Entre montagne et océan

Quelques pas sur la plage, il y a peu de monde, pourtant l’air est doux, l’océan tranquille et la lumière belle, éternellement belle. Sur sa droite, il contemple ses contours à peine voilés, sommets connus et reconnus d’ici : la Rhune et les trois couronnes. Il sourit et se disant : « il y a quelques heures, j’étais là-haut » La proximité de l’océan et des Pyrénées renforçait le caractère unique de cet endroit, la magie qui en découle et la passion pour ce bout de terre et d’eau. Rien d’autre n’avait d’importance lorsqu’il était ici, pas de chichis, ni de mode à suivre, juste goûter à mille saveurs, nager ou marcher, grimper ou bouquiner, les heures passées ici ressourcent bien mieux que toutes les chimies du monde.

Marcher, oui, mais pas marcher sans comprendre, pas marcher sans vouloir apprendre. Chaque terroir est unique et de chaque terroir nait un unique accent, une farouche volonté de vivre, de s’accorder à la nature des lieux pour en cueillir la quintessence des énergies. Ici, il y avait la force de la roche, la douceur de l’air, la rudesse des pentes et la fougue de l’océan. L’air que l’on respire est une tisane aux mille bienfaits sans compter le plus précieux : ici, le temps n’a plus de prise, la montre peut bien aller se rhabiller ou bien dormir pour de longs jours dans la corbeille de l’entrée, le seul temps qui compte se compte en jour et en nuit, le soleil tout puissant, les nuages parfois très gris, les pluies parfois fortes n’ont d’autres motivations que de compter les grains de sable de chaque journée.

Marcher en lisant les lignes de vies dans chaque sente, dans chacun des sentiers. Certes, certains sont fièrement balisés de rouge et de blanc, le fameux GR10 traversent les terres reliant l’atlantique à la méditerranée, d’autres se contentent de traits de couleurs, jaune, orange, bleu, d’autres enfin sont bien plus magique car ils ne portent en eux que les empreintes des bêtes les ayant tracés. C’est pas si bête une bête au fond, elle ne va pas choisir le danger ni la fatigue mais bel et bien la facilité à aller d’un point A à un point B quitte à faire quelques détours, et c’est là le sens de nos randonnées, relier deux points, marcher d’un point A vers un point B en empruntant les chemins de traverses ou les autoroutes à touristes….

Marcher le sac léger et la tête lourde de leçon, celles des animaux, celles de la nature, celles d’un monde qui s’offre qu’à celui qui s’y intéresse vraiment. Il n’y a pas de grands panneaux affichant « vous êtes ici », « là vous verrez un vautour », « ici un pottok », non, il y a la vraie mappemonde, celle sur sa sphère tout entière déployée, géographie sans limite commerciale, ni départementale, encore moins nationale, songez un peu, votre chemin va jouer à saute-mouton avec les bornes frontières, croyez-vous qu’il faille sortir son passeport à chaque entrée et sortie de territoire ? Marcher ici donne une autre dimension de vie, sans relation aucune d’avec les contraintes administratives qui hélas hantent nos quotidiens. Marcher ici, c’est être autre, ni français, ni espagnol, bi basque, ni béarnais, pas même landais, juste humain, non, terrien, oui, c’est cela, enfant de la terre avec la terre pour terrain de jeux et tant pis si Louis XIV a planté les bornes ici plutôt que là.

Marcher, oui marcher, parce que c’est le rythme qu’il convient pour respirer pleinement, pour regarder, observer, voir, sentir ce monde vivre, bouger, respirer. Marcher ici, parce que des sommets on se plait à voir l’océan et parce que cette plage, on se plait à voir ces montagnes à peine les avoir quittées… Il sourit en se souvenant des belles images de là-haut… Demain… Oui, demain.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Magnifique ce texte marcher et s envelopper de tout ce qui se passe autour la faune la flore les traces les odeurs .le vent .quelle douceur de se laisser porter par la terre .d être sur la mappemonde et de découvrir la terre des humains .nous sommes égaux face à elle .
Merci de ce petit voyage sur la terre

Cath