Mea culpa

Mea culpa, je reconnais n'avoir été qu'un humain, avec ses erreurs, ses fautes, ses défauts, même si souvent je me suis cru martien, mais après tout, là est la première de mes erreurs. Non, je suis bien terrien, humain, les pieds bien ancrés dans les énergies de notre terre, la tête reliée au cosmos, tout en étant bien fixée sur mes épaules, c'est plutôt ce monde qui se peuple d'extra-terrestres qui n'ont somme toute rien d'extra. Si ce n'est peut-être bien de n'être qu'étrangers au mal si facilement distribué. Oui, humain, terrien, homme je suis, plein de défauts, de paradoxes, d'erreurs, d'errements. De cicatrices aussi, les leçons de la vie sont parfois cruelles, blessantes et même toxiques.


Oui je me suis trompé, trompé d'histoires, trompés de personnes, jamais de personnage, ma grande faiblesse est de n'être que moi, pas de rôle joué, pas de demi mesure, entier, dans le bon comme dans le mauvais. A se livrer entièrement, on se ramasse entièrement, loi basique, loi usante, la loi est dure mais c'est la loi.


Oui, j'ai mal choisi ma famille de cœur, ces «amis » aptes à profiter de votre bonté, de votre écoute, maitre dans l'art du silence et du demi-tour. C'est mieux ainsi, ça forge, ça apprend la vie. Amères expériences aux si doux visages, je ne peux imaginer la mort sous des traits disgracieux après avoir vu ceux si gracieux de sa jumelle, la trahison. Il est aussi vrai que je déjà vu la mort, par deux fois, ce qui m'ôte la peur que peut ressentir le commun des mortels.


Oui, j'ai fait des non choix et des mauvais choix, des choix mauvais aussi. On croit savoir ce qu'on ne sait pas et puis on s'aperçoit, trop tard, qu'on ne savait finalement pas ce qu'on croyait savoir. Ignorance de l'homme, complexe de supériorité dans l'aveuglement d'une relation naissante toujours illuminée de tant de beauté. On apprend aussi à ne pas se fier aux charmes trop fardés.


Oui, j'ai cru avoir franchi la ligne d'arrivée, avoir enfin atteint ce graal qui conduit nos vies vers un but, ce but précis, depuis la nuit des temps. Fonction animale, fonction vitale, fonction reproductrice. Rencontrer, séduire, s'accoupler, reproduire, créer sa famille, écrire ses lignes dans le grand livre de l'évolution.


Oui, j'ai perdu patience et j'ai perdu confiance, oui, j'ai perdu pied et j'ai choisi le bouton « stop » puis « eject » sans que l’éjection ne soit finalement enclenchée, concours d'amitiés, réelles, celles-ci. Chute rapide, on bascule vite dès qu'on franchit cette frontière qu'on ne mesure qu'une fois franchie. On se relève moins vite, proie facile pour prédatrices affamées. Belle leçon de la réalité du glossaire médical et psychiatrique, des ces leçons qui vous font quitter brutalement le monde des bisounours pour celui des réalités cérébrales écorchées et abimées.


Oui, j'ai donné, beaucoup, oui j'ai reçu peu et surtout, non, je n'ai pas su recevoir, entendre et comprendre bien des soutiens, bien des gentillesses délivrées. Conséquence des moulages de l'enfance, d'une époque où l'on ne savait pas forcément dire ce qui était bien alors qu'on savait punir et éclairer les écarts du chemin fixé par les sacraux-saintes lois familiales.


Oui, j'ai trainé en chemin, me croyant immortel surement, à l'abri du temps et ayant le temps et je n'ai pas su mettre les bonnes priorités sur les bonnes choses pour me trouver à temps dans le bon train. Oui, je le mesure aujourd'hui en étant sur le quai, voyageur immobile qui regarde défiler tous ces trains de vies, tous ces destins croisés le temps de quelques instants. Regards échangés, paroles muettes, ainsi passe la vie.


Oui, je n'ai pas pris conscience de la richesse d'être en bonne santé, jusqu'au jour où...


Oui, je n'ai pas mesuré les richesses de la vie, les trésors de chaque instant, les lumières qui brillent même au clair des nuits les plus sombres de l'âme.


Oui, j'ai oublié qui j'étais en croyant être qui je n'étais pas.


Oui, je sais, du moins je pense, que le chemin n'est pas terminé, du moins dans l'absolu, parce que ce chemin-ci, est un chemin sans issue qu'il convient de quitter. Oh non, pas faire demi-tour, je n'ai pas la force de recommencer à affronter les dragons du parcours, et puis, on ne rejoue pas la grande partition de la vie, on tourne la page et on joue une suite, sinon, on se pose devant le pupitre et l'on trace les notes des futures symphonies. Non, pas de requiem, les maitres l'ont déjà sublimé, je me contenterai des leurs, mes préférences vont à Giuseppe Verdi, n'en déplaise à Mozart, et puis, pour le sourire et l'épitaphe, à Monsieur Gainsbourg et son Requiem pour un con, le bien nommé, n'est-ce pas ? Alors la pause est à l'écriture, les pages se tournent, se ferment, certaines s'effaceront, les notes tracées dessus retrouveront une liberté et s'en iront ailleurs, piqûres ou caresses, ainsi va la vie. Il n'y a pas d'angoisse de la page blanche, ni même peur de demain, je sais que la mort est une transition infiniment plus douce que n'est la vie, du moins que ne fut ma vie, je suis très heureux de l'avoir vécue, de façon si claire, rejouée deux fois de suite pour mieux imprimer la douceur de son vécu. Oui, les faux pas tordent la cheville mais ne détruisent pas l'envie, pas plus que la volonté. Oui, toucher le bout, c'est mesurer le parcours, c'est comprendre comment il est bon de marcher, de rire, de partager, mais toujours dans le vrai.


Oui, j'ai pleuré et je pleure encore, chaque arrêt, chaque départ, chaque fin d'histoire, amicales, partages, échanges, laisse un vide, jette un froid sur les charbons ardents d'un feu qui à force s'épuise.


Oui, je pardonne aux faussaires, je pars de ces vies sans haines, sans douleurs, j'en sors comme on quitte un manège pour s'en aller ailleurs, plus loin, sans savoir si on reviendra sur le manège, celui-ci, un autre, qu'importe, ni même sans savoir si d'autres manèges borderont notre route.


Oui, je remercie la vie, de toutes ces leçons, un cumul mais peut-être bien que j'avais des leçons à rattraper, ainsi vont les karmas et les lumières. Merci pour ces rencontres, diamants étincelants, paliers franchis, marches du grand escalier d'une modeste vie.


Oui, je suis en vie. Mais au fond, c 'est quoi être en vie ?

Oui, je suis en pause, je dirais même, à une intersection de vie. Une vie sans issue, des choix pour quitter cette mauvaise sente et rejoindre...qui sait ? La clairière ou la grotte ? Le monde ou le silence ? Les échanges ou la spiritualité ? La vie active ou la réclusion ?


Gomme. Crayon. Papier.


Verdict, et non verre dicte, n'en déplaise au « in vino veritas » c'est dans l'eau que je baigne, c'est par l'eau que je m'hydrate et que je calme mes plaies.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le carrefour est là. Ecoute ton instinct, il te dira la bonne et la seule direction à prendre. N'écoute personne à part toi. Exit les discours. Seul ton "toi" intérieur sait.
Solitaire je suis et c'est bien l'isolement qui m'a permis de voir enfin.
Après, il faut aussi savoir sortir de là au risque d'y rester pour de bon.


Natacha.