Retour à la vie

Ciel bleu et température de printemps. Sortie raquettes annulée, sortie de semaine difficile, quoi de mieux qu’une virée en 2CV par ce beau temps pour se changer les idées ? Direction Saint-Ferréol, et le Lauragais, terre d’origine maternelle, terre charnelle, autrefois reniée et ou aujourd’hui, j’aimerais bien posséder une ancienne ferme…. Vision utopiste, eu égard aux tarifs immobiliers pratiqués… Pas d’ordinateur, pas de téléphone, je roule déconnecté du monde, dans mon bolide fendant l’air à des vitesses ignorées par les radars, homme d’un autre temps dans un véhicule d’un autre temps… Les deux font la paire ! Direction ce pays familier ou j’aime aller me ressourcer, aller chercher la bouffée d’air salutaire.

J’attaque la deuxième partie de ma vie, dont je ne sais si elle sera de même longueur, ou, plus courte, ou, plus longue… Je m’en moque ! Seul le grand sablier céleste connaît la durée vitale de ma personne. Aucun stress, aucune émotion, c’est ainsi. Certains meurent plus jeunes, certains vivent très vieux, c’est comme cela. J’ai passé le virage clôturant la première ligne droite, celle des projets, celle des visions idéalistes, celle des expériences, celle aussi des regrets, celle ou on envisage de fonder sa famille, sa propre famille, sa descendance, exister ainsi dans notre belle société, rentrer en quelque sorte dans une normalité nationale… Sortie un peu précipitée, périodes instables, dures, pénibles, et puis, la pression chute, s’effondre, coulant le mental et le moral… Et puis ça repart, nouvelle étape, joie des rayons de soleil retrouvés…

Entre deux âges. Fini celui des projets, place à celui de la vie. Sans capteurs installés pour savoir ce que je fais ou pas, ce que je dis ou pas, un jour plutôt que la veille… Sans contraintes autres que d’être heureux et de rendre heureux. A quoi bon essayer de rendre les autres à l’image qu’on voudrait d’eux ? Nous sommes comme nous sommes, tous différents. Défauts ou pas. Je sais, je suis beau, riche et intelligent, ou peut-être pas, et même, très certainement pas. Je suis comme je suis. Vivre. Tel est mon souhait désormais. Sans excès, sans regret, sans douleurs, subies ou provoquées. Je suis comme je suis, pas autrement. Je redécouvre la vie, nouvelle philosophie de vie, d’être et non de paraître. Pas envie d’être sous analyse permanente, médicales ou psychologiques, physiques ou verbales, pas envie de devoir compter mes mots, analyser mes maux, en permanence, devoir justifier qu’hier était hier, et demain sera demain. Vivre au jour le jour. Profiter du répit de la vie, retrouver la santé physique, mentale et morale, me remettre à fond à mes passions, trains, voitures, qui à laisser d’autres passions en chemin, sans mauvais jeu de mot lorsqu’il s’agit des randonnées. Bilan de ma vie ? Peut-être. Recherche du second souffle, de préférence à deux, dans une même approche de la vie. Savoir profiter de tous les moments, bons ou mauvais, sans se générer des contraintes.

Voilà ma phase actuelle, au soleil de Saint-Ferréol. Envie de sortir, de respirer, de quitter la virtualité, envie de voyager au gré des envies, de partir au volant de la Méhari ou de la 2cv, direction ces lieux ou je recharge mes accus, ici, ailleurs, océan, montagne… Quitter cette vie cadencée par le processeur, sortir du rythme de l’ordinateur, au boulot, à la maison, jusque dans la C4, ma vie est informatisée. Trop. Des projets ? OUI ! Installer enfin, une bonne fois pour toute, mon train dans sa pièce en attente de bonne volonté ; Revoir mes amis, ma famille, lire, dormir, profiter de l’océan, faire du vélo, des rollers, bref, je suis très loin des idées d’un certain 20 juin… Et puis…écrire. Peut-être différemment, à un rythme différent, quoique ces derniers temps, j’ai plutôt lâché la plume.

Retour à la vie dans sa banalité, dans ma banalité. Je ne suis pas un surhomme, juste un homme, avec ses peurs, ses douleurs, ses doutes, avec toute sa complexité, avec ce mélange de défauts qui font la personnalité de chacun, qui font que nous sommes tous différents. Je suis, je redeviens moi. Nouveau départ, nouvelle ère, nouvelle vie. Tourner la page, pas par manque de place, pas pour renier la page précédente, non, simplement parce qu’il est temps de vivre en harmonie avec son temps, son âme, son corps et son cœur. J’en suis ou j’en suis, sans regret, car les regrets ne servent à rien d’autre que regretter des choses passées, enfouies à jamais. Etre soi, en paix avec soi-même. Digérer. Se reposer. Repartir. Plus de preuves à donner, plus d’objectifs ambitieux, trop ambitieux, Plus de preuves à donner, plus d’objectifs ambitieux, trop ambitieux, tout ça c’était pour la première partie de ma vie. Réussite professionnelle, carrière exemplaire… Trop tard, oubliée ! Réussite sociale, fonder sa famille, une femme, des enfants… trop tard, oubliée… Des regrets ? A quoi bon ? Comment avancer dans la vie en traînant le boulet des regrets ? J’ai eu du temps, des possibilités. Etaient-ce les bonnes ? Ai-je bien mis tout en œuvre pour y parvenir ? A quoi bon disserter pendant des heures, ce qui est fait est fait. La vie a passé, le compteur a tourné, et j’en suis là. J’en ai été las aussi. Période de deuil de cette phase de vie, des amours d’antan, des ambitions professionnelles, de la mise sous pression permanente.

Réussir ! Maître mot de notre société. Réussir sa vie. Un patrimoine, une famille, une carrière. Patrimoine ? Heureusement que j’ai bénéficié d’une conjoncture favorable pour acheter mon humble demeure ! Un toit à moi. Une famille ? Bon, je crois avoir déjà traité du sujet. Une chaumière et un cœur. Et bien, la chaumière est là, le cœur n’y est pas. Des enfants qui jouent et courent dans le jardin ? Et bien, non. A part les week-ends partagés avec mon neveu… La carrière ? Bof ! Un boulot qui jusque là a su m’intéresser, des étapes franchies, un avancement régulier mais non exceptionnel, jusqu’au coup d’arrêt récent. A côté de cela, un investissement dans le club de randonnées, au point de passer presque tous les week-ends de la saison à marcher, tantôt pour reconnaître de nouvelles sorties, tantôt pour encadrer les sorties du club. Puis l’hiver nous a conduit vers les raquettes. Préparation, lien entre administratif et guides professionnels, et encore du temps investi, du temps passé, du temps perdu pour autre chose…

Et puis la vie se rappelle à vous, par les étapes cruciales, par le compteur des chiffres ronds. Combien de 40 ans ai-je fêté chez les autres ? Combien il me fut dur de voir les miens s’envoler dans l’indifférence d’un dimanche de décembre ? Et puis les amis s’éloignent. Par manque de temps paraît-il. Par mise en priorité d’autres activités… Et puis les cousins s’éloignent, pour les mêmes raisons. Et puis la vie fauche les êtres chers de ma vie. Ma grand-mère est partie, il y a trois semaines, et j’y pense ici, sur ses terres, j’irai voir la pierre grise et froide qui la couvre, elle et pépé. Ses obsèques ont été l’occasion de revoir mes cousins, comme si je les avais quittés la veille. Doit-on attendre d’autres obsèques pour relier avec les amis ? Il fut un temps ou je menais la bande, gai luron, donneur d’ambiance. Je me souviens des vœux d’un nouvel an qu’exceptionnellement j’avais séché : « je leur avais manqué, il n’y avait pas l’ambiance habituelle » Cela faisait plaisir à entendre. Cela fait réfléchir aujourd’hui. Ou est passé cette facette de ma personnalité ? Décidément, il faut que je revienne à la vie !

Depuis mon dernier coup de déprime, depuis ma période de repos, je me sens renaître, repartir au combat, retrouver peu à peu l’énergie qui semblait m’avoir quittée. La marche, le roller, bientôt le vélo, et même le VTT dans la forêt de Bouconne ou je connaissais le moindre trou dans la piste, voilà de quoi se remettre en selle. Côté boulot, reprise d’horaires plus académiques, gestion de périodes de récupération et de décompression, et puis surtout, une nouvelle technique : l’amnésie volontaire. S’en tenir à ses prérogatives, ne pas s’immiscer dans des activités qui ne me sont pas confier. Même si cela fait mal parfois de voir les mauvais choix pris, laisser nos éminences grises se faire les dents sur des choix incohérents… Que voulez-vous, il n’y a plus de promotion interne mais des embauches issues de grandes écoles. Nous ne parlons pas le même langage et finalement, nous sommes trop cons pour être consultés… Alors, laissons faire, et surtout, laissons-les faire des heures…

Les beaux jours arrivent, bientôt le changement d’heure qui donnera envie de s’échapper pour s’occuper de soi, du jardin, de la Méhari qu’il va falloir préparer pour son anniversaire. Et oui ! Cette année, nous fêterons les 40 ans de la Méhari, avec un grand rassemblement à Amboise, et bien sûr, j’y monte ! Ce n’est pas parc e que je n’ai pas fêter mes 40 ans que je ne fêterai pas ceux de la Méhari ! D’ailleurs, la 2cv fête cette année ses 60 ans. Restons Citroën, la Dyane fête aussi ses 40 ans, et l’AX GT, mon bolide rouge regretté, fête ses 20 ans… Bien sûr ce sont là l’anniversaire de présentation du modèle. Ma Méhari a 24 ans et ma 2cv 25 ans. L’essentiel sera de participer dans le but de rassembler le plus possible de Méhari dans un cadre majestueux… Reste à réviser ma belle pour effectuer la route en toute tranquillité, tout en la laissant dans son jus d’origine. Et voilà encore un autre projet ! Aurais-je assez d’une vie ? Et puis, il y a la maison, à reprendre, détapisser, retapisser, peindre, repeindre, aménager, prévoir un garage pour protéger mes belles, m’atteler au jardin laisser au repos ces dernières années.


Finalement, donner un sens à sa vie reste possible, à n’importe quelle étape que ce soit. Alors, on s’y met ? Excellente méthode pour éviter de se prendre le chou avec des futilités de cette vie-ci, même si cela paraissait important dans la vie passée. Il y a toujours pire, il y a toujours mieux, mais le mieux reste ce que l’on fait soi, le pire serait de ne rien faire par peur de ne pas y arriver. La perfection n’est pas de ce monde, parole d’extra terrestre ! Et puis, la pêche que cela donne reste quelque chose d’extraordinaire… Je vous assure…

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