Bien sûr


Bien sûr il y eut la colère,
Ce sentiment d’être trahi,
Cette peur d’être solitaire,
Partir sans fin vers ton oubli

Bien sûr il y eut le désarroi,
Comment peut-on comprendre ?
Il y a de quoi en perdre la foi
Et des larmes à revendre

Bien sûr il y a l’entourage
Tricot aux mailles relâchées
Mais les mots de courage
Ne remplacent pas tout à fait

Bien sûr il y a l’absence
Ce vide froid immense et gris
Ce temps glissant en vacance
Sur l’absence d’une vie

Bien sûr il y a l’abandon
Ce coup au cœur sournois
Il vient et frappe cupidon
Brise la flèche d’un mort bois

Bien sûr il y a les larmes
Il n’y a pas d’âge pour être orphelin
Il n’y a pas d’âge pour être sage
Tout cela n’est que chagrin

Bien sûr il y a la vie
Dans ceux qui restent et qui survivent
Dans ceux qui pleurent et qui espèrent
Vivre malgré toi n’est pas un oubli

Bien sûr il y aura des rires
Bien sûr il y aura du vide
Bien sûr il y aura des pleurs
Bien sûr il y aura des fleurs

Bien sûr nous serons proches
De tous ceux qui sont ici-bas
En entendant ces tristes cloches
Et ton départ vers l’au-delà

Bien sûr le temps semble s’arrêter
Mais il file à grande vitesse
Sans qu’on ait pu le stopper
Sur le temps d’avant tristesse

Bien sûr tu dois bien rire
De nous voir tous pleurer
De voir notre inutile ire
De ton départ avec regrets

Bien sûr tu nous observe
Nous sommes tous orphelins
D’une épouse, d’une mère, d’une grand-mère
D’un temps au fond pas si loin

Bien sûr tu nous conseilles
Et tu rattrapes nos erreurs
De ces leçons restées en veille
Des choses non dites par pudeur

Bien sûr tu dois bien rire
Lorsque la casserole accroche
Ou qu’on oublie la poêle à frire
Piètres apprentis en devenir

Bien sûr tu dois mieux respirer
Sans cette vie qui t’a étouffée
L’âme sans le corps s’est étirée
Et sur nous s’en vient souffler

Bien sûr, je pourrais encore écrire
Des tas de choses qui me viennent
Des tas de choses et de sourire
Mais ces choses-là sont aussi tiennes

Bien sûr il y a toujours la place
Celle d’être ici et là
Celle d’être en bonne place
Celle d’être avec foi

Bien sûr je te pardonne
Enfin, pas tout à fait
La fin qui trop tôt sonne
Ne peut être acceptée

Bien sûr il est trop tôt
Bien sûr il est trop tard
Bien sûr partie si tôt
Bien sûr compris si tard

Bien sûr … mais pas si sûr
Au fond, de quoi peut-on être sûr ?



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