Quel bordel !

Partir mais partir loin, sans revenir. Disparaitre sans disparaitre, juste n’être plus là, plus ici, sans vraiment être ailleurs. Sentir ce juste moment, ce juste point devenant peu à peu un point de non-retour, parce que… Des « parce que » il y en aurait tout plein, un « parce que » c’est assez con au fond, ça pousse comme du chiendent, comme la misère sur le monde, comme des coquelicots dans un monde qui a appris à mesurer ses pesticides…. N’avez-vous pas remarqué combien nous jouissons désormais de superbes champs de coquelicots jusqu’en bords des routes depuis que certaines sonnettes d’alarmes sur l’usage trop intensifs de la chimie dans le monde agricole ont ainsi prouvé qu’elles n’étaient point sornettes ? Mais pour autant, un « parce que » n’est pas un coquelicot, le coquelicot, c’est beau, c’est joli, c’est fragile, ça ne se cueille qu’en peinture ou bien qu’en photo les coquelicots, et ça ne doit rien à un couturier japonais… Quant au chiendent, ça pousse bien, ça file droit à travers les pelouses, et si certains jardiniers s’évertuent à les arracher, un petit bout suffit pour refaire toute une histoire, et le jardinier peut recommencer son ouvrage ou bien encore aller se brosser… de sa brosse en chiendent bien sûr…. La magie de la botanique fait qu’il ne faut point confondre le chiendent avec la dent de chien, petite fleur que nous croisons parfois sur les bords des chemins de randonnées…


Mais tout cela ferait presque fuir les « parce que ». Pourquoi ? Il est vrai que les « pourquoi » n’habitent jamais bien loin des « parce que » qui à en avoir des dialogues de sourds « pourquoi ? Parce que… » Et comme il y a beaucoup de « parce que » il y aura donc beaucoup de « pourquoi » parce que le monde cherche à comprendre toujours même et surtout lorsqu’il n’y a rien à comprendre voilà aussi une des raisons qui donnent parfois envie de partir, mais partir loin, sans revenir, de disparaitre sans disparaitre, de n’être juste plus là, plus ici, plus vraiment sans vraiment être ailleurs, sans forcément rien comprendre ni qu’il y ait quelque chose à comprendre. Crever la bulle pour s’en échapper et se construire sa propre bulle, juste à côté peut-être ou non, l’important n’est pas le lieu mais la bulle, non pas pour coincer sa bulle, non, juste respirer, souffler, couper les sons extérieurs et enfin se donner son temps, son tempo, s’attendre et s’entendre, respirer et expirer, se recentrer, se retrouver, parce que le chemin a été long, parce que le sentier a parfois été très mauvais, parce que à flirter avec le bout de la vie on prend peut-être conscience de ce qu’on est prêt à perdre, parce que parfois il faut prendre de la hauteur pour mieux Visualiser les tours et les contours, les détours et l’entourage, bref, le microcosme de sa vie, c’est peut-être con mais ça fait du bien, un peu comme s’il fallait avoir la peur de sa vie pour avoir envie de l’aimer à nouveau.


Ce n’est pas une question de temps, le temps est une matière si fluide qu’on lui prête toutes les formes, qu’il soit question de quitter une conversation sous prétexte de manque de temps, qu’il soit question de refuser d’avancer parce qu’on n’aura pas le temps, cela est devenu tellement humain de se parer sans cesse du bouclier temps, peut-être même bien plus que le bouclier « âge »… « A ton âge… » « Vu ton âge… » C’est passé de mode, la faute au temps sans doute, ce prétentieux magnifique qui dresses ses barrières de temps face aux vies des Hommes. Puis un jour vient où le temps nous quitte, pourquoi, parce que, il y aurait mille raisons à disserter et cela serait s’appesantir sur le temps, en oubliant de vivre et de profiter de ce temps sans temps… Le temps n’est que contenu dans le sable du sablier, il en suit chaque grain dans sa chute inexorable, mais au fond, la chute du temps n’est que la cause de la gravité, voilà qui n’est pas pour autant une raison de ne voir dans le temps qui file qu’une source de gravité… Sourire. Le monde est beau, c’est la vision des humains sur le monde qui le dessine en gris. Mais à quoi diable sert l’arc en ciel si c’est pour ne retenir des couleurs que le gris des nuages ? Faut-il donc attendre d’être mouillé pour comprendre qu’il pleut ?


Ce n’est pas une question de ras le bol, pour cela il faudrait avoir du bol et l’envie de se le laisser remplir à bord, ce n’est pas une saturation, les couleurs les plus saturées en sont vives et exaltantes, c’est juste parce qu’il est temps de partir, mais partir loin ou non, sans revenir, de disparaitre sans disparaitre, de n’être juste plus là, plus ici, plus vraiment sans vraiment être ailleurs, sans forcément qu’il y ait quelque chose à comprendre ni comprendre, peut-être bien parce que sorti du cercle des humains qui ne se déplacent plus qu’avec force repère et donc ont besoin de coller des étiquettes sur tout, mais après tout, nous ne sommes pas non plus des pots de confitures et nous avons le droit d’avoir plusieurs goûts, plusieurs parfums, ce qui en langage humain pourrait se traduire par « plusieurs étiquettes » Mais alors, comment les coller, laquelle mettre en premier, en avant, dans quel sens ?


Quel bordel !   

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