Vie et vérité


La vie est un tourbillon qui parfois nous entraine, parfois nous écume, parfois nous soulève et quelques fois nous noie, un ballotage dans ces eaux chaudes ou froides, chaudes et froides, une plongée sous ses rouleaux rageurs qui jouent de nous comme d’un fétu de paille avant de nous faire toucher le fond, ce fond de sable et de gravier, de bouts de coquillages et de bouts de rêves, ce fond gai et coloré qui transperce notre peau pour en faire jaillir des larmes de sang. Au bout des rêves qu’y a-t-il ? On rêve tous de surfer sur la vague, on rêve tous de soleil, d’odeurs iodées et sucrés comme une huile solaire, mais s’y on ne prend garde à la vie, on sort épuisé de ces combats perdus d’avances, le torse décoré de gouttelettes rosés puis rouge sang, transpirant par de fines écorchures, de fines ciselures, que le sel de l’océan vient aiguiser jusque dans des douleurs lancinantes. Pourtant, qu’il est beau cet océan, combien j’aime y puiser la vie, les forces et les énergies, celles qui me permettent de vivre et d’avancer, celles qui me permettent de soulager, d’apaiser et d’aider à la guérison. Pourtant, il peut-être doux comme un agneau, calme comme un lac de montagne bien à l’abri des vents dans son écrin de verdure, ici, ce sont les pins bordant les dunes qui lui servent d’écrin, c’est la forêt aux secrètes pistes, parcours où j’aime marcher, courir, faire mon footing à sentir cogner mon cœur dans ma poitrine, morceau de terre souple, plage de sable mou, piste de ciment souvenance de la seconde guerre mondiale et de ce fameux mur de l’atlantique aux infinis de blockhaus veillant l’horizon, guettant l’ennemi pour empêcher un débarquement allié, c’est là mon terrain de jeu. Humus, sable, ciment, et rebelote, parcours accidenté au sens agréable du terme, montées, descentes, plats, bien loin de l’ennui, surtout lorsque malgré les écouteurs et la douce voix d’Ayo, le sac et le ressac s’en viennent rythmer ma course, surtout lorsqu’au travers des arbres je perçois l’air plus frais ici, l’air plus chaud là, les odeurs de térébenthine ou bien celles plus sucrées de fleurs odorantes, surtout lorsque j’aperçois, un chevreuil qui hésite en son pas, une palombe se posant sur la piste roucoulant de sa voix grave avant de reprendre son envol.

Comment pourrais-je vivre autrement en ces lieux enchanteurs ? Les festivités qui s’en viennent noyer d’un flot de citadins en mal de festoyer les rues et les places si agréables à visiter hors saison n’ont pas mon intérêt, parce que trop tard, parce que ces fêtes hélas ont perdu de leurs charmes et leurs sens, dans des flots d’alcools, dans des générations trop pressées d’arriver à l’état second, qui choisissent les mélanges les plus hauts en degrés pour plonger dans l’ivresse sans comprendre l’essence même des liesses autrefois populaires. Pressés et supérieurs, le monde appartient à celui qui boit trop, rien ne sert de vomir, il faut se bourrer à point. Triste. Une à une les fêtes disparaissent, noyées dans les effluves des mauvais vins, seules les plus emblématiques gardent le cap, surfent sur la vague tout en déplorant que quelques hommes loin de tomber à la mer, sombrent à l’Adour, ou bien finissent au caniveau. Combien de traditions se perpétuent dans l’ignorance de leurs origines et de leurs raisons d’être ? Comme s’il s’agissait d’un manège, sur lequel on monte juste par jeu. Pourtant, ce qui fait notre richesses, ce sont les richesses du terroir, de nos terroirs, de nos régions, comprendre pourquoi ici on fait cela, pourquoi ici c’est ainsi, pourquoi ceci, pourquoi cela….. On fête Pâques sans savoir qu’aux origines, ces pâques-là étaient des fêtes de passages, et que si on y tuait l’agneau, c’était peut-être bien pour symboliser dans l’agneau qui meurt, l’enfance qui disparait au profit du passage au monde adulte. Notre ère chrétienne vint poser sur ces rythmes païens un autre passage tout aussi symbolique, celui de l’homme au divin, celui d’un monde à l’autre….

Ne pas savoir n’empêchent pas de profiter, bien heureusement, mais j’avoue avoir un penchant pour l’apprentissage, le long apprentissage de la vie, j’aime à connaitre ces choses cachées derrière de biens banales choses de nos vies, j’aime la vie par ces secrets savamment distillés, un peu comme une porte qui s’ouvre et conduit aux tréfonds d’une pyramide, révélant par ses hiéroglyphes l’histoire de ce Roi, de cette Reine, de ces princes, ou bien encore ces découvertes improbables et totalement inattendues, ce soc de charrue renversant des amphores de pièces romaines ou bien encore de mystérieux écrits vieux de près de deux mille ans. Il est temps pourtant que la connaissance soit partagée, il est temps aujourd’hui que ces secrets soient enfin révélés. Nul ne peut détenir la vérité sous clé, le monde ne pourra prendre sa vraie dimension que dans l’apprentissage, le partage, et la compréhension de cela. Il est temps, désormais. 

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