Le blues et la bluette

Le blues et la bluette

Un bluesman ayant chanté tout l’été
Se trouva bien fatigué à l’automne né
Il avait beau cultiver sa voix éraillée
Elle ne tenait plus les notes élevées.

Mais que vais-je donc devenir ?
Je suis chanteur et non émir
Un chanteur quelle poisse, sans voix,
Voilà qui m’angoisse et me laisse coi.

Certes, si la voix hurle, se tût, turlututu
C’est une autre petite voix qui s’émue
Enfin libérée des accents rocailleux
Elle poussa un contre ut joyeux

« N’as-tu donc de talent que la voix ? »
Dit-elle, vaillamment, «et tes doigts ? »
Reprit-elle, enhardie «non mais des fois ?
Crois-tu qu’ils comptent pour des noix ? »

« Ma foi, c’est vrai » réalisa-t-il
« Ma guitare, leur répond, docile
Et sans la voix, je ne suis pas en péril »

« Et puis encore ? Tes mots
 Ne doivent-ils être que chantés
 Pour nous ainsi enchanter »

« C’est vrai, pourquoi n’y ai-je moi-même pensé ?
Ces mots sont mots, qu’ils soient sons ou silence
A défaut de les chanter, je peux bien les tracé
Et par écrit, ils voleront aussi, je m’y lance »

Et c’est ainsi que par un matin d’automne,
Le blues devint bluette comme personne,
Et s’il n’y a ni son, ni accent, ni rythme,
Les mots eux jouent en syllabe le rythme. 

 

  


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je chanterai bien ces belles paroles moi. Sur un air de blues, ce serait bien...
Superbe, bravo
Natacha