Aux vents mauvais

Je ne sais pas s’il est plus dur de perdre une parenté qu’une amitié, et à vrai dire, et même à relire, l’idée d’en mesurer le poids est imbécile, mais il est des moments dans la vie où le cœur se serre, devient tout petit, étroit laissant la place aux courant d’airs qui ainsi glacent votre vie. Je ne sais pas si le cœur ainsi serré se brise, de mes souvenirs scolaires de biologie cela traduirait l’arrêt des fonctions vitales et mettrait donc un terme à cette vie, en tout ca, le coup d’arrêt vient d’être sifflé, les amitiés belles, complices, intenses, partagées, deviennent ruptures et partages, ne cherchons pas où ranger les torts, j’ai suffisamment de cartons vides pour les entasser tous auprès de moi, je laisse les jolis souvenirs à d’autres, je mesure combien il est important d’être apprécié et soutenu lorsque la flamme vacille, je mesure combien j’ai pu être utile à ce rôle désormais que le vent tourne, et si là-haut il est un moulin qui tourne joliment aux vents légers, j’entends ici craquer le vieux bois d’une mature semblant inutile. Période pas très simple de vies qui vivent des destins au cours différents, explosion d’émotions, veille de larme, l’amiante poursuit ses ravages malgré les attaques en ligne d’une chimiothérapie, histoires aux long cours qui voguent en d’autres eaux, sentiment d’utilité plutôt que d’existence, l’existence devient parfois un poids pesant au point d’oppresser. La vie arrive à un virage, bientôt, dans la moulinette inexorable du temps, seront broyées les jours qui hier encore illuminaient nos vies. Que sera la lumière de demain ? Que sera le paysage ? Existe-t-il encore des sentiments de réciprocités plutôt que des besoins saprophytes qui consument la flamme de nos vies au lieu d’en allumer le braisier d’un feu de joie ? Je reconnais que l’heure est au spleen, celui d’un dimanche soir clôturant une semaine difficile, celui d’une fête de famille qui ne fut pas festive par trop de combats, celui de la déception d’avoir pris de simples bouts de verres pour des diamants, l’éclat d’une amitié franche et sincère est soudain devenu bien pale….

Spleen et tournant d’une vie, en d’autres temps, d’autres choix viendraient à l’esprit. Le bout de chemin est-il la délivrance du parcours ? Et si plutôt que de chercher s’il existe une vie après la vie, pourquoi ne pas chercher directement une vie dans la vie ? A quoi sert de regretter ce qui n’est pas, la solution n’est pas dans l’attente d’un revirement de situation, il est temps de dire adieu à ces belles défuntes, de prendre le temps nécessaire pour souffler, intégrer, se regonfler, regonfler la voile avant de reprendre la mer, ou plutôt, l’océan, le seul, unique et majestueux, la mer est décidément porteuse de bien pales vagues juste bonne à mettre du vague à l’âme. Sortons donc le Rhum et trinquons tel notre ancien président, à nos femmes, à nos chevaux et à ceux qui les montent, la barre en main, prenons le large et voguons vers l’horizon, cette ligne mystique qui fait se rejoindre le ciel et l’eau, le feu d’un soleil couchant et l’eau salée des larmes d’un cœur étreint. L’avantage du navire, c’est que perdu au milieu des flots, il s’affranchit des regards des badauds, jouit du paysages des vagues sans cesse différentes, découvre de plus aimables mammifères qui viennent accompagner votre route sans attente d’un quelconque retour, profite du ballet des mouettes heureuses de parader autour des voiles, et glisse sur un océan à peine plus grand que celui de l’incompréhension humaine, hélas trop de mise sur terre. Impression étrange, comme si l’océan n’était plus la terre tout en étant malgré tout partie de la Terre au point de lui donner son nom de planète bleue. Notre Terre devrait donc s’appeler Océan. Nous serions Océaniens, qui sait, cela changerait-il le cours des choses, la volonté de devenir humain sentiment qui disparait chaque jour un peu plus. En tout cas, je suis sûr désormais de ne pas vouloir être enterré mais dispersé aux grés des flots de ma plage préférée. Océan passion, océan fusion, océan pardon, océan d’abandon, merci à toi pour ces instants si régénérant. Vers toi je cherche le repos, celui de tumultes trop pesant, celui d’une vie qui se clôt en un soir de juin, encore juin, décidément, ce mois n’est pas de tout repos !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je sais bien que les mots ne servent pas à grand chose dans ces moments là mais je te dis simplement : courage didier.
Resserre encore plus fort les liens avec ceux qui sont là pour t'épauler, c'est le plus important, crois-moi.

Bises de l'auvergnate

Anonyme a dit…

Tu as des amis...et tu peux compter sur eux, je serai toujours là pour toi, affectueusement.

Didier a dit…

c'est si beau l'amitié..... surtout quand elle s'enfuit, n'est ce pas?