Du haut de la dune...

Ombre et lumière, toujours ces choses en oppositions qui se complètent pourtant et qui même se complémentent pour exister, car l’une n’existe pas sans l’autre. A l’heure ou la mode est de maximiser les points communs pour atteindre soit disant l’harmonie, nous oublions de regarder la nature qui depuis des milliers d’années nous montre la voie. Tout résonne et fonctionne autour de la dualité. La nuit répond au jour, le clair à l’obscur, la vie à la mort, toutes ces choses aussi différentes, opposées, que complémentaires et même imbriquées, comme l’ont si bien représenté nos amis asiatiques dans leur symbole du Yin et du Yang.

Et si nous avions tout faux ? Croire que pour réussir sa vie, il faut chercher son double plutôt que son complément ? Croire qu’il faut à tout prix que les autres soient à notre image pour que les relations fonctionnent ? De la différence naît la discussion, génératrice d’échanges, source de progression, pour l’un comme pour l’autre. Choisir la facilité et le confort de la ressemblance, est certes reposant et réconfortant pour un départ mais laisse plus de place au surplace qu’à la progression. A contrario, chercher la parfaite opposition, la dissonance la plus grande, ne facilitera pas le début ni peut-être même la suite de la relation. Ou se situe donc la voie à suivre ? Difficile à dire et aucun manuel, aucune étude ne vienne argumenter, peser tel ou tel choix. Il n’y a pas de juste milieu, simplement une étendue à parcourir, et, comme lorsque nous gravissons la dune de sable, le chemin tracé par les pas des autres s’efface sous le sable ruisselant, nous montrant par là même, que plutôt que de vouloir suivre à tout prix les traces des autres, il convient d’ouvrir sa propre voie, de gravir la pente mouvante en posant nos pas là ou nous ressentons de devoir les poser. Chacun sa voie, cette voie qui couper d’autres voies, faisant là pour quelques mètres, quelques longueurs, une voie commune ou les pas sont parallèles, se dissocient puis s’associent de nouveau, le temps que chacun retrouve la voie qui convient à son rythme, à son pas. Est-ce si grave ces quelques pas s’éloignant de nos pas, du moment qu’ils finissent par se rallier, sous l’inflexion de l’un ou de l’autre, parce qu’à moment donné nous n’avons pas le même rythme, le même souffle, la même vision du chemin à parcourir ? L’essentiel est le but à atteindre et surtout le but atteint. Peu importe le chemin parcouru, entre le point de départ et le point d’arrivée, je peux même dire le point de vue, puisque le but premier était de gravir la dune… De ce point de vue là, l’essentiel et d’y être ensemble, et même si nos regards scrutent différemment le paysage dans ses trois dimensions, le but fixé est atteint et c’est là une belle chose.

En se retournant, on devine nos pas sur le sable, ces deux chemins à peines creusés, sillons tendre qui ne demandent qu’à s’effacer et disparaître sous la brise légère et la coulée de sable. Ces deux chemins prennent des courbes différentes, se rejoignent, s’unissent, se séparent, s’éloignent pour recommencer inlassablement cet entrelacs de pas là et même de pas las, parce qu’à gravir la dune, plus on monte, plus les pas deviennent las. Je me souviens de la dune de Pyla et là, je dois bien avouer que mes pas étaient las, de gravir ces derniers mètres là, tout en haut de Pyla… Mais je m’éloigne du sujet, normal, puisque j’ai pris de la hauteur, tout là haut, en haut de Pyla… Justement, en parlant de hauteur, ces chemins zigzaguant différemment, nous les voyons là, parce que nous sommes tout près, mais si nous prenons un peu de hauteur, si nous nous éloignons un peu et cessons d’être terre à terre, si nous survolons les débats ou plutôt les pas, tel un oiseau, un vautour guettant l’épuisement des marcheurs affrontant par ces chaleurs caniculaires l’immense tas de sable qui s’enfonce à chacun de nos pas, ces traces, qui tout à l’heure nous semblaient désunies, ces traces se rapprochent au fur et à mesure que l’on s’élève pour finir par ne plus être perceptibles ni percevables, le lien disparaît, seuls restent visibles les zones de départ et celle d’arrivée. Et si comme l’oiseau, vautour ou moineau, nous prenons du recul sur nos itinéraires, si au lieu au lieu d’être comme la fourmi qui se fait toute un montagne d’un simple écart entre deux pas creusés dans le sable, ou même si au lieu d’être comme nous sommes, des humains, ces êtres si supérieurs et si exceptionnels qu’on se demande pourquoi le créateur à laisser vivre d’autres espèces, si nous nous élevions de ces grains de sable qui recouvrent le chemin pour ne plus voir qu’un point de départ et un point d’arrivée, alors notre vision de la vie en serait tout autre que celle qu’on veut bien se donner. A qui bon toujours chercher le grain de sable et enrayer la machine ? A quoi bon vouloir à tout prix mettre nos pas dans ceux de quelqu’un d’autres ? A quoi bon surtout vouloir que l’autre marche dans nos pas ou du moins dans notre trace ? L’essentiel est bien de gravir ensemble la montagne, d’atteindre ensemble le sommet, de se retrouver là-haut, tout là-haut pour contempler le point de vue. Enfin, c’est bien là mon point de vue ! De plus, assis là-haut, nous pourrons disserter des écarts de parcours, dialoguer des choix qui ont fait prendre tel ou tel repli du terrain, s’enrichir de la stratégie de l’autre, comprendre ses choix sans les contraindre, non pour se les appliquer, sauf pour l’envie de les tester ou parce qu’on est convaincu par les explications, encore moins pour imposer les siens, simplement parce que de la différence naît le dialogue et du dialogue naît l’enrichissement…

Alors ? Pourquoi continuer à chercher la similitude ? Pourquoi vouloir à tout prix gommer les différences ? Vous n’en êtes pas convaincu ? Ce n’est pas grave, là n’est pas mon but. Profitez-en quand même pour aller gravir la dune du Pyla. Je vous assure le point de vue est superbe, surtout au coucher du soleil…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bon ok Je veux bien la gravir cette dune Arriver au sommet Il n' y aura qu' une paire de pas de toute façon. Et méditer au pourquoi du comment Qu' est-ce qui fait que.... Peut-être un jour pas à pas, main dans la main Les yeux dans les yeux, sans être envahissants pour autant, sans vouloir modeler.
Ah si il y aura les paires de pas de mes enfants. Ah ! ceux-là par contre Il s'éloigneront sans doute un jour, mais le lien sera toujours vivace ! Non mais.... !