Océan

Océan, mon bel océan, plutôt que l'étendue d'eau infinie aux remous sans cesse renouvelés, c'est l'endroit, le mélange entre dunes, forêt, plages dans ce qu'elles ont encore de sauvage par endroit, tout ce qui fait qu'ici est mon lieu préféré de ressources, un coin de terre où la terre n'est plus terre mais sable, un coin de sable où le sable se noie sous les flots parfois tumultueux, un coin d'eau qui fait que notre terre est la planète bleue, un endroit unique où les tensions s'apaisent, l'esprit se relâche et évacue toutes ces choses qui encrassent les neurones, un rythme biologique naturel qui remet les cycles de sommeils à leur place, comme si le mouvement des marées, du flux et du reflux venait rappeler le liquide amniotique qui berça le début de nos vies. Se retrouver dans ce désert de nature, cet endroit si proche de l'agitation humaine et si vide d'êtres humains, s'asseoir sur ce bout de monde pour regarder les vagues sans cesse changeantes, qui dans un rituel immuable s'en viennent conquérir la plage, y faire rouler des coquillages que les mouvements polissent au point d'en faire des grains de sable, puis, elles repartent, au large, laissant le sable humide, doré d'une couleur ocre rouge que je reconnaitrai entre mille, embaumant l'air d'une saveur iodé, déposant aussi des bois usés comme hélas, des traces d'humanités sous formes de plastiques colorés. Ces instants avant saison, où la foule n'est pas encore conquérante, où le temps hésite entre dégradé de gris et bleu insolent, entre chaleur rarement étouffante et fraicheur revigorante, ces moments que j'aime, parcourir la dune, parcourir la forêt, pédaler à travers les pistes encore désertes, roller en toute quiétude sur ces autoroutes du bonheur qui laissent voir et pénétrer au cœur de la faune et de la flore sauvage, pas encore parties en vacances loin de l'agitation estivale. Découvrir un héron à l'affut des bancs de mulets, voir la nage d'une tortue dans les eaux troublées du Boudigau, surprendre un geai, une huppe occupés à glaner quelques nourritures sur le bord de la piste, observer les cycles de l'arbousier, entre fleurs, fruits et survivant de la génération précédente, goûter à la palette des verts de chêne, le tendre des premières feuilles des pédonculés, le sombre croquant des kermès, l'odeur de la résine qui s'échappe des pins, les arbres tombés sous les coup de vents plutôt violents et répétés depuis quelques années. L'homme n'a pas encore guéri les blessures, les arbres en travers, les broussailles épaisses, une sorte d'abandon où la planète se retrouve seule pour digérer et absorber ce presque chaos. Il fut un temps où les moutons venaient nettoyer les forêts, il fut un temps où l'homme était moins gras, moins mécanisé et plus enclin à entretenir la terre de ses enfants. Il fut un temps où la chaine de décision ne passait pas par le maillon des technocrates, il fut un temps où la terre était entretenue sans calcul de retour sur investissement. Il fut un temps où je n'étais pas né, encore que je me souvienne des forêts d'ici bien plus propre qu'elles le sont aujourd'hui. Il paraît qu'il faut laisser l'écosystème s'équilibrer, s'établir, mais pour cela, ne faut-il pas non partir de terres rases, de la lande originelle, laisser le semis s'installer, les jeunes plants grandir en étouffant puis en digérant les plus faibles, le sol devenir humus, ou plutôt ici, terre de bruyère par l'acidité des aiguilles de pins, par la dégradation des bruyères aussi, ces jolies plantes des sorcières qui éclairent de leur rose frais les sous bois sombres? Je n'aime pas l'écologie quand elle devient matière politique, je la préfèrerai matière scolaire, matière parentale, réflexe naturel, ce tout petit truc qui manque à beaucoup trop de neurones lorsque la main laisse négligemment tomber un mégot, un chewing-gum, un papier de bonbon, une bouteille d'eau, une canette métallique. Les endroits les plus propres sont ceux où la main de l'homme n'a jamais mis les pieds, encore faut-il briser les clôtures de ronces pour s'en apercevoir. Constat amer mais non désespéré, espoir d'une prise de conscience. Le monde fonctionne à l'envers, la recherche dépense des fortunes à fabriquer des emballages qui se dégradent le plus rapidement possible, mais, combien de chimie, combien de moyens, combien de ressources en eau, en matière pour rattraper un geste qui pourrait être anodin? Le recyclage des déchets prendraient bien moins de moyens que les développements de nouvelles matières dont on ne connait la toxicité que bien plus tard. L'Homme a pourri la planète comme l'Homme a pourri l'Homme. Aucune tristesse dans cela, ce qui est fait est fait et surtout, n'est plus à faire. J'ai foi en l'avenir, en une prise de conscience, en un réveil, bien sur tardif, mais non trop tard, car il n'est jamais trop tard pour bien faire....


Ici mes pensées voyagent sans limite, au delà des flots, au delà des mots, bien plus loin que les maux. Les maux sont fait pour guérir, non pour laisser de béantes cicatrices sans cesse infectante qui nous pourrissent la vie. Ici le coeur ne saigne pas, il bat, il respire, il s'aère, il se regonfle d'énergie, tout comme la vue des sommets, la vue ici n'a pas de limite que celle qu'on y donne. Leçon de vie, nos limites sont en nous et sont celles qu'on se donne. Ne cherchons pas ailleurs, nos peurs et nos doutes, ne croyons pas en autre chose que nous. Sans être soi, on ne peut être. Parcourir le monde n'apporte pas les réponses si on ne les cherche pas là où elles se cachent, c'est à dire en soi. Les envies de liberté, les soifs de bonheur, les désirs de marche à deux sur les chemins de la vie ne peuvent exister que dans le creuset d'un esprit apaisé, relaxé, prêt au combat pour obtenir la victoire de sa vie. Un parcours à deux, voire plus, c'est une marche de tous les instants, un soutien permanent, un aller sans retour dont il faut comprendre le sens, accepter le parcours pour mener sans se démener autrement que par l'équipée, la réussite de ce parcours de vie, le parcours d'une vie, le but ultime que nous avons tous bien ancré en nous, même si de vilaines écorchures en cachent trop souvent la vue. Guérissons avant de partir, il faut être en forme pour avoir tous les atouts dans sa manche et réussir. Il faut aussi savoir rencontrer les bons compagnons de route, cela aussi nécessite des sens éveillés, éviter les pièges, les appâts trop beaux, les trop brillants, qui trop embrasse mal étreint..... Océan, voilà où mes pensées voyagent, voilà ces instants de plaisirs et de retrouvailles, entre toi et moi, entre moi et moi, entre émoi et moi. Le son des vagues qui se brisent brise le vague à l'âme et berce l'esprit pour l'éveiller vers la réalité du présent, la naissance d'un futur, les espoirs de vies mélangées pour former la vie, celle espérée, pas attendue car l'attente n'est qu'un poison qui empêche de profiter de l'existence. Océan, tu roules ta mécanique bien huilée, tu abreuves d'écume les jours comme les nuits, tu vrombis comme un lion et parfois tu te transformes en agneau, mais tu restes ressourçant, élément indispensable pour insuffler l'énergie, la force, l'envie, c'est pour cela qu'à chaque fois je te quitte avec regret, c'est pour ça que je regarde déjà quand sera notre prochain rendez-vous, c'est pour cela aussi que je songe à venir m'installer ici, un autre projet de vie..... Mais la vie n'est elle pas faite de projets?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La vie est faite de projets oui, qui n'avance pas recul. Il faut savoir qui on est, d'où l'on vient et où on va.
Avance mon ami, au bord de l'océan ou ailleurs, l'important est d'être en accord avec soi.
Tu décris magnifiquement ce petit écrin de verdure et fais voyager l'esprit, un vrai plaisir de lecture, sincèrement.

Merci

L'auvergnate...

Anonyme a dit…

comme chacun de tes retours à ta source tu es remonté pour affronté le quotidien en bon et grand vendeur international....

bizzz

la grenouille