Evolution et révolution

La saison hivernale s’est terminée, dernières sorties raquettes sous le soleil ariégeois, dernières sensations avant de ranger le matériel, vide le sac et préparer la saison de randonnées. Premier week-end d’avril, dernier de la saison, week-end passion, plaisir partagé en ouverture, dès le vendredi soir, plaisir éteint le dimanche, la vie et ses mystères, les personnalités et leurs mystères, les personnages et leurs mystères…. Mystère, célèbre dessert ou le croquant se cache sous le fondant, à croire que la douceur renferme toujours un os….. Nouvelle étape, nouvelle marche vers le haut, l’histoire est en marche, le ciel pur, les rendez-vous pas au rendez-vous, les discussions absentes, les faux-semblants sont très ressemblants, la nature humaine reste dans son fonctionnement antinaturel. Ce qui freine la progression, c’est la peur, la peur de se tromper, la peur d’avoir mal, la peur de souffrir, la peur qui finit par engendrer la peur. Avoir peur est au contraire rassurant, car la peur maintient les sens en éveil plutôt que de les assoupir dans un laisser-aller qui se révélera tôt ou tard néfaste. Avoir peur de perdre, c’est s’empêcher de gagner, choisir l’état stable du présent plutôt que de risquer d’aller mieux, d’avoir plus, et même beaucoup plus. Certes, on peut y perdre, mais alors ? Les pertes et les échecs forment l’expérience, celle qui construit, rester sur la première marche du grand escalier ne mène nulle part, il faut oser grimper, gravir une à une ces marches-là pour tutoyer le ciel et décrocher les étoiles. Ne pas se donner le droit à l’échec, c’est fermer la porte à la réussite. Ce n’est qu’à la fin de l’histoire qu’on connaît l’histoire…. Tenter de déduire une vision de déroulement de l’histoire alors qu’on n’en a même pas encore franchi le palier, c’est lire dans son passé ses propres erreurs en n’imaginant pas autre chose que leurs reproductions quasi obligatoires dans le futur, ce qui conduirait à se refuser soi-même toute évolution, plutôt que d’accepter la feuille blanche, et surtout, accepter de prendre le temps d’y dessiner les contours d’un futur sans écho du passé. Croire cela difficile c’est se chercher l’excuse de ne pas se mettre en danger de réussite, de se complaire dans un univers certes calé et bien douillet, mais duquel au final, on cherche à fuir. Se donner le droit de rêver c’est bien, se donner les moyens de ses rêves, c’est mieux. Rien n’est trop beau, rien n’est inaccessible, surtout pas le bonheur. Aucun être n’est supérieur, aucune personne n’est trop belle pour qu’on ose être son égal. « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve » écrivait le poète, c’est hélas la démarche de beaucoup, démarche qui fait rater la marche, peut-être est-ce de là que vient le nom de dé-marche, non ?

Et oui, humour toujours, la vie reste la vie, belle, rebelle, éprouvante parfois, certes, mais dans le sens d’épreuves, de tests, de points de passage et de passages obligés. Pour ma part, mon permis de vie arrive à point nommé, le total des points est au maximum, bientôt l’extra-life, le bonus maxi ! Place donc à la vie, on va laisser de côté les tracas, d’ailleurs, ils s’épuisent peu à peu, quelques derniers soubresauts à gérer, mais l’envie d’avoir envie, l’envie surtout de réaliser les envies, mes envies, entières et pures, des envies de ciel bleu permanent, des envies de vies à deux ou plus suivant affinités, mais pour éviter toutes malencontreuses compréhensions d’esprits égrillards, on va dire à plusieurs mais limité à deux adultes consentants, et merci de ne point imaginer d’autres sexualités qu’une sexualité adulte… D’ailleurs, la vie ne se résume pas à un lit, sans l’exclure non plus, la vie est un long ruban étalé sur les vingt-quatre heures de chaque journée de plusieurs vies assemblées, ce qui peut la rendre mortelle surtout vers la fin. Et oui, la vie est mortelle, c’est bien là la seule certitude de départ, mais là encore, doit-on avoir peur de la mort, ou doit-on avoir peur de la mort sans avoir bâti quelque chose avant ? Bâtir…. Entre matérialité et spiritualité, il y a des mondes différents mais des mondes nécessaires pour s’y construire et être accompli. Je ne redoute pas la mort, je n’ai plus cette hantise-là, de partir trop tôt d’ici-bas, et cela ne veut pas dire que je souhaite partir prochainement non plus ! Je vis, je sais le chemin parcouru, les portes franchies, les escaliers gravis, certaines marches quatre à quatre, avec la soif et l’envie d’aller plus haut, plus loin, d’aboutir à ce palier où je suis aujourd’hui, d’où je préside à ma destinée, seul et sans impatience, sans peurs, ni de l’inconnu, ni de l’inconnue, sans attendre autre chose que la poursuite de mes rêves et leur réalisation, dans une quiétude absolue, tournant le dos aux vents mauvais, offrant mon meilleur profil aux plus doux rayons. Des erreurs de parcours, nous en faisons tous, mais plus que des échecs, ce sont autant de ces petits cailloux qui dans le lit du ruisseau, dévient le cours de l’eau, en font jaillir l’écume et chanter le ressaut. L’eau ainsi déviée, poursuit son parcours vers d’autres pentes, usant un autre lit, avant de buter sur une autre pierre, de se gonfler de force pour la faire rouler, la contourner ou bien, la camoufler sous le sable patiemment accumulé, pour poursuivre son cours. Nos vies sont ainsi. Elles suivent leurs cours, en changeant leur lit, en gravissant ou contournant les obstacles, en camouflant sous le sable du temps les écueils d’hier. L’eau source de vie, l’eau et la vie dans un combat similaire, l’eau, celle-là même sur laquelle j’ai posé mes raquettes pour la dernière fois de la saison en sa forme blanche et gelée, destins superposés le temps d’un week-end, destins unis dans une même transformation, celle de la neige en eau, celle de l’homme en autre homme. Nous sommes tous des êtres vivants, des êtres de cette planète, comme elle, comme chacun d’entre nous, nous poursuivons notre révolution et notre évolution, notre seule différence est d’user pour cela d’un cycle variable et propre à chacun, du moins, à la seule condition d’avoir entamer la révolution et d’avoir envie de l’évolution, son évolution…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

évolution et révolution à la fois si différents et identiques
chaque révolution créée une évolution et inversement réciproque
dans tous les cas il s'agit d'avancer

bizz