Ce n’est pas une
couverture qui attire, il n’y pas de top-modèle en photo, il n’y a pas de ces
images ayant à la fois le côté chic et sensuel un rien sexy qui happent l’œil,
non, c’est une simple couverture blanche avec écrit « Mémé » et en
haut « Philippe Torreton ». Non, il n’y a rien de glamour là-dedans.
C’est un livre somme toute anodin mais ce livre anodin ne peut rester un livre
anonyme, et comme il n’est pas anonyme, il ne peut être véritablement discuté. Pourquoi ?
Peut-être parce que derrière la prose fine d’un véritable acteur et donc joueur
des mots, il y a la prose intimiste d’un petit-fils racontant sa mémé et là où
le texte prend toute sa force, c’est dans la façon dont on le lit, dans la
façon dont il trouve écho dans nos propres vécus. Je vous l’accorde, cela est
vrai pour beaucoup de textes, les mots prennent le sens que l’on veut bien leur
donner, les mots ne sont que des tiroirs à idées dans lesquels chacun range ce
qu’il veut bien y ranger…. Aussi, ce livre-ci, je ne peux que vous conseiller
de le lire, sans vous promettre d’y retrouver mes émotions, parce que si nous
partageons le même âge, si nous sommes de la même génération, ce livre au fil
des mots m’interpelle et interpelle l’histoire de ma mémé tout autant que celle
de ma maman.
Deux femmes de ma vie.
Maman, tu ne fus pas mémé mais tu fus mamie. Mémé, tu ne fus pas mamie parce
que tu étais mémé, c’est ainsi que nous appelions nos grands-parents en ce
temps-là. Ce qui est à la fois tendre, émouvant et remarquable, c’est les
similitudes entre cette mémé de Normandie et ma mémé du Lauragais. Remarquable,
mais pas tant que ça, lorsqu’on y pense, il y a dans ces parallèles et ces similitudes
qu’une même naissance : le bon sens paysan. Ces gens de peu devaient
utiliser de mille trésors d’ingéniosité, il y a ce temps des ingénieux, bien
avant le temps des ingénieurs… Ce sont mille clichés qui viennent mouiller les
yeux, une vieille meule à aiguiser les couteaux devant laquelle mon grand-père
s’asseyait et que ma grand-mère faisait tourner au moyen d’une manivelle de fer
et dont l’arrosage régulier était assuré par une boite de conserve suspendue
au-dessus remplie d’eau s’écoulant au travers d’un trou fait au moyen d’un clou
et d’un coup de marteau sec. Et il y a en a d’autres et d’autres à lire, à
relire, à trouver. C’est un livre qui ne se lit pas d’un trait, non pas parce
que la lecture en est difficile, non, c’est superbement bien écrit, ce qui
complique la lecture, c’est l’appel aux souvenirs, le réveil aux personnages de
sa vie, c’est la justesse de ton et de situation qui vient éveiller deux femmes
aujourd’hui envolées à jamais.
Il n’y a pas grand-chose à
ajouter, si ce n’est que je suis heureux d’avoir pu conclure la lecture des
dernières page sur ce coin de sable, d’air iodé et d’océan qui est cher à mon cœur
et qui fut cher à ma maman. Les larmes qui tombent sur le sable ne meurent pas
tout simplement mais tout simplement elles dessinent des petits reliefs sur le
sable qui n’ont d’égal que les reliefs de nos vies auxquelles nous ne donnons
que la fragilité du sable par nos manques perpétuels de temps, de confiance
tout en croyant toujours avoir le temps jusqu’au fatal « trop tard ».
Comment conclure autrement
que par dire « merci » de m’avoir offert cette précieuse lecture, il
est des larmes bien précieuses car elles aident à retrouver le sens des choses.
C’est donc un livre « à lire », selon votre propre rythme, mais je
gage pourtant, qu’il ne vous laisse point indifférent….
1 commentaire:
Merci de partager cette lectures .émouvant et attachant sans doute je ne l ai pas lu .mais comme tu le décris un hommage à nos grands mamans et à nos mamans qui sans elles nous ne serons pas en vie .et nous perpétuons cette humanité et ces liens très fort et chers à nos cœurs .
Cath
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