Encore combien de temps

Encore combien de temps faudra-t-il avant que les hommes prennent conscience de leur bonheur ? Encore combien de temps faudra-t-il avant que les hommes prennent conscience que leur bonheur passe par eux-mêmes, et non comme étant un dû de la part des autres ?

Encore combien de combat faudra-t-il pour éveiller les sens ? Pourquoi est-on solidaire un jour, opposé le lendemain ? Pourquoi est-on ami un jour, amant un soir, ennemi après ? Quelle est l’utilité de la haine sinon une ancre dans le passé ? Nous n’avons qu’une vie, détachons les liens d’hier car ils nous empêchent d’avancer, ils sont autant de lests qui empêchent de décoller vers l’avenir, notre avenir. On ne rejoue jamais la vie, on ne recolle jamais la vie. La vie, c’est comme ses méduses qui s’échouent on ne sait pourquoi sur les plages de ce bel océan, quelque chose de tendre, mou, gélatineux qui vous prend dans ses tentacules, vous pique jusqu’au sang puis une fois que c’est fini, se désagrège sur le sable ocre par une belle journée d’été automnal. A chaque fois on se relève différent, on se gratte, on pleure les morsures passées, on jure de ne plus s’y faire prendre et on plonge à nouveau dans les eaux troubles de nos vies sans vouloir y voir clair, juste l’envie de s’enivrer encore et encore. Dans toute cette faune il y a les proies et les prédateurs, parfois deux prédateurs s’unissent, se dévorent et combattent jusqu’à épuisement de l’un d’eux ? Parfois ce sont deux proies qui tentent de panser leurs plaies, croyant que l’union fait la force mais la force contre quoi ? Alors, il y a la proie et le prédateur, la prédation et la pitance, l’union improbable de l’Elfe et de l’ogre, la dialectique des combats, la passions des compromis, l’acte de bravoure, honnis soit qui mal y pense !

Un jour, un sourire, un matin, un délire, un soir, une émotion, chaque minute de nos vies est ponctuée d’émotion. Serions-nous nous-mêmes si nous n’étions pas émotion ? Peut-on vivre insensible ? doit-on mourir sans avoir connu l’émotion intense ? Que sera demain et quand sera demain ? Hier fut si doux qu’aujourd’hui est une feu qui renait des braises, mais cette flambée de joie peut-elle être annonciatrice de grands feux de joies à coup sûr ? Pas si sûr ! D’ailleurs, serions plus heureux de connaitre l’avenir par avance ? On connait tous notre avenir, mais après coup, et c’est mieux ainsi. Cesserait-on d’aimer parce que les annonces de lendemains différents sont là ? Pourquoi ne pas s’asseoir au chaud chez soi en attendant des jours meilleurs annoncés ? Depuis combien de temps le monde tourne-t-il ainsi ? Que serons-nous demain si nous ne sommes pas déjà nous aujourd’hui ? Cessons de geindre, de rêver, le monde des contes de fées est naïf mais non réaliste, ouvrons les yeux, le monde des adultes demande d’être adulte, la tête sur les épaules, les pieds sur terre, on avance que si on veut avancer, la clé n’est utile que si l’envie d’ouvrir la porte est là. De tous les animaux l’homme est celui qui a le moins évolué, trop sûr de lui, il a même régressé. La faute à qui ? Mais à nous même, grands dieux ! Alors, regardons-nous bien en face et cessons de voir l’idéal pour se nourrir de réalité, sachons apprécier les défauts des autres et surtout, reconnaitre les nôtres, ce sont les échecs répétés qui font progresser, pas la chance, ni la naïveté de croire en soi sans se soucier d’être en paix avec soi-même.

Les dernières journées furent belles, chaudes et rassurantes, mais le nombre de feuilles a terre ne peut annoncer que l’automne, il est bien trop inhabituel. La tempête a soufflée mais avant elle la sécheresse a fragilisé les systèmes biologiques, et nous ne voyons, come d’habitude, que les conséquences sans comprendre les maux les ayant générés. En bonne médecine occidentale, on va donc soigner les conséquences et sortir les balais à feuilles. Les orientaux préféreront traiter la cause première du mal, qui, même si elle ne ramassera pas les feuilles déjà à terre, permettra à l’arbre de parsemer nos plates bandes de ses ornements colorées pendant encore de longues années. Qui a le plus raison ? Celui qui ramasse les feuilles un jour et tronçonnera demain ? Ou celui qui ramassera les feuilles après avoir pu jouir du repos ombragé durant de longues années ? Le proverbe chinois dit : « quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». Soyons fous, perdons notre temps à regarder la lune et soigner les causes premières du mal présent, le temps passé à cela n’est pas perdu mais au contraire, il sera fructifié en des années de bonheurs. Mieux vaut-il un bonheur fugace aujourd’hui ? A chacun ses envies, celui qui pense, panse des plaies plus profondes que celui qui agit vite. Notre monde se meurt de superficiel, il faut apprendre à donner du temps au temps, nous le cueillerons au centuple, dès nos lendemains.

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