L'aube bleue

Ex… Expérience, excusez-moi, expectative, exhaustivité, extérieur…. Suite de mots pour suite de maux, langage du corps lorsque le langage du cœur a pris trop de tangage et si l’on se sent devenu extérieur à l’histoire au fond, tout ceci n’est que très intérieur. Etrange voyage au gré des pas, au gré des mots, au gré des pensées, mais pas que. Hier s’enfuit parfois longuement, lentement, beaucoup plus lentement qu’on ne le voudrait, peut-être au fond parce qu’essayer de faire rimer toujours et jamais s’avère être une gageüre sans nom. Plus de nom. Non. Au sortir de l’hiver s’en fut un joli printemps, aux doux parfums et aux tendres fleurettes, senteurs enivrées qui vous font tourner la tête et vous laisse vous envoler vers ces pays magiques dont on prétend qu’ils sont au-delà des sept cieux. Alors le printemps explose en été, il fait chaud, il fait bon, il fait très bon et l’on vit, et l’on rit, et l’on jouit des nuits chaudes, des nuits courtes, des jours de feux, des brasiers intenses dévorant la vie. Et puis l’été s’en va, et puis l’été s’enfuit, et puis l’été devient passé, il était, il n’est plus, place à l’automne. Le roi est mort, vive le roi disait-on autrefois, l’été est mort, vive l’automne, et tant pis si la cour change, les favorites s’en vont, s’esquivent et s’envolent vers d’autres contrées plus chaudes et plus plaisantes, les jours devenus bien courts deviennent aussi plus frais, plus froid, l’automne est là, enfin presque, encore quelques jours, encore quelques heures, encore quelques silences et quelques absences.


A l’automne d’une vie, la peau épaisse et plissée n’est qu’un parcours à embûches pour les perles de pluies dont les yeux se débarrassent, malgré soi, rivière intermittente des amours intermittents, elle coule à petite dose et cette eau brûle encore plus les yeux rougis. C’est un château qui s’écroule mais ce n’est qu’à ce moment-là qu’il dévoile sa fragile construction faite de cartes, des cœurs rouge de plaisirs, d’autres qui se tiennent à carreau, d’autres noire de trèfle et d’autres enfin plus épiques qui piquent un peu beaucoup les yeux. Certes, les jours sont plus courts mais ils restent inconsolables jusqu’à vêtir de blanc la noirceur des nuits sans étoiles. Qu’elles que soient les raisons, lorsque la danse s’achève, le cavalier plonge dans le noir de sa case. Les larmes ont beau essayé de faire luire quelques lueurs dans cette noirceur, ce n’est que peine perdue sans pour autant que la peine soit perdue tout à fait, sans qu’elle soit pendue haut et court à jamais. Hier ne sonnera plus jamais, aujourd’hui est triste, vide et froid, naissance d’effroi pour le futur à poindre.  Il est las. Il erre, triste hère de tristesse en tristes esses, il balance ses pas à gauche et à droite, une danse sans transe, méthodique mélodie déroulant ses notes dans son seul cerveau, vide et résonnant sans raison, comment pourvoir encore raisonner lorsque tout vous abandonne ? Mais pourquoi diantre toutes les questions s’appellent pourquoi ? Pourquoi le comment n’est jamais enclin à s’avancer et à prendre part à la discussion ? Questions lancinantes, pire qu’un interrogatoire de police où le juge est l’accusé, où sans cesse s’en revient la litanie des « nom, prénom, âge et profession », les souvenirs pas encore sépias mais déjà blancs ou noirs. Il danse. Dans sa tête. C’est un tango aux accents puissant tranchant comme des lames, c’est une valse aux hésitations, c’est un rock si métallique que les tripes explosent de douleurs et empoignent le corps pour lui crier d’arrêter. Arrêter. Fuir. Disparaitre. Disparates solutions dont on ne voit que la facilité de l’absence sans savoir les douleurs qu’elles cachent, normal, elles sont tapies dans l’ombre, silencieuses, muettes, prêtes à mordre. Il était mordu, il est mort sans elle, il plonge et songe, il reboucle sans cesse le même film, les même épisodes, les éclats de rire, de joie puis les éclats de voix, la limite fragile entre le paradis et l’enfer. Allez, juste une larme. Une larme ambrée aux accents si forts et si puissants qu’aussitôt c’est la terre lointaine, c’est la tourbe, les bruyères, les ajoncs, les landes désertes. Allez, juste une larme. Une larme soyeuse, chaleureuse qui bientôt brûle le gosier, tonique, majeure elle secoue les papilles, dilate les pupilles, arrache une quinte de toux avant de plonger dans les abimes froides en réchauffant les parois. Allez, juste une larme, cette chaleur l’enivre, lui rappelle son printemps, lui dessine son été, cette larme et puis d’autres le fond plonger dans des sommeils profonds mais inconfortables, et ces larmes au fond lui tirent d’autres larmes, celles-là même qui lui brûlent les yeux, estompent la réalité d’un brouillard assassin, décidément, que cet automne se présente mal, mais de quel hiver va-t-il donc accoucher ?



La flamme vacille, s’étiole, s’éteint. La lune toute petite, éclaire les brins d’herbes humides. La tête est lourde, le chagrin  ne se retient plus, il pleut au cœur de la nuit. Il pleut pour balayer les nuages, vider les mauvaises eaux et noyer les maux. Il coule de source, et de ces eaux naitra bientôt l’aube, la belle aube bleue…

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