Soufflez et jouez !


Après la pluie, le beau temps…. Lendemain d’élections ? Présage d’un avenir plus rose ? Ou simple souhait de voir revenir ce beau temps de mars si peu connu en mars, d’abord pour s’en délecter lors des futurs week-ends, puis aussi pour mesurer l’ampleur des dégâts au jardin. Le froid de février laisse des traces brunes que le vert éclatant du printemps tarde à relever de son acidité, du coup, c’est moi qui suit acide et non assis à contempler pousser les feuilles. Patience. Même le muguet est lent, fort lent cette année, de tendres pousses sortent de terre, semis naturel ou propagation racinaires, c’est une colonie qui envahit les abords du camp où je l’avais contrainte. Point de clochette hâtive, peut-être pour le premier mai ? Les nénuphars sortent la tête de l’eau, petits ronds rouges dansant aux vagues de l’onde secouée par les vents, c’est la saison nouvelle d’une plante aux fleurs horlogères, cycle solaire qui dicte sa floraison, repos nocturne, malgré le chant des batraciens. Côté des plantes méditerranéennes, c’est plutôt le marasme, les oliviers sont déplumés, l’arbousier bruni car la froidure a mordu, les thyms et autres estragons tentent de nouvelles feuilles, quand aux néfliers, à défaut de fruits cette année, c’est toujours ce spectacle de la vie qui y sied : les feuilles vert tendre poussent dehors des vieilles feuilles au bronze éteint. C’est toujours un spectacle le jardin, et grâce aux saisons, il déroule un jeu différent d’année en année, des mises en scène étonnantes, des rebondissements surprenant, des leçons de choses et des leçons de vies, y-a-t’il plus belle école ?

La nature est reine et maitresse, elle enseigne ses leçons, jamais fatiguée, jamais avare, elle affiche à ses tableaux des couleurs, des odeurs, des sons, symphonies pour nos sens interdits devant tels spectacles à moins de s’interdire de les voir, à moins de refuser d’y prêter attention. Voir, apprendre, lire dans ces lignes offertes, et même si la page est triste, de cette tristesse naitra la vie, le c’crépuscule d’un jour n’est que l’aube du suivant, question de temps. La disparition d’un végétal, la mort d’une branche, d’un arbre entier, offre la nourriture, fournit l’essence et devient le terreau ou naitra d’autres êtres, de mêmes espèces ou bien différentes, au gré des vents, aux soins des oiseaux, et pour nous autres pauvres urbains, aux rythmes des jardineries…. Vivre, mourir, donner vie, protéger, servir de tuteur, nourrir, tel est le cycle. Alors oui, il a fait froid, très froid, longtemps, de façon inattendue et  rarement connu, mais l’averse est passée et même si les frimas sont encore assez farceur pour blanchir la campagne comme ce matin, c’est vers demain et la chaleur des lendemains que se bercent nos vies, nos envies, nos attentes. Après une vague bleu marine, sombre, trop sombre, le ciel sera bleu et les lendemains plus roses, il faudra bien que ce temps cesse, trop gris, trop morose, ne perdons jamais de vue que le ciel toujours est bleu, même caché par les nuages, mais c’est ainsi, on préfère regarder les nuages que le ciel au-dessus, Confucius disait : « Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt », il y a toujours un premier et des arrières plans, à quoi se figer au devant du décor, cherchons donc à approfondir nos vies, regardons plus loin de la fumée qui masque trop souvent la belle flambée.

Allez, il est temps de rentrer, la nuit tombe vite en ces jours pas très clairs, patience, mais c’est aussi l’occasion de profiter encore du foyer, la lumière d’un feu reste toujours un spectacle majestueux, et par-dessus les lumières, les crépitements du bois qui claque une dernière fois, sonne le tambour des beaux jours et redonne la joie, rappel des crissements sous la semelle épaisse des souliers lors des escapades en forêts, souvenirs de châtaignes gonflées à s’en exposer la panse, parfois en traversant le salon, images, odeurs, rires, sourires, parfums d’enfance, d’âge adulte, mais au fond, grandit-on un jour ? Nous restons toujours des enfants, la magie n’est jamais morte, elle sommeille et ne demande qu’un déclic pour se réveiller, ne laissons jamais nos yeux se rider, nos cœur durcir, nos larmes s’assécher. Il n’y a pas de vie sans sentiment, il n’y a pas de sentiment sans vie. Indissociables. Ne fermons jamais l’armoire des émotions, c’est là que les mots sont, là que dorment les rires et les pleurs, les ires et les fleurs de nos vies…. En sommeil, pas éteintes, juste qu’il suffit de souffler sur les braises doucement pour qu’éclate à nouveau le feu qui réchauffe, le feu du partage, la lumière de cette belle et douce flambée….. Soufflez et jouez !    

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