Un tube en or

Juste comme ça, par pur plaisir, un petit retour sur un tube planétaire, enfin au moins francophone ce qui revient au même d’ailleurs, non, je déconne…. C’est l’histoire de trois coureurs africains des hauts plateaux de l’Afrique, ce qui tombe bien au fond, non ? Tous les matins depuis tout petit, les voilà partant en courant à l’école distante de plusieurs dizaines de kilomètres, et tous les matins, ces petits gars se font la course, je te double, tu me passes, je te gagne mais toujours, au moment de passer le portail de l’école, les voilà à le franchir d’une même foulée, parce que c’est ainsi la vie sur les hauts plateaux, il y a le sport, les défis mais par-dessus tout, l’amitié, la fraternité, la vraie, celle-là même qui tend à disparaitre des cours de nos écoles, des cours de nos lycées, des cours de nos facultés, du cours de nos vies…


Chaque jour, du moins les jours de classe, c’est toujours la même course, les mêmes règles et petit à petit ces petits grandirent et tout en grandissant, ils ne cessèrent pas de courir, ni de lutter ni de gagner ensemble. Ils étaient devenus une vraie légende dans le pays puis par le jeu du bouche à oreille, dans les pays voisins et bientôt plus loin, si loin qu’un émissaire s’en vint, du verbe s’en venir et non le nombre, imaginez un peu cent vingt émissaires s’en venant en même temps, nos trois coureurs auraient pris leurs jambes à leur cou ! Cet émissaire donc s’en vint voir de plus près ce qu’on lui avait raconté, et il se posta près de l’école un matin, de classe, c’est mieux. Bientôt il vit un nuage de poussières à l’horizon, puis trois garçons courant, se dépassant en riant, et sur le pas de la porte, se regrouper pour entrer tous les trois d’une même foulée. Amusé et ravi de voir qu’on ne lui avait pas menti, il revint le lendemain avec un fusil, deux bâtons et un chronomètre… Que croyez-vous qu’il advint ?

Première proposition : 

Exténué par sa longue nuit blanche peuplée de rêves étranges, il s’endormit et rata le passage des petits gars, dans son sommeil, son corps lourd chuta et fit basculer le fusil qui dans une grande détonation brisa la carrière d’un tapis volant qui eut le malheur de passer par là ce matin-là. C’est d’ailleurs depuis ce jour que le vol de tapis est sévèrement réprimandé par la loi.

Deuxième proposition : 

Il s’installa dès l’aube, et les nuits sur les hauts plateaux étant plutôt fraîches  il se réjouissait d’avoir emporté avec lui deux bouts de bois pour se faire une belle flambée. Malheureusement, notre homme ne fumait pas et n’avait point de briquet. « Qu’à cela ne tienne, un bon coup de feu sera d’un bon secours pour mettre le feu aux poudres » pensa-t-il. Il tira sur le bois qui loin de prendre feu se brisa en deux, la détonation réveilla le voisinage et l’homme fut emprisonné pour tapage nocturne. Relâché après de nombreuses années, il fut prié d’aller s’immiscer ailleurs, un comble pour un émissaire.

Troisième proposition : 

Rien de tel qu’une bonne nuit pour être en pleine forme. Reste que se lever tard ou du moins après le passage des coureurs n’est pas une bonne chose… Qu’à cela ne tienne, il reviendra demain…. Cela dit, demain, je ne suis pas sûr qu’il y ait école…

Quatrième proposition : 

A l’aube naissante, l’émissaire émis l’idée d’aller se poster près de la porte de l’école. Ayant au préalable repéré le trajet des coureurs, il planta un bâton sur le bord de la piste, puis mesura à grandes enjambées ce qui lui sembla une distance nécessaire et à sa mesure. Là, il planta le second bâton. Mais le fusil me direz-vous ? Et bien le fusil, ce n’est pas tant pour les moustiques que pour les lions toujours affamés à leur réveil et n’oublions pas, nous sommes à l’aube d’un nouveau jour…

Que croyez-vous qu’il arriva ?  

Facile !


Trois coureurs dans un nuage de poussière…. Arrivés au premier bâton, le premier s’en saisit tout en se faisant doublé par les deux autres. S’en suivit une course étrange ou à tour de rôle, ils se passaient le bâton, jusqu’à la porte de l’école et le rituel de la même foulée pour franchir la ligne. Amusé l’émissaire les attendit jusqu’à ce que la cloche eut sonné et que l’école fut finie. Il les prit sous sa protection puis les dirigea sur de longs entraînements avant de les inscrire à une compétition officielle, loin, très loin, dans la froide Europe. Surpris et un peu déboussolés, nos trois amis (depuis le temps, tout de même, ce sont des amis !) se concertèrent et décidèrent de leur stratégie : courir vite, courir groupés, gagner puis en chœur ils crièrent « à l’or, on danse » dans un cri de guerre synonyme de chant de victoire…. Et ils gagnèrent, tous les trois dans la même foulée, pour la surprise générale, enfin, pas pour vous, vous, vous le saviez déjà et comme prévu les voilà qui se trémoussèrent en chantant « à l’or, on danse »…. Un tube vous dis-je….      

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