Histoire d'eau

Il fait si beau que le ciel transpire à grosses gouttes ! Cela faisait si longtemps que nous n’avions pas connu ces épisodes pluvieux, qu’ils nous semblent d’un seul coup interminables et tristes. Bien au contraire ! L’eau c’est la vie, comme on dit justement, puisque chaque molécule d’eau accueille la vie sous ses formes les plus infimes, bactéries gentilles ou méchantes, porteuses ou non de maladies. Toutes les maladies naissent et arrivent par l’eau, sauf peut-être la cirrhose, ou alors, c’est plus long…. De l’eau, naît la maladie la plus longue, qui se révèle mortelle : la vie. Je ne dis pas que vivre est mortel, non, ça, c’est affaire de chacun et si certains préfèrent s’ennuyer et rendre mortelle leur vie, cela les regarde, mais à la base, la vie est bel et bien une maladie mortelle qui s’attrape à la naissance, avec un temps d’incubation et de développement propre à chaque individu. L’eau, source de vie, l’eau nécessité absolue, futur objet de toutes les convoitises, lorsque l’homme aura finit par épuiser les gisements de ce précieux liquide.

L’eau, c’est aussi l’élément de base, celui qui lie les autres molécules, et qui en décide de la consistance par sa seule proportionnalité. Malgré les recherches des plus éminents scientifiques du globe, nous n’avons pas encore réussi à obtenir de l’eau en poudre. Tout se dilue dans l’eau, mais dans quoi diluerait-on l’eau en poudre ? On traque sa présence ou les indices de sa présence jusqu’aux confins de l’univers, bien plus que d’autres éléments, d’autres matériaux. Cet élément fluide, se glisse et s’écoule partout, on arrête le feu, mais on regarde passer l’eau. Suivant son débit, on la craint, ou on la souhaite, elle tombe du ciel, descend des montagnes, modèle les paysages en des formes variées, par ses forces variées. Falaises rongées, méandres creusés, canyons profonds, ou encore célèbres bénitiers, tout est griffe de l’eau, bien plus signataire des beautés de ce monde que l’homme qui le parasite. On a coutume de dire que la planète est en danger, c’est faux ! C’est la présence de l’homme sur la planète qui est en sursis. Comme il fut pour les précédents occupants, nos ancêtres dinosaures, notre espèce disparaîtra par sa faute ou bien par un rebond salutaire de la terre, laissant sa place à un autre successeur, qu’il soit rat, mouche, ou autres amibes. A chacun son cycle de vie. De l’eau naît la vie, on peut même dire que la vie naît de l’eau de là…. Il y a donc bien une vie dans l’au-delà ? Il faut croire ! Croire à une vie au-delà…. Décidément, la pluie mène à tout ! Que voulez-vous, on ne se refait pas et je ne peux m’empêcher de jongler avec les mots, même cette eau du ciel n’arrive pas à noyer mon moral ! Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, je n’en ai cure, je vis, je ris, je souris à la vie, dans ses moindres gouttes d’eau, fussent-elles de pluie ou bien de sueur, l’essentiel est bien là, non pas dans la sueur, ne me faite pas suer, non, dans la vie, car la vie est un bien joli trésor, car la vie est uniquement ce qu’on en fait. Vivre chaque jour comme s’il était le dernier, songer que le passé est passé, que le futur est bien futur, et que le présent est un présent bien présent dont il nous faut savoir jouir. Vivre et laisser mourir, bon, ok, ça fait très 007 mais bon, c’est de saison… En parlant cinéma, le dernier est pas mal, beaucoup plus dans la lignée de Casino royale, que des précédents opus, épuré des nombreux gadgets des seventies, comme une sorte de retour aux sources…. Vous voyez, on y revient ! Tout coule de source, les faits, les choses comme l’eau….

Enfant, je me régalais à boire cette eau fraîche et pure qui jaillissait en petit volcan des profondeurs de la terre, ou bien qui gouttait lentement entre les mousses au vert profond. Cette eau était pure, rafraîchissement cueilli au creux de la main lors d’une course à travers bois. Je me souviens que parfois, lorsque nous arrivions le samedi à la maison familiale, nous partions, mon grand-père, mon père et moi, rectifier le parcours de ces ruisseaux capricieux, enlever les branches et les pierres qui en déviaient le cours, assurant ainsi la seule alimentation en eau du hameau ou nous habitions. Les années ont passé, l’eau est arrivée au robinet, l’entretien des ruisseaux c’est espacé et aujourd’hui, je cherche sur mes parcours les sources de mon enfance, celles-là qui chantent encore dans ma mémoire, celles-là même qui sautaient de cailloux en cailloux, irrigant les pierres moussues, abreuvant les oiseaux, les biches ou les nobles cerfs, celles-là même qui représentaient des fleuves dans mon imaginaire de petit garçon, lorsque j’y jetais des bouts de bois, bateaux à la chaotique navigation, emportés sur les tourbillons de l’onde. Aujourd’hui, les traces de leurs passages ont disparu, tout au plus, quelques pierres arrondies par l’érosion liquide pourraient témoigner qu’au fond du talweg était un ruisseau. Aujourd’hui l’eau, même là-haut dans mes bois, n’est plus potable, et quand je pars en randonnée, c’est de l’eau enfermée en bouteille, de l’eau de la ville que j’emporte avec moi…. Drôle de vie, drôle d’époque.

C’est ainsi, simple constat, pas même amer, il est des choses du passé qui n’ont plus cours au présent, et nous sommes présents, acteurs du présent, préparateurs du futur, notre vie est ici et aujourd’hui, et elle est, elle reste et elle devient ce que nous en faisons. La source est en nous, et c’est à nous d’en dicter le cours. Chassons les pierres, ôtons les branches, creusons le sillon qui deviendra son lit, ou bien laissons la s’écouler comme bon lui semblera. A chacun sa méthode, à chacun ses envies, c’est selon. Le ciel est bas et gris, tant pis pour lui, c’est ainsi qu’il le veut, soit ! Moi je vis en bleu et or, qu’importe le temps, soleil ou pluie, chaleur ou froid, pour moi il fait toujours beau, et ça, ce n’est pas du pipeau. Et si vous n’aimez pas la pluie, songez un peu à la vie qu’elle transporte. Regardez un peu la nature, l’herbe déjà, en verdit de plaisir.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les pluies de maintenant feront les belles fleurs du printemps !

Didier a dit…

Oui, c'est bien vrai ! Vive l'eau !