Le soleil se lève à l'Est

Lumières d’ailleurs, atterrissage en douceur, retour à la normalité d’une vie, nouvelle vie, autre tome pour autre homme, nouveau tome pour nouvel homme… Le soleil se lève à l’Est, aube d’un nouveau jour, cette aube pure et brillante qui efface l’obscurité qui jusque là régnait. Sensation d’ouvrir les yeux pour la première fois, de voir pour la première fois, avancer dans ces paysages nouveaux et en même temps si connus de la mémoire, sentiment d’être après avoir été, de connaître sans avoir connu, d’avancer pour la première fois sur des chemins déjà parcourus. L’esprit est léger, vidé de tous ces désordres qui jusque là l’ont troublé, et cette légèreté donne par moment le vertige, mais fait tellement de bien que ce tournis en devient grisant. Un esprit sain dans un corps sain, sourire affiché, intérieurement et extérieurement, le plus intéressant est de voir l’effet contagieux de la chose : les sourires appellent les sourires, du coup, la vie s’éclaire encore plus ! Du plus vers le plus, dans une spirale aspirante qui balaie tout sur son passage, ôte du chemin les moindres aspérités pour transformer le sentier en voie royale. Après un vol en toute quiétude, cheminement inverse de l’embarquement, sorti du long cigare d’aluminium pour le tunnel opaque et les premiers pas dans un aéroport anonyme situé de l’autre côté de la terre, revoilà le contact du sol, de cette terre, nouvelle, retour des sensations, des automatismes, des pas, plus légers, plus naturels, des sourires en voyant ces endroits distants et si similaires, ces tables alignées aux chaises serrées, ces odeurs de café, attirante, possédante, entêtante, attrait inévitable pour le voyageur fraichement débarqué. Café, stylo, cahier hier, café, boitier de plastique aux touches alignées aujourd’hui, peu importe les outils, la moelle se synthétise en phrases aux mots liés. Ecrire, encore et toujours, écrire partout, écrire sur tout et surtout écrire. Les corps s’animent, les voix perçantes se réveillent, les mots incompréhensibles se déplient dans ce hall vaste et froid, dans des mélodies aux accents inconnus, dans des vocabulaires set surtout un dialecte nouveau. Dehors, la nuit noire laisse sans regret sa place à une lumière orange, dégageant autant de chaleur déjà que de couleurs, réveillant la vie, les vies, tourbillons anonymes dans ces décors si vides jusque là. Au cœur de cet inconnu, je me tourne vers la première personne amie, la mienne, je la visite, fait l’état des lieux en l’état, visite ces neurones vides et propre, je sors lentement de l’état léthargique pour m’ouvrir à ces vies, ces lieux, pour aspirer la vie, la respirer et expirer la nuit. Check-up matinal, bilan cérébral, encéphalogramme aux courbes fort sympathiques ponctuées de supers bonnes humeurs, tous les paramètres sont au vert pour le décollage immédiat dans cette nouvelle ère. Décollage ? Mais je viens juste d’atterrir ! Que voulez-vous, il fait si beau là-haut !

Retour au monde réel, celui des belles réalités, celui des progrès, des joyeusetés, celui du ciel toujours bleu même si parfois on le voit gris, celui qui sourit comme je souris à la vie. Sorti du labyrinthe éreintant, des bouts de murs, des cloisons qui viennent de façon inattendue boucher un horizon qu’on croyait dégagé à perte de vue, place à la vaste étendue du vaste monde, place à la vie ! Quel bonheur, quelle joie d’être en vie, de respirer normalement, de marcher, de courir, de rouler sur ces roulettes amplifiant le plaisir par huit, de parler, d’échanger, d’avancer sans composer, de n’avoir pas de contrainte, de se laisser aller de se laisser porter par cette vague de sourires, et même, d’aller les chercher, les provoquer, jusque dans des endroits confinés. Des nombreux et récents séjours à l’hôpital, j’ai reçu tellement de décharge de lassitudes, de tristesses, de désarrois que le seul moyen d’y répondre, d’insuffler la gagne et le courage d’aller au-delà des propres limites de notre propre corps, c’est d’envoyer une rasade de positif, d’irriguer ces terres desséchées de bonne humeur, de plaisanter de rire et de sourire. Envoler le débat parle haut, soulever les regards qui trainent au sol, engendrer la joie, l’espérance, l’envie de voir ce qu’il y aura demain, de se battre même quand les forces abandonnent cette enveloppe terrestre, quand la vie ne s’alimente plus que par ces fins tuyaux transparents, descendant de souples bocaux où les poissons rouges ne tournent jamais. Etre ne serait-ce qu’un sourire, qu’une pale lueur dans l’obscurité d’une vie, est déjà énorme et si cela peut amener suffisamment de chaleur pour aider à franchir un palier, une marche, ce n’est que bonheur supplémentaire, mais ce n’est pas pour cela que je le fais. Voltaire disait : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé » Sage et belle phrase, joli et joyeux principe de vie, qu’il convient d’appliquer et de s’appliquer. Comment en tout, il n’y a que les premiers pas qui comptent, et même, juste le premier… Après, on se prend au jeu, on joue suivant ces règles si élémentaires et si simples à mettre en place, on jaillit dans un tourbillon de sourires qui ne laisse plus de place à la monotonie, à la mauvaise humeur, aux sourires inversés….

C’est là ma vie, mon mode de vie, mon fonctionnement désormais, et surtout, mes réelles envies, de ma réelle vie. Passager anonyme des affres de la vie, me voilà arrivé au terminal, dans ce cocon rassurant de béton et de fer, à profiter des derniers instants de répit devant la tasse fumante, devant cet écran fidèle retranscrivant sous forme alphabétique mes pensées. Encore un instant avant de franchir le seuil, d’aller me frotter aux joies de ce monde, d’aller respirer ces odeurs si familières, d’aller découvrir ces nouvelles couleurs que mes yeux trop obscurcis n’avaient pu voir alors. Ça y est, le soleil a dégagé son disque de derrière la terre, il poursuit son ascension vers le zénith, irradiant de ses rayons chauds nos vies et nos envies. Les envies ? Toujours, car les envies dirigent la vie. Toujours. Ayons envie, ayons soif d’envies !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

joli poisson, je te souhaite que le rève devienne réalité


la grenouille

Anonyme a dit…

confusion il s'agit là de ta réalité future et non d'un rève hazardeux


bizz