Vivant

Et voilà, le cap des 10000 lecteurs est passé. Pour l’anecdote, c’est samedi matin que le compteur a tourné, affichant le nombre tout rond de 10000 à la connexion d’un anonyme lecteur… Me connectant juste après, j’ai vu le 10001 s’afficher… Petit moment de fierté pour ce blog, mon blog sans prétention, recueil de modestes écrits, traités intraitables de sujets non traités, histoires et déboires, textes simples, délires, et autres tentatives de poésie… Petit plaisir simple, joie simple d’une vie simple ou presque… Petit éclat de lumière dans des heures parfois ténébreuses, mais la vie est là, bien là, et reprend toujours le dessus. 10000 lecteurs en un peu plus d’un an, c’est assez sympathique !

Alors ? Quelle sera la suite ? Voyons, voyons… Que pourrais-je dévoiler ? Y aura-t-il une suite ? Des suites ? Des suites de mots qui composent les phrases, des suites de phrases qui composent les textes, des suites de textes qui composent le blog, tout est à faire de suite, quand à le faire de suite, là, il n’y a qu’un pas que je franchirais pas, car ce n’est pas le pas qui compte, mais la main, à moins de considérer que j’écrive comme un pied, ce qui est parfaitement possible, mais, comme je n’ai aucune prétention dans mes écrits, cela n’est qu’affaire de jugement personnel et ne me trouble pas… Le tout pour écrire est d’avoir l’inspiration nécessaire, l’envie d’écrire et le temps… Il y a longtemps que je ne me suis installé en terrasse de café, stylo et cahier à proximité pour laisser noircir les pages au gré des passants, au gré des vagues aussi sur mon bord d’océan. D’autres fois, c’est assis sur le sable d’une plage sauvage, dans ces doux moments de recueillement, loin d’être des replis sur soi dont il faut à tout pris communiquer la teneur de la pensée à des fins d’analyse psychologiquement décodable, non, plutôt des ces moments d’introspection, de ces pauses dans une vie trop rythmée par un tempo pas toujours voulu, de ces respirations physiques et psychiques, nécessaire à la bonne oxygénation du cœur et du cerveau, du moins chez un sujet tel que moi. Je me languis de ces retrouvailles avec l’océan, avec ces odeurs iodées, avec ce sable ni fin, ni grossier, avec ce paysage d’abandon et désert si près de l’agitation urbaine. Bientôt, viendra ce temps-là, bientôt à l’écart du monde, à l’écart de l’agitation, à l’écart de la vie trop palpitante de ces temps-ci, j’irai m’asseoir sur la grève et je laisserai voguer mes pensées au gré des flots chargés d’écume et, qui sait, les pages se rempliront…

Respiration nécessaire pour oxygénation et régénération, congés annuels, je prendrai congés du blog un petit bout de temps. Nouvelle vie, nouveau départ, tout cela viendra après, les choses se mettront en place naturellement, logiquement, presque instinctivement. La vie trouve toujours sa place. On a coutume de dire que l’eau c’est la vie, et bien, la vie vient de l’eau, et comme elle, se faufile partout, dans la moindre interstice, contournant le grain de sable qui un temps freine son cours pour ensuite le faire disparaître en le désagrégeant. La vie est comme ça, elle contourne les grains de sables, finit par les désagréger et les faire disparaître pour poursuivre son cours, son long cours. J’ai cette vision du temps ou enfant j’étais chargé par mes parents d’arroser le jardin à la raie. Le tuyau d’eau glissé dans une jambe de pantalon pour ne pas raviner la terre meuble, envoyait son jet puissant dans la rigole creusée entre les plantes potagères. Parfois, une motte de terre venait briser le cours rapide de l’eau, le freinait, puis à force d’être imbibée, se désagrégeait et libérait d’un seul coup la force contenue en amont. C’est cette image que j’ai de nos vies. Un flux qui coule limpide jusqu’à l’obstacle à son cours, un obstacle plus ou moins rapidement digéré pour poursuivre le cours, son cours, à la différence que contrairement à la rigole creusée, la vie circule comme bon lui semble, ou plutôt selon le chemin qu’on lui trace, et non selon un tracé déjà gravé dans un destin dont on ne ferait que relire les lignes écrites à l’avance. Soyons nous même et traçons notre vie, écartons les grains de sable et laissons couler la vie que nous avons dans nos veines, vivons notre vie sans attendre un quelconque destin, le destin, nous l’avons entre nos mains et nous seuls en avons la clé. Rien n’est jamais écrit à l’avance, la vie est notre bien le plus précieux, notre richesse dont nous sommes les seuls à maîtriser le cours. Alors, en avant marche, cessons d’être attentiste et prenons notre destin en main. Le seul destin qui soit écrit s’appelle une biographie. Elle est souvent posthume, alors ne comptons pas lire la notre, écrivons-là !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis très interrogatif, et pour tout dire circonspect sur cet aspect, ce "débouché" « philosophique » de ton article. Un article qui, du reste, ne manque ni d’attrait, ni d’intérêt…

Je m’interroge sur le sens que tu donnes au mot « destin », lorsque d’un côté tu estimes qu’il ne faut guère l’attendre et de l’autre que l’on a la clé. Doit-on par là penser qu’il n’existerait pas extérieurement à nous et que, résolument, c’est à nous qu’échoit l'unique rôle de le façonner ? Au centre de cette question s’inscrit la différence fondamentale entre la fatalité qui nous rendrait victimes et le destin sur lequel on l’aurait une influence, une contribution. Mais de mon strict point de vue, il s’agit non d’une emprise, mais d’une simple prise : si l’humain avait toutes les cartes de son destin dans ses mains, l’on peut croire qu’il se façonnerait à sa guise et serait finalement son propre et unique dieu… L’expérience – le vécu – montre hélas que la réalité est fort différente : vouloir n’est guère pouvoir ! Face à son destin, l’homme dispose certes de marges de manœuvre plus ou moins étendues selon sa quête mais quels que soient son intelligence, sa dextérité, sa lucidité, sa volonté ou ses atouts, une partie de son cheminement à venir lui est et lui restera toujours obscure. Nonobstant son courage, sa volonté et ses ressources, il est et restera infailliblement condamné au « fais ce que tu peux et advienne que pourra ».

Postuler que nous sommes les seuls à maîtriser le cours de notre destin me semble porter une empreinte narcissique évidente. C’est croire que l’extérieur n’a ni une place, ni une influence déterminante. Mais qui sommes-nous ? Sinon un creuset d’influences, de rencontres, d’expériences… le produit d’un croisement – une copulation ? - d’une hérédité et d’un environnement. La réactualisation du soi est permanente car nous sommes en constante mutation, évolution ou régression selon le cas. Etre soi ? Certes… mais notre identité est mouvante, mobile, ambulante en fonction de notre confrontation aux autres. Se claquemurer ou s’insulariser physiquement ne suffit guère à faire de notre solitude un isolement au niveau mental ou des affects. L’autre et soi ne sont guère étanches ; si le soi peut se penser sans l’autre, il ne peut se panser et se définir qu’avec l’autre, qui lui donne à la fois substance et sens. L’on ne peut guère sensément parler de maîtriser son destin puisque l’autre, en soi, y intervient… Prendre son destin en main ? Oui mais s’en avisant !