R.I.P.


Il est des jours comme ça où les nouvelles semblent irréelles, non pas qu’elles soient trop belles, non, bien au contraire, simplement parce qu’on ne veut pas de cette réalité-là. On ne veut pas mais on ne décide pas, et c’est là un vieux sujet de discussion entre nous, vieux sujet dans une relation pourtant fort jeune lorsque je cueille au calendrier du temps les épisodes de notre temps. Pour autant que je me souvienne, c’est une histoire de bulles qui réunit nos rires et nos plaisanteries, une pause-café d’un matin de randonnées, à Limoux et, en comité restreint de joyeux initiés à quitter la première boulangerie venue pour une place tranquille, tes origines champenoises taquinaient les bulles de notre blanquette. Humour, rires, taquineries, c’est en cela que se sont vécus randonnées à pied ou en raquettes, passions partagés mais non vécues ensemble de la course à pied, de la 2cv, de la chanson, des photos, des dessins et des écrits, sans cris, parfois tout de même quelques incompréhensions qui méritaient discussions parce qu’il était très dur de se fâcher avec toi et tout simplement de se passer de toi. Joviale, rigolote, un brin naïve mais pas du tout dans le sens négatif, je pencherai plutôt pour un rythme à contre temps dans un esprit très riche où fourmillaient milles idées, ce qui parfois peut faire passer pour rêveuse mais jamais pour endormie. Et ces 2CV dont tu voulais faire une monture quotidienne, croisant les annonces, me transmettant les faire-part pour en faire sortir les pièges, et quand les cours ont grimpés ce fut acadiane ou dyane mais pas pour tout de suite, plus tard, d’autres projets, d’autres achats, d’autres finances…. Ma mienne étant en chirurgie esthétique, j’ai patienté de long mois pour la récupérer enfin et depuis quelques jours elle se remonte, pièce après pièce, colis après colis pour qu’enfin je puisse t’amener à son bord et trouver le temps de poser la discussion. Là, la vie en a décidé autrement, sur une autre route, une autre rencontre, mortelle. Assourdissant, terrifiant.

De tout, je ne veux garder que les rires, les grands yeux étonnés, la fraicheur d’esprit et l’esprit tout court. Au travers de cela, je vous demande de ne pas attendre, de ne pas remettre à plus tard ces moments de convivialités, d’échanges, de levées de doutes, parce qu’il est parfois trop tard, parce qu’il est toujours trop tard.

Ce soir, mes pensées silencieuses voguent vers cette zone hors du temps, hors de nos vies, pour y trouver la connexion et les mots désormais silencieux.

 Au revoir Isabelle.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Continu d'avancer ami, mes pensées t'accompagnent dans ces moments difficiles.

Natacha.