Méhari

Calendrier tendu, les échéances approchent… Plus que quelques mois avant l’aventure. Plus que quelques mois pour s’organiser, pour organiser le périple, pour réviser, contrôler, améliorer, mettre tout en œuvre pour que tout se déroule au mieux. Echéance mai, quelque 650 kilomètres à parcourir pour la grande réunion de plus grand nombre de modèles possibles, l’anniversaire des quarante ans de la Méhari. Dans le cadre d’Amboise, histoire d’essayer de centrer les débats, en ce week-end de Pentecôte est organisé ce grand rassemblement. Une occasion unique ou presque, d’aller voir tout plein de belles, de tout âge, de tout état, beaucoup hélas, refaites à neuf, brillantes (trop ?) comme un sou neuf, car c’est là l’apanage des modèles anciens, beaucoup trop, à mon avis, sont comme neufs, brillent de trop dans leur peinture récente, faisant oublier l’âge de leur carte grise…

Certes, le but est avant tout la sauvegarde de l’espèce, mais combien cessent de rouler, d’exister dans leur fonction première ? Combien de films dit d’époque emploient des actrices à quatre roues trop clinquantes, oubliant que dans notre vie de tous les jours, nos voitures roulent plus souvent sales qu’à leur tour ? Je ne parle même pas du mélange du genre, des adaptations plus ou moins réussies, des hybrides mélangeant les tics stylistiques des différentes années de fabrication. Chaque auto a son histoire, chaque propriétaire en configure l’aspect. Certains trop puristes, certains libres artistes de la découpe et de la création. Je ne suis pas un puriste, un ayatollah dénigrant tout ce qui sort du moule, image humoristique pour cette auto à la carrosserie en ABS moulée, non, l’essentiel est le nombre encore existant, roulant, quel qu'en soit l’état, et surtout le nombre de voitures utilisées réellement!

Imaginez un peu cette auto, de son vrai nom Dyane Méhari, puisqu'elle dérive de la Dyane, née la même année, peut-être plus pour des raisons commerciales, car, en ce temps-là, la Dyane devait remplacer la 2CV dont les ventes s'essoufflaient... La conception ne vient pas des bureaux d'études Citroën, mais du cerveau d'un homme, Roland de la Poype. Carrosserie en ABS, matière nouvellement maitrisée en ces années 60, sur une structure légère reposant sur un châssis de 2CV camionnette. Présentée aux responsables Citroën, elle séduit immédiatement et fut intégrée à la gamme. Modèle contestataire? Elle est officiellement née en mai 1968 dans une société plus préoccupée par d'autres événements. Ce symbole du vent de liberté des années 70, n’a été fabriquée qu’à 144 000 exemplaires de 1968 à 1987. Beaucoup se sont perdues, affres d’une époque ou l’objet n’était qu’utilitaire, d’autres ont péri dans un incendie plus ou moins provoqué, d’autres finissent encore leurs jours dans des maisons abandonnées… On estime à environ 70 000 le nombre de modèles encore en vie, une vie allant du grand éventail de l’usage quotidien au coma en attendant une hypothétique restauration.


Usage utilitaire ou usage de loisirs, elles peuplent aujourd’hui plus facilement le bord de mer que l’intérieur des terres. Trop oublient encore que leur robe de plastique insensible aux embruns, recouvre un fragile squelette de métal mal protégé qui se transforme en dentelle dans la plus totale indifférence. Née en plein cœur des années colorées, la garde-robe est chatoyante, des tons assez toniques seyant à merveille au côté ludique de l’auto. Orange, jaune, vert acidulé, beige plus tranquille, vert plus camouflage, pour finir sa vie en blanc propre, approche des années 80 oblige… Et puis, des normes de sécurité, des normes de pollution ont eu raison de sa production. Et puis, les goûts avaient changé. Jusqu’à ce qu’une poignée d’irréductibles amoureux de ce gros jouet commence la sauvegarde. En même temps, l’armée se débarrasse de ces modèles plus vraiment adaptés à l’usage militaire. Des stocks de pièces sortent des oubliettes, des fabricants se lancent dans l’aventure, rachètent les moules d’origine, refabriquent les pièces pour notre plus grand bonheur. Aujourd’hui, il est possible d’en fabriquer une neuve, car tout se refait, tout existe en neuf, jusqu’à la moindre visserie. Aujourd’hui, il est possible de réviser la sienne de fond en comble, car le concept simple et pratique de la 2CV perdure dans ses gènes. Voilà ce que je peux dire sur la Méhari.
Vous parler de la mienne ? Oh, il n’y a rien à dire, elle est dans son jus, n’a pas encore 100 000km. Née en 1984, j’en suis son second propriétaire, après 22 ans passés dans la même famille, dormant au garage sous une couverture, ne sortant aux beaux jours que pour prendre l’air… Elle est beige, couleur un peu triste pour les uns, classe pour les autres, un peu plus passe-partout que certaines de ses sœurs. Longtemps je l’ai cherchée sans trop y croire, et puis, un beau jour, je l’ai trouvée, tout près de chez moi. Ainsi vont les choses. Croyez-moi, elle sera prête pour l’anniversaire, son anniversaire.
40 ans, ça se fête, non ? Sujet à suivre donc, j’essaierai d’en tracer les étapes essentielles, sans trop rentrer dans des descriptions ennuyeuses, ponctuant ci et là de photos prises au fur et à mesure de l’avancement du projet.

2 commentaires:

Unknown a dit…

mince alors...un bel esprit se cache sous le beige kalahari :)
@ bientot
romain, alias zeltron82

Didier a dit…

Merci Romain !
Beige Hoggar pour mémé, elle est trop jeune pour avoir connu le kalahari!
A bientôt sur nos routes !