginer leur vie sans imaginer un seul instant que leur conjoint puisse penser autrement ? Combien se nourrissent de fantasme sans penser un seul instant que du rêve à la réalité il puisse y avoir un fossé ? L’échange, la discussion vraie, permet de se retrouver ou pas, sur des positions communes, de sortir de la zone trop importante des non-dits, de se donner les moyens entiers, sincères et réels de vivre pleinement le présent, dans une même unité de pensée, une communauté de pensées devrais-je dire plutôt, car ce n’est pas la pensée unique qui est recherchée mais bel et bien l’atteinte d’une vision commune, résultat de débats, d’écoute, d’entente, de discussions, c’est là la base de tout ensemble, groupe, couple, binôme ou autres associations, sans mettre en commun les idées, sans les peser, les discuter, les opposer, comment trouver le fil conducteur, comment trouver le point commun qui unit et rassemble ? Nous sombrons dans une facilité qui nous fait fuir le dialogue, de crainte de conflit, mais sans conflit, quelle vie aurait-on ? Il ne faut pas confondre conflit et violence, on peut discuter dans le calme, on peut sortir d’un conflit sans violence, mais en aucun cas on ne doit fuir l’occasion de s’enrichir des idées des autres, fussent-elles opposées aux nôtres, en aucun cas on ne doit refuser de débattre de ses idées, il n’y a point de salut dans la fuite, bien au contraire. Soyons nous-mêmes, acceptons d’exposer et de s’exposer, brisons nos routines, oublions qui nous étions pour être qui nous sommes, poursuivons la longue évolution de l’être humain et ne cessons jamais de comprendre que la liberté des uns s’arrêtent où commence celles des autres, que notre monde est un monde partagé et donc, de partages, dépenser son énergie à critiquer ce qui est fait ne permet pas d’avancer, par contre, participer, donner de son exemple, prendre partie, débattre, se bouger donnera l’allant qui manque à montre monde moderne. Alors ? Victimes ou coupables ? La question est-elle là, ou plutôt dans notre implication à faire bouger les choses ? Rester sur le quai n’aide pas à avancer, prendre le train à marche, participer à la prise de conscience, aider à relancer la machine, combattre la violence, la notre, celles de nos enfants, de nos parents, de nos proches, c’est réussir petit à petit, par essaimage, à calmer le jeu puéril et destructeur qui anéantit toutes les couches de notre société, depuis la cour d’école jusqu’aux cours des cité, gangrène de violence ou des gangs en graines profitent de notre complaisance pour détruire et au final, se détruire. A chaque abris bus détruit, c’est un jeune qui se détruit. Sans limite, sans référence, comment peut-on exister, comprendre et avancer ? A chacun d’entre nous d’agir, il ne sert à rie nde rire si c’est pour pleurer demain….

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