Bouclier

Au fil de nos temps, les mots se travestissent, les états de l’âme changent de couleurs comme de noms, désormais il n’y a plus de dépression nerveuse, il n’y a plus de pétage de plomb, non, désormais il y a fatigue et « burn out ». C’est mieux, c’est plus propre, ça fait plus « mode », plus « chébran » comme dirait les « djeun’s » d’un autre temps… C’est sport, c’est beau, c’est de l’anglais. Oui, mieux vaut le préciser sans quoi « burn out » pourrait tomber dans la facile confusion. Traduire l’intraduisible, que pourrait-on dire, cramé ? Mais cramé dans ses instants ultimes, lorsqu’il n’y a plus rien à cramer, lorsque le feu s’éteint de lui-même…. Pas terrible comme état, mais état tout de même et comme chaque état, il est une composante qui ne doit pas dénaturer ni faire oublier l’être piégé derrière. Non, ne pas laisser s’éteindre la flamme car sans flamme il n’y a plus de vie. Bien plus que la chimie il y a la vie et ses multiples formes, bien plus que les médicaments, il y a les chimies des vies, qu’elles soient minérales, végétales, animales, humaines ou spirituelles, chacune apporte ses énergies nécessaires à rejoindre le mieux, cette étape subtilement nécessaire pour donner cette impulsion des deux pieds sur le fond de la piscine. On a beau changé les mots, les mal êtres demeurent des maux de l’être.


Comme l’anglais est à la mode, on a inventé le stress. N’en parlez pas à vos anciens, eux, le patois anglais n’a jamais été leur tasse de thé, alors l’équivalent en patois du mot « stress » va falloir vous accrocher pour le trouver ! Au pire, avant, on était inquiet, ou bien anxieux, angoissé dans sa terminologie la plus latine, racine amère des angines qui vous serre et vous étouffe entre ses mors comme un étau, mais de stress, non, pas question. Là encore, nature et chaleur humaine, détente en bienfait, réflexions spirituelles en source d’apaisement, c’est par les mêmes approches que l’on soigne et aide à libérer des liens qui nous oppressent.  Sans autres chimies que l’alchimie de la vie. Vraie.



Se recentrer, se rapprocher de notre monde. Planter ses racines dans le sol, sentir les rochers, les pierres et la terre, caresser le végétal, planter ses doigts dans la pelouse, soigner et respirer ses fleurs, se nourrir de l’animal, le vol de l’oiseau, la féline compagnie, la promenade du chien, chaque geste, chaque pensées, chaque évolutions parmi ces règnes du vivant sont sources de vie. Se relâcher, se laisser aller, lâcher prise sur l’existant, s’évader et rêver, méditer, se connecter aux sources spirituelles, sans doctrine, sans imposition, juste relier ses racines aux cieux. Etre, mais être soi, en équilibre entre terre et ciel, au cœur des règnes vivants, vivant parmi les vivants, évoluant dans les aires de la vie. L’exercice n’est pas simple mais comme tout exercice, il s’apprend, il se comprend, il se pratique et par la pratique nait l’expérience et la fluidité. Bien sûr cela n’ôtera pas les sources de stress ni de « burn out » mais ces pratiques aideront à les évacuer, puis peu à peu à se forger un bouclier pour mieux s’en protéger…    


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