Cri de crise

Notre monde est en crise, en crise d’humanité. Oubliées les belles devises qui firent leurs pas de danses au rythmes des époques et des gouvernances, effaçons bien vite les notions de liberté, d’égalité, de fraternité, de travail d’honneur et de patrie. Non, ce n’est pas la république qui est malade, ce sont les républiques, et non, ce n’est pas la nation mais bel et bien les nations. Tremblement de terre ou révolution, coup d’état ou coup de Trafalgar, le poids d’un vote se compte aussi dans l’expression de la non expression sans compter qu’à trop diviser, les additions ne se font plus, il n’y a plus qu’une organisation non divisée pour en recueillir les lauriers. Comment le quidam peut se retrouver dans ces stratégies électorales ? A l’heure où les idées de regrouper les régions, de faire disparaitre les départements bouillonnent et font bouillonner tout un chacun attaché à son territoire, il suffit pour cela de se rappeler l’épisode des plaques d’immatriculations sans numéro de département, ne voilà-t-il pas qu’on nous découpe le bonnet phrygien en huit parts non égales ni en géographie, ni en nombre de député, ni en mode de pensée ! Le voilà donc le nouveau découpage régional, exit le modèle reprenant les indicatifs téléphoniques servant à regrouper les services administratifs des postes comme es armées, non, là, c’est encore mieux ou bien pire, c’est selon du côté du ruban dont on se place. Là, le ruban est coupé, vive la marinade du peuple métis. Oui, on est en droit de se révolter, mais le bulletin de vote ne fait pas le poids pour cela, pire, il fait croire à une commune pensée qui n’est pas de mise, et le pire du pire, c’est d’avoir vingt-cinq listes pour s’exprimer et de se concentrer sur une seule…


Pourquoi cela ne semble pas cohérent ? Peut-être bien par le grand écart entre discours ou idéologie proposée et diversité voire opposition de comportement du peuple votant à moins que la réponse soit dans le non vote du peuple votant semblant non en phase avec la doctrine émise ? Qu’y-a-il donc de divergeant ? L’individualisme en force, la violence dans toutes les situations, en famille, au boulot, sur la route, dans les loisirs, non, ce n’est pas possible, nous vivons un cauchemar éveillé… Une société pêchant par excès de liberté en viendrait donc à réclamer d’avoir des limites, des bornes à ses frontières, un contour bien dessiné ? Y aurait-il de l’inconscience là-dedans ? A moins que ce ne soit les excès des autres partis qui aient conduit à un report de votes massifs sur le seul autre parti indépendant, la faute aux clones et aux dissidents qui n’ont pas su bâtir une image suffisamment solide pour ne être crédible ? Quoi qu’il en soit, un parti se réclamant du peuple ou de la nation ne peut par définition adhérer à ses homologues des autres peuples et nations sans trahir sa doctrine première. On ne peut clôturer ses frontières avec l’aide des personnes dont on souhaite s’isoler, à moins qu’il n’y ait annexion à la hussarde, un vieux retour de l’empire. D’ailleurs, nos anciens empereurs qu’ils se nomment Charlemagne ou bien Charles Quint, Napoléon Bonaparte ou Jules César n’avait-ils pas tracé en leurs temps les contours d’une Europe à gouverner ? L’Histoire est pleine d’exemples, ni tout à fait liés, ni vraiment étrangers. A chacun d’en comprendre le sens et d’en tirer les leçons, il est des épisodes bien sombres et d’autres pas forcément plus clair dont il faut du temps pour mesurer la portée.


Les élections sont passées, retour à nos vérités. Le poids d’un vote ne devient représentatif que par cumul et addition, il est fort ambitieux de dessiner les tendances sur d’autres modèles politiques, encore plus difficile de vouloir expliquer cela. L’impatience amène parfois à perdre son sang-froid et à se précipiter dans une contre décision, pourtant, la gouvernance d’un état et pire encore d’une communauté d’états est tout aussi difficile que de barrer le Titanic ; Pire, le temps de réaction entre l’ordre et la mise en mouvement de l’ordre est bien plus lente que pour le Titanic, le bateau sur lequel nous sommes est bien plus gros et lent aux manœuvres, fussent-elles politiques, économiques et communautaires. Multiplier les commandants, c’est diviser et faire diverger les ordres, c’est se perdre dans un brouhaha de contradictions. Les plans pour se relever et poursuivre notre beau voyage sont des plans sur vingt ou trente ans, pas sur cinq ans comme pour suivre une pure logique électorale. Certes, nous approchons des mers de glaces mais nous n’avons pas vraiment d’iceberg en vue, raison de plus pour rassembler les forces, y mettre du sien pour maintenir l’agilité du bateau sous peine de devoir vite foncer vers les chaloupes, et là, on n’a pas fini de ramer…..

Tous, ensemble, avec fraternité, d’un même rythme, avec égalité, en route vers la liberté, celle qui commence là où celle de l’autre finit, celle qui se conjugue avec respect, celle d’un monde multicolore où la diversité enrichit plutôt que l’enrichissement divise. Il n’y a d’utopie que ce que l’on juge utopiste, il est par contre des défis nécessitant de relever les manches et d’être acteur et moteur. Voter c’est bien, agir, c’est mieux. Un cri de crise vaut mieux qu’un vert de gris…



       

   

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