Semer et s'aimer

Le rêve est-il devenu un produit de luxe ? Il faut croire, tant la morosité semble s’installer dans pas mal de vie, de monde, le manque d’envie, la saturation, la fuite des faux-fuyants s’installe inexorablement. Il suffit de discuter avec les amis proches pour mesurer combien vivre le bonheur de bonheurs simple relève d’un combat qu’à force de combattre on finit par esquiver et fuir. Une fuite en avant ? Oui, bien sûr, et elle vaut mieux qu’un retour dans le passé, même si la fuite n’est pas la solution. Est-on trop en attente de la vie ? Qu’attend-t-on de la vie ? Une coupe du monde aurait-elle apportée l’euphorie ? Aurait-elle permis de mieux accepter les dernières lois sur d’éventuelles retraites? Aurait-elle faciliter l’acceptation des traditionnelles augmentations : pétrole, gaz, … ? Doit-on brûler les bleus sous prétexte de défaite ? Doit-on nommer Mr Domenech au gouvernement? Va-t-on créer pour l’occasion un ordre de la légion d’horreur? Mascarades et manipulations médiatiques, tout comme le prestidigitateur vous occupe l’œil et l’esprit avec un leurre le temps de faire son tour de passe-passe, voilà que se profile à l’horizon la cohorte des bonnes nouvelles. Et nous dans tout cela ? Et bien, nous, nous avons un cerveau, des neurones, des connections entre, servons-nous en, ne soyons pas dupes des supercheries, soyons nous-mêmes, car là est la seule solution pour être forts, grands et uniques. Cessons de regarder la majorité, regardons notre unité, là est notre force, celle qui par l’unité de chaque individu fait la force de l’unité d’un peuple. Le monde souffre de son égoïsme, cet esprit qui empêche de gagner par peur de perdre, ce regard uniquement tourné vers soi, à mesurer la main qui se tend plutôt que de tendre la sienne. Rien n’est simple dans la vie mais c’est ce qui en fait la richesse, ce qui doit aussi nous pousser à l’association plutôt qu’à l’enfermement, à la rencontre plutôt qu’à l’isolement. Ne laissons personne nous briser nos rêves, ne laissons pas nos esprits s’empêcher de rêver, rêvons, évadons-nous, vivons cette trêve oxygénante, profitons de cette échappée belle pour se ragaillardir, s’étoffer et grandir, devenir plus fort, se détendre, s’assouplir dans l’assoupissement.

Une des dernières modes et de ne pas garder son stress de l’évacuer très vite, mais au lieu de l’évacuer vers des prisons invisibles d’où il ne s’évaderait pas, on se dépêche de le refourguer à d’autres, à ses subordonnées dans le contexte professionnel, un peut comme le jeu de la patate chaude ou bien encore celui de la bombe. Vecteurs de propagation plutôt que stoppeur de pandémie, il est si simple de décharger son stress sur quelqu’un d’autre, mais le pire, c’est quand même d’en profiter pour s’accaparer d’un nouveau stress, sans s’apaiser, jamais, comme une course à l’auto anéantissement. Il est bien plus facile de rêver du gardien de chèvres perdu dans des paysages enchanteurs que de vouloir échanger nos vies. L’herbe est toujours plus verte de l’autre côté de la clôture, mais au fond, est-ce à cause de la barrière qu’on se dresse pour mieux s’enfermer ou bien à cause du manque d’entretien de notre côté? Et si on mesurait tout simplement que ces choses-là nous appartiennent, qu’il n’appartient qu’à nous de cultiver notre jardin, de le clôturer comme de l’ouvrir, de l’étouffer comme de le partager ? Et si on essayait de transmettre autre chose que du stress ou de l’agression, et si on se remettait tout simplement en cause, soi, comme étant le seul élément facilement modifiable par nous dans nos vies ? Quel risque y-a-t-il à essayer ? Qu’avons nous à perdre, si ce n’est un inconfort de vie, dans des vies où, même les plus confortables ne sont que prisons dorées dans lesquelles vieillissent et se rabougrissent des instants d’éternité ? Paradoxe de notre humanité : notre liberté n’est qu’une prison dans laquelle on s’enferme. Et si le premier des combats à mener, c’est d’oser s’affronter soi-même ? Pour aimer, il faut d’abord s’aimer. Pour être aimer, aussi, le cas échéant, ce n’est pas de l’amour mais de la sollicitude. Le regards des amoureux va dans la même direction, il ne se noie pas dans le regard de l’autre. Le parcours initiatique dans la relation, lorsqu’il devient trop peuplé de branches mortes, n’est que complication à l’avancement. A trop laisser envahir son jardin par les mauvaises herbes, on perd son temps pour en retrouver la fraicheur, la beauté, le plaisir de le faire partager. Le passage à vie est parfois nécessaire, il aide à comprendre combien le chemin est long, combien il faut s’attarder sur soi-même, se donner le temps de se remettre en état, de stopper les fausses routes, ces impasses qui ne sont que racines de chiendents, graines d’oxalis qui se multiplient d’elles-mêmes pour enfouir le vrai sous des monceaux d’ivraie. Plongée personnelle et intérieure, le temps est venu de poser les choses, d’en déposer d’autres, de nettoyer et d’alléger les espaces, de voir et de savoir, de vivre avec toute l’énergie que mérite la vie.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais pour risquer de changer sa vie, il faut du courage, un énorme travail sur soi et là.....problème de taille!!
Le courage n'étant pas la qualité première de notre société d'"ultra assistés",il faut une sacré force de caractère ou être au pied du mur pour réagir enfin et oser.
Il faut tremper le nez dans la merde pour apprécier le savon tout simple qui vient vous nettoyer la figure. Savon qu'on aurait même pas regarder en temps normal tant il est banal.
Regarder sa vie en face peut faire très mal aux yeux mais c'est le seul moyen de s'aimer, n'en déplaise aux réfractaires.

L'auvergnate

Didier a dit…

tellement vrai !
merci à toi
biz