Journée buissonnière

Une escapade le temps d’une journée, une escapade le temps de retrouver ces belles Pyrénées. Un jour à crapahuter, pour le bienfait de la marche, pour se retrouver entre passionnés et encadrant le temps de ce que nous nommons une reconnaissance, c'est-à-dire un passage dans des conditions réelles avant d’y revenir avec les sortants inscrits. Une sorte de dernière répétition pour geler les parcours, voir le temps mis et les évolutions du terrain, tant ces derniers temps nos montagnes ont vu leurs forêts soumises à dure épreuve. Départ au petit matin, le cœur léger mais la tête pleine de doute au vu du ciel bas et sombre qui régnait sur la ville. Qu’à cela ne tienne, le temps d’ici n’est pas le temps de là-bas, jouons gagnant et allons voir sur place ! Une bande de joyeux gais lurons en goguette, à contre sens sur les routes des heureux travailleurs qui s’en vont rejoindre leurs lieux de perdition. Pause petit déjeuner avec vue sur les montagnes reflétant de leurs plaques de neige les rayons déjà chaud d’un soleil radieux, comme quoi il est bon de ne pas s’en tenir aux impressions du matin. Encore quelques kilomètres et nous voici à pied d’œuvre si j’ose m’exprimer ainsi. Séparation après constitutions des groupes par niveau, me voilà à m’élancer pour gravir les pentes des randonneurs les plus rapides et les plus sportifs. Tout près de Nistos, nous attaquons sous le soleil donc et en tee-shirt une petite montée en direction d’un site historique, un lieu ou disparurent tragiquement six aviateurs anglais et leur commandant canadien, dans le crash de leur avion durant la seconde guerre mondiale. L’air encore vif du matin vient caresser l’épiderme des bras encore mal habitués à être dénudés. Moment tranquille de montée à deux, moment de répit dans la vie trépidante, moment de réflexion et de pensées lointaines, souvenirs de cette même randonnée, effectuée pour la première fois et comme première avec ce club dont depuis j’ai appris à connaitre les rouages jusque dans le fonctionnement de son bureau. Souvenirs aussi de premières rencontres avec des personnages haut en couleurs que j’ai plaisir à revoir en d’autres randos ou même dans la vie, certains mêmes sont présent aujourd’hui, souvenir encore d’une première rencontre, d’une jolie page de ma vie, page encore ouverte sur un autre chapitre mais les liens sont présents même si le temps, les vies, les étapes des vies font qu’ils ont parfois un tracé un peu pointillé. Souvenir aussi d’un mémorable brouillard qui donna alors à cette journée des conditions dantesques et une saveur particulière à la raconter. Mais aujourd’hui, il fait beau, je vis, je retrouve une superbe énergie qui me fait gravir les pentes sans sentir la moindre gêne, ni dans le souffle ni dans les mollets. Cimetière de Douly, petit carré souvenir, pierres alignées à l’endroit des corps retrouvés, débris de l’avion, de ceux qui restent des pilleurs, du temps qui fait son œuvre et ronge le plus dur des métal. Emotion de l’endroit, rappel des hommes de l’ombre, des ravitaillement du maquis, des opérations commando, des ces êtres venus mourir loin de chez eux pour délivrer un peuple, un pays qui n’en a pas forcement ni la conscience ni la reconnaissance. Un lieu de mémoire dont les savants de l’IGN ont oublié de noter la présence sur la carte du secteur. GPS en stockage de parcours et de coordonnées, épreuve pratique de longues heures de formation durant nos stages de recyclage. Il fait beau, nous sommes heureux de marcher ici, et moi de vivre ces instant-là et même, de vivre tout court. Après ce même parcours, voilà que les choses se précisent, les autres nous quittent en prenant un itinéraire à plus faible pente contournant le Douly tandis que nous, testeurs sportifs grimpons sans détour par le tracé le plus court ce sommet aux pentes raides. Pas à pas, la pente cède, traversant une forêt nous débouchons sur un champ de myrtilles et de bruyères, cherchant les sentes animales pour poser nos pas, ne sachant pas où poser nos yeux tant les paysages sont superbes, sommets enneigés, carrières à ciel ouvert, et bien sur notre objectif. Encore quelque suées et nous y voilà, le temps d’appeler par radio les autres, nous reprenons la marche à la descente, opération pas meilleure que la montée mais nécessaire pour s’en aller gravir le mont Aspet. Là encore, pente raide et zig-zag à se faire pour l’ascension, pas de chemin dessiné, puis là-haut, encore d’autres panoramas, encore d’autres bonheurs et l’heure de déjeuner tous ensemble, de ces repas ou convivialité est le menu de l’apéro aux desserts, le tout bien sûr dans la modération qui s’impose…..

Quelques nuages se décident à quitter la plaine pour comme nous tutoyer les sommets, et nous voilà à descendre dans une lumière irréelle, de la brume légère courant au ras de l’herbe sous un éclairage puissant de soleil comme dans ces images d’entrée au paradis, sauf que là, nous en sortions. Ayez pitié de nous pauvres pêcheurs, voici venu le temps de la repentance après celui de la pitance. Descente facile et retour sur les pistes de la station, brouillard, petite avalanche à traverser, et un dernier sommet pour nous deux. Le temps est encore clair, nous décidons de le gravir. Montée raide, mais bonne visibilité, mollets un tantinet fatigués, voici enfin le sommet. Las un peu surtout que les nuages épaississent et nous bloquent la vue de la descente…. Après quelques tentatives dans les rochers, nous repartons vers le sommet. Le froid est là, le brouillard désormais bien épais, bien des choses passent en tête, des pensées aussi vers des êtres chers à mon cœur, des envies de sentiers bien mieux balisés, d’un thé chaud et parfumé…. D’un coup, je pense au GPS : Je sors la carte, lecture rapide des coordonnées du lieu d’arrivée, analyse du terrain, pas de danger, de barres rocheuses ou de trop brusque dénivelé, et après concertation, nous décidons de nous fier à l’instrument pour rentrer à travers la végétation. Quelques rhododendrons plus tard, voici un chemin tracé par les pas successifs des vaches, puis qui rejoint un sentier plus humains. Nous sommes sous les nuages, on aperçoit les bâtiments de la station. Le moral revient, les pas s’allongent et nous voici enfin au but. Belle leçon de mise en condition, d’exploitation des leçons de GPS reçues, et de vie, ne jamais abdiquer. Cette randonnée, nous la referons bientôt, avec les sortants, mais la météo y prévoit d’ores et déjà de fortes chaleurs, ça sera mieux que ce brouillard coquin venant par deux fois déjà nous brouiller les pistes….

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Attention ami, le travail n'est pas si mauvais qu'il n'y paraît. C'est comme tout, c'est quand on en a pas, que l'on se rend compte que c'est indispensable.
Très jolie description d'une randonnée pyrénéenne......