Un petit tour autour des gorges du Verdon, l’occasion
d’aller se dégourdir les jambes sur nos belles terres occitanes, au soleil de
la Provence, enfin, ce soleil de Mai encore bien timide voire même parfois
humide, mais il fait si bon marcher et profiter de ces trésors de nature aux
couleurs si extraordinaires dans ce temps où pourtant l’ordinaire et le normal
semble être la mode à suivre. Une eau verte, une verte eau qui semble avoir
donné le nom au Verdon, cette rivière tumultueuse qui a su percer la roche pour
y creuser un lit profond, un canyon nourrissant la joie d’une grande faune de
sportifs et de visiteurs, grimpeurs, randonneurs, rafteurs, kayakistes ou même,
pêcheurs. Suivant les guides et les explications, la couleur de l’eau est née
des sédiments, du fluor contenu ou bien d’algues microscopiques, toujours
est-il que là où la prose se trouve à sec pour traduire les choses, les eaux
vives s’en viennent égayer les pupilles et donner un sens qu’il convient de
vivre et de ressentir plus que de lire et d’imaginer. Dans ce paysage de roc et
d’eau, en des altitudes plutôt plus élevées qu’on ne le penserait mais il est
vrai qu’on est en département des Alpes de Haute-Provence, le climat favorise
les plantes du maquis méditerranéen les plus résistantes. Ici, point de romarin
mais par contre, des thyms et des serpolets aux senteurs puissantes qui me
rappellent étrangement les pas accomplis en Crète, des aphyllantes frêles se
groupant en bouquet violet, sans senteur particulière mais suffisamment
farceuses pour ne révéler qu’avec parcimonie leurs belles couleurs mauves aux
capteurs trop pointus de nos appareils photographiques numériques. Les lavandes
botaniques ou lavande vraie côtoient les lavandins, les épis ne sont pas encore
de sortie certes, mais les feuilles trahissent l’espèce, tandis que des
anémones pulsatilles blanches éclairent le gris du sol, et si le regard perce
encore, ce sont de toutes petites plantes carnivores qui jouxtent des joubardes
renaissantes sous des genêts flamboyants.
Les éléments eux-aussi ont sculpté la roche, découpant
les contours, donnant encore plus de profondeur au décor. Par une première
balade, ce sont les Cadières de Brandis qui furent désignées comme premier
objectif. Mais qu’es aco les Cadières ?
Le provençal dans son évolution régionale de la langue occitane a ainsi
transformé nos « Cadièra » à moins que la francisation soit passée
par là ? Bref, ce vocable traduit la forme de « chaise » des
dits rochers, chaises qui, si elles n’ont pas besoin d’être rempaillées, ont
perdu de leur splendeur et de leur forme dans les évolutions et les révolutions
géologiques. Au passage, la montée par un chemin plutôt régulier nous permet de
prendre contact avec ces paysages, notamment une vue plongeante sur Castellane,
blotti au pied de son rocher au sommet duquel trône la chapelle Notre Dame du
roc. Encore des pas, des montées à travers les rochers pour se sentir petit,
très petit, fourmi surplombant le vide, et là, en bas, ce ruban vert turquoise
qui serpente et dessine d’une inhabituelle couleur le fond du canyon. Après
s’être délecté les yeux, le retour ravit les chevilles par la descente d’une
rivière de rochers, plus proche d’un chaos que d’un fleuve tranquille. Un
passage sous une énorme dalle posée en appuie contre la montagne de laquelle
elle a dû se détacher rajoute un peu de piquant, avant de reprendre un
cheminement de plus en plus régulier. Retour au col des Lecques puis direction
notre hébergement.
Le lendemain, ce fut le point sublime le but de notre
trajet routier et si Castellane héberge le citromuséum, ce fut un défilé de
tractions, berline légère, familiale, 11 ou bien 15-6 sans oublier deux
splendides cabriolets, qui vinrent nous rejoindre. Le temps d’aller admirer la
vue du balcon, nous voilà à plonger parmi la falaise pour passer le pont et
gravir l’autre rive, goûtant aux embruns dont à la réflexion je crois bien que
le Verdon n’y était pour rien. Encore un balcon, plus naturel celui-ci, encore
des paysages à couper le souffle puis retour par une petite variante.
Le jour suivant, ce fut Moustiers-Sainte-Marie qui eut
notre dévolu. Pays de faïence dont l’histoire se lia à notre région, puisque
pour répondre à la demande, ce furent des artisans de Martre-Tolosane, qui
comme son nom le chante se situe en pays toulousain, qui se firent débaucher et
enseignèrent l’art de peindre l’oiseau, certes dans un bleu différent, celui de
Martre-Tolosane étant déposé. Côté randonnée, elle nous fit gravir le village
perché avant de gagner le maquis puis tenter d’aller toucher le bout de la chaine
qui suspend l’étoile d’or au dessus des maisons. Parcours comme j’aime, parmi
ces plantes et ces sentes familières, un paysage à lire et à parcourir, et là,
je reconnais que le nombre ne le permet pas comme cela le mériterait. Quelques
pas en ville, de quoi écouter chanter l’accent et profiter de cette belle
journée, se régaler aussi des ces énormes platanes qui colorent et ombragent la
place de pierre ocre.
Voici qu’arrive le temps de conclure, et le voyage et
la prose. Que dire ? Faire sa valise prend un sens qui clôt le chapitre,
des tours de golfette pour rapporter au bercail es restes conséquents d’un bar
ayant animé nos soirées, puis quelques pas à la rencontre des sirènes et la fin
d’un rêve…. Non, elles n’ont rien d’enchanteur, bouts d’os enserrés dans la
roche, vitrine d’aquarium, non, je ne comprends pas comment Ulysse eut pût être
tenté de succomber à leurs charmes….. Certes, le temps a passé et il est
l’heure de rentrer. Je passerai donc sur la pluie torrentielle, les bouchons à
n’en plus finir, décidément, il est des retours moins gais que leurs départs.
1 commentaire:
comme j' amerai y être
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