Quelques
nuages gris, quelques gouttes de pluie puis plus rien, il ne pleut plus même
s’il a plu c’est l’automne qui s’annonce. Les nuages ont grossi, le ciel est
devenu gris, la pluie est retombée, à grosses gouttes, de plus en plus
nombreuses, c’est-il l’été qui pleure son départ ? Car c’est bel et bien
un orage d’été qui éclate et déchire nos habitudes de douces températures et de
réconfortants rayons de soleil, même les sols trop secs ne peuvent boire cette
eau tombée en abondance. Faut dire qu’on l’avait presque oubliée cette pluie,
depuis tellement de temps, depuis tellement de chaudes et belles journées, et
dans ces premiers jours d’octobre, on peinait à comprendre pourquoi les plantes
dehors, pourquoi le jardin semblaient éteints et flétris. Voici que la vie
tombe en goutte, de quoi requinquer le moindre brin d’herbe, peut-être bien
ouvrir les yeux des humains encore à l’heure des vacances.
La
pluie choit, drue et tiède, il ne pleut pas des cordes, ça y ressemble pourtant
mais en beaucoup plus humide. L’occasion aussi de se replonger dans ses
intérieurs et se consacrer à tant de petits chantiers sans cesse repoussés,
l’occasion aussi de profiter d’un coin confortable pour lire ou écrire, dormir
peut-être, bricoler, rêver, il y a tant et tant de choses à faire bien plus
occupante que de regarder la pluie tomber derrière les carreaux. Au fond, il
pleut, mais qu’est-ce que ça change ? La pluie nous enquiquine lorsque
nous sommes dans nos positions de dominants, coincés sur le périphérique dans
nos boites de conserves nous servant de véhicules, ou bien à l’abri dans le
confort de nos logements, mais la pluie en randonnée, là, c’est une toute autre
histoire… « le crachin du matin n’arrête pas le pèlerin » c’est vrai,
cela dit, la pluie du soir non plus, parce que de toute façon, s’arrêter sous
la pluie c’est choisir de se mouiller tandis que marcher sous la pluie peut
nous offrir ce moment magique où l’on marche entre les gouttes, cela dit,
personnellement, je n’y suis jamais arrivé mais bon, ce n’est pas non plus
faute d’avoir essayé. On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa
famille, on ne choisit pas non plus la météo pour marcher, pas plus que nos
anciens ne choisissait la leur dans leurs travaux et vies tellement plus
extérieures. Je me souviens des bergers en pèlerine, raides comme des cierges
sous un ciel de baptême dont leurs grands parapluies les protégeaient, scrutant
le troupeau paissant l’herbe mouillée du pâturage dans un temps où les ours et
les loups se tenaient à l’écart des hommes. Simple rapport de force inversé,
désormais c’est l’Homme qui se tient à l’écart des loups et des ours ainsi que
des troupeaux, qu’il pleuve ou qu’il vente… Marcher à bonne allure sous la
pluie, c’est être aussi trempe mais de l’intérieur que de marcher plus
lentement couvert de ces bouts de plastique, qu’ils se nomment poncho, pèlerine
ou bien autre imperméable, leurs fonctions d’étanchéité étant très bien remplie
à l’arrêt, elle en deviennent néfaste dès lors que le corps exulte et
surchauffe en mouvement. Tout comme hier, rien ne vaut un bon, grand et solide
parapluie, le manche fermement tenu en main, il protègera de la tête aux pieds
en couvrant aussi le sac. Certes, vous voilà du coup plus encombrant, les
petits sentiers en sous-bois en sont moins accessibles mais après tout, dans la
forêt dense, la pluie glisse sur les feuilles et le parapluie est aisément
remplaçable par le moindre couvre-chef, de préférence un béret dont la laine
feutrée est à la fois étanche et respirante, le confort en plus d’être au sec,
on en regretterait presque qu’il ne pleuve pas plus souvent…. Là encore, nos
anciens avaient dû expérimenter pour s’équiper aussi efficacement.
Marcher,
randonner, vivre pleinement en extérieur se passe aisément des modes, reste à
déjouer les pièges du commerce et du marketing, mais comme ne toute chose, il
est bon de réfléchir un peu, de suivre les conseils des vieux sages aussi mais
surtout de laisser agir le bon sens paysan qui sommeille en nous…
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