Au gré des humeurs

Humeur à la lecture retrouvée, envie de canapé au coin du feu, à défaut de plage sauvage et déserte, mon livre sous le bras, biographie de Louis XVI, ce roi version raccourci sauf dans les écrits, là, il y a de quoi lire ! La pluie, la fraicheur ambiante, inspirent au calme et à la douce chaleur du foyer. Détente dans la lecture comme détente dans l’écriture. Laisser son esprit voguer et divaguer, plonger entre les lignes serrées, se laissant porter par les vagues des idées et des mots rythmant le récit, racontant la vie de ce brave roi, visionnaire bien plus que ces contemporains, prêt à laisser place à une république monarchique sans que cela fut compris par les esprits réducteurs armés de la toute tranchante guillotine. Un modèle de gouvernance qui semble très semblable à ce qui se pratique de nos jours, comme durant les jours précédents, tout les jours en fait qui ont ponctué notre vénérable république, cinquième du nom. Un roi, certes élu de dieu et de ses droits de naissance, mais ensuite, un Premier ministre et son carré de ministres, sans quoi, il ne servirait à rien d’être le premier d’entre eux…. Je ne fais pas d’apologie de ces gouvernances-là, pas plus que d’envie de faire de la politique, non, simplement, l’esprit technique qui m’anime, ne fait pas de réelles différences entre les deux époques, à la durée de mandat du souverain en chef près…. Pour l’heure, je ne touche pas le bout encore de cette biographie plutôt épaisse, mais je ne veux pas qu’on me raconte la fin, je préfère en maitriser le suspens. Pause lecture donc. Mode réel, papier de qualité, lettres imprimées, ouvrage relié, c’est bel et bien du concret que j’ai entre les doigts. Dans un grand mouvement de bonnes actions pour la planète, je vais donc éteindre dès ce soir mon pc, ma télé, ces gros dévoreurs d’énergie et de vies qui gangrènent quelque peu nos univers quotidiens, nos vies et modifient le cours de nos envies. Une bonne flambée aux bûches crépitantes, le canapé douillet dans sa blancheur immaculé près à m’accueillir, des coussins confortables pour bien m’y caler, un thé aromatique servi, voilà le programme d’un moment propice à la détente et au bien-être. Plus de bip, pas d’appel, pas de sms, juste le tic-tac du vieux carillon, ainsi que le bruit du feu pour, tel un métronome frappé le rythme du temps qui passe, des pages qui se tournent, d’une soirée douce et calme, d’un moment à soi, une pause dans la vie, une envie de pause.

Humeur à la découverte, de soi, des autres, des vérités cachées sur des actualités cuisantes encore présentes dans les mémoires. Inlassablement, les avions défilent sur l’écran des neurones, heurtent le verre et l’acier et finissent par ébranler les bâtiments dans un drôle d’affaissement. Troublant. Percutant. Qu’y a t-il réellement derrière ses images trop banalisées par tant de passages répétés ? Discuter, en discuter, débattre, en débattre, essayer de voir la lumière dans ses ténèbres poussiéreux. Se donner le droit de douter, exprimer son opinion, ne pas systématiquement adhérer aux discours trop policés de notre belle société, c’est autre soi, tel qu’on est, et échapper un peu au formatage réducteur de pensée. Evolution de notre société, il y a deux cents ans, on réduisait les corps de la longueur d’une tête pour détruire mes pensées et conduire l’opinion. Aujourd’hui, en bon pacifiste, on lobotomise par la voie des ondes, sans opérations, sans douleurs, en toute impunité, dans la froideur des actualités, dans tous ces messages prédigérés dont on nous abreuve à longueur de temps. Certes, l’avantage du système actuel, est d’être réversible, à condition bien sûr de le vouloir. Moins sanguinaire qu’une tête tombant sous le poids de la lame, mais tellement plus destructrice, la méthode coupe toute forme de pensée personnelle par rabâchement d’idées sans perte de temps à les démontrer, la méthode est toujours la même, dire les choses avec aplomb et véhémence, conduit à les faire passer pour bonnes et certifiées. Nos esprits fatigués du vingt et unième siècle toujours à la recherche de temps et allant au plus pressé, ne demande pas autre chose que l’information non pas distillée mais vomie sur les réseaux divers et variés qu’elle sature de son formatage à la lobotomisation bien calculée. Le tragique, est que contrairement à la guillotine, elle est héréditaire et contamine les branches inférieures de la généalogie.

Il suffirait de presque rien pourtant…. Du temps, du doute, du temps de prendre en doute les messages trop facilement délivrés, du temps de s’assurer des choses, de mesurer leurs démonstrations, du temps de débattre, du temps…. Etre soi, savoir écouter, vouloir comprendre, le comment des choses, le pourquoi des choses, discuter, lire, se poser, réfléchir, analyser, se donner les moyens de le faire, ne pas croire ces dieux des temps modernes qui trônent dans nos salons, nos bureaux et jusque dans nos chambres à coucher. Débrancher les machines, descendre dans la rue, croiser des gens, discuter, échanger, mesurer les pour et les contres, se faire son opinion, apprendre, réapprendre à être, plutôt que subir, volontairement ou involontairement.
Il suffirait de presque rien, une coupure dans la vie, une coupure de la machine, tout simplement. Au lieu de l’attendre et de la vivre comme une fatalité, sachons trouver nous-mêmes le bouton, sachons le presser pour nous dépressuriser, nous retrouver. Alors, on le fait ?

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