Aude, Alaric ou Ode à l'Alaric

Toi qui pour moi ne fut longtemps qu’un panneau en bordure d’autoroute,
D’un rapide coup d’œil je ne t’avais associé comme image qu’un désert de cailloux,
Quand un jour une ensorceleuse, me prit et me fit découvrir son pays : Moux
D’un premier abord, je ne vis qu’un village, aux maisons alignées le long de la route.

Soit; Ensuite on m’amena te découvrir et en tes flancs, je fus ce jour là baptisé, initié.
Ce fut une révélation et aussi un regret de toujours avoir roulé sans jamais s’arrêter.
Aujourd’hui à mon tour, je suis baptiseur, parfois explorateur, parfois chercheur,
Pour mieux faire découvrir tes richesses, les partager toujours avec bonheur

En un temps déjà ancien, le poète l’a dit : »ce pays dont l’ombre est un besoin »,
ce pays, car pays s’en est un, Alaric et ses fils, chaque village en est un.
De son clocher chacun perçoit une facette, parfois se blottit en son sein
Montagne nourrice, montagne protectrice, a son tour elle en a besoin.

Regarder ne suffit pas, il faut la savoir aimer. Parcourir, gravir ou déambuler
Chaque pas, révèle un secret. Souvenirs de chasses, instants volés,
Souvenirs fugaces d’un enfance ou les courses s’y faisaient par nécessité.
Aujourd’hui, pèlerinage ou promenade, simple marche mais jamais corvée !

Si le soleil brûle la terre rouge du sentier qu’on envisage,
c’est pour apprécier la fraîcheur de l’ombre des buis
Jouant à cache-cache avec la lumière mais aussi le paysage
Comme pour mieux nous perdre et sortir de la nuit

Château Saint Pierre, prieuré Saint Jean, Saint Michel de Nahuze
Autant de lieus bénis ou de la pause et la vue on abuse
Parcourant le sentier, gravissant la montagne,
Découvrant un paysage changeant et plaisant

châteaux émiettés, prieurés ruinés, chapelle oubliée,
Ce que l’homme a bâti, la nature le ravi, le défait
Les vents parfois turbulents, ont lentement descellé
Les pierres autrefois dressées et patiemment alignées

Bénitiers, cavités, outrages du temps ou beautés révélées ?
Sans cesse des idées de balades, sans cesse renouvelées
Le décor évolue, dans la plaine par la main de l’homme,
Plus haut la patine du temps, de l’hiver à l’automne

Dans Moux endormi nos pas résonnent, suivant du GR le balisage
Mais est-ce bien utile quand on connaît si bien le chemin ?
Pourtant l’œil cherche tantôt les deux traits de sang et de nuage
Tantôt le signal et le but de la course, tantôt les rangées de raisin

Four à chaux, Théron, Château Saint Pierre, Métairie de Vidal
ou fontaine des joncs, les lieux défilent de la carte au terrain
bientôt la lumière plus forte chauffera des buis noirs le dédale
ou nous nous enfoncerons jusqu’à rejoindre la piste, le chemin

Encore un effort, encore un décor, contemplons le saouclé
Au grés des saisons, la flore émerveille : Ail molly, tulipes,
Jonquilles, ciste, fritillaire, orchidées, lavande, se développent
Dans un berceau odorant de thym, de romarin, simplement respirer

Observer, regarder, la vie qui nous entoure, la flore, la faune,
En couches superposées : les maisons autour du clocher
Les vignes autour des maisons, ponctuées d’oliviers argentés
La montagne et ses trésors, jusqu’aux cris d’un aigle qui résonnent

Si des groupes bruyants te gravissent, parfois haletant, parfois en sueurs,
Coupables nous le sommes, car nous aimons à te faire partager


Je t’ai parcouru, découvert, appris, explorer même parfois
Quittant les chemins balisés pour ceux plus intimes de traverse
Ou mieux encore, suivre l’animale sente qui dans la combe verse
Puis repart à l’assaut et nous mène goûter à ton panorama

Alaric, plus qu’un lieu, plus qu’un endroit, plus qu’une montagne
Alaric, héros mythique ou lieu mythique, il est vrai que tu gagne
Alaric, à être connu, à être reconnu, à être parcouru, à être aimé

Alaric, toi qui sait dévoiler tes richesses à ceux qui veulent t’aimer

Alaric, jamais je n'oublierai

3 commentaires:

Anonyme a dit…

par hasard je savoure votre poème si vivant à cette terre si austère que j'ai découverte , enfant, il y a longtemps et que je redécouvre avec la même force chaque fois

Anonyme a dit…

Une Aude ode remplie de souffle et de vivacité
j'aime énormément l'Alarice qui a inspiré de grands poètes
merci et félicitations
jeanne

Fabienne a dit…

Maintenant que mes pas ont foulé quelques kilomètres de cette région, ce texte me fait écho. Des mots dont les "visages et leurs teints fleuris" -à moins que ce soit le thym fleuri-, me remémorent les traces empruntées. Chemins qui m'ont ravi et qui ont éveillé des curiosités.
Merci pour nous avoir fait partagé ce "tableau"