curieux?

Curieux, étrange, surprenant, bien des adjectifs pourraient qualifier le cours de la vie, loin des clichés, loin d’une complexe analyse, juste cette prise de recul, cette prise de hauteur sur les événements et leurs cours, sur les débords de ce fleuve capricieux et fougueux qu’est ce long ruban de vie. On comprend mieux en voyant ces contours sinueux et irréguliers combien il est difficile de croiser des parcours parallèles, mais au fond, les sources d’intérêts, l’enrichissement vient de la diversité, de ces zones non convergentes sans qu’elles soient complètement divergentes, juste parce qu’une vie c’est trop court pour tout parcourir, découvrir, juste parce que « oui », « moi aussi » ne sont pas des mots clés du dialogue, la vie est à elle seule, une source de vie et d’envies.

J’ai souvent comparé la vie à un jeu d’échec, pour la stratégie, la similitude, savoir perdre pour gagner, accepter de perdre pour gagner plutôt, mais cela s’arrête là, la vie n’est pas une partie d’échec qu’on dissèque, qu’on rejoue à l’infini pour comprendre et modifier les stratégies, les coups qui ont conduit à l’échec. Non, la vie n’est pas un échec, même si parfois elle nous semble peuplée d’échecs, peut-être bien aussi que parce que trop souvent on voit le verre à moitié vide plutôt que le verre à moitié plein, peut-être aussi parce que la culture de la gagne à déformer volontairement l’ordre de nos synapses. Un coup pour rien. Non, il n’y a jamais de coup pour rien, il n’y a que des coups dont on fait rien, par manque de temps, par manque d’envie, par rejet, par peur, par douleur, parce que oui, prendre des coups fait mal, parce que ce diable d’ego est d’une sensibilité forte, parce qu’après l’amour, l’amour propre se retrouve à découvert et même trop découvert au point de ne pas supporter la lumière du grand jour qu’il fait dans ces jours si sombres, et puis aussi parce que les couches de morales reçues, appliquées à la brosse, au pinceau ou au compresseur des différentes variantes de notre éducation ont étouffé notre personnalité dans cette coquille judéo chrétienne, notre moi sous un toit qui n’est pas protecteur mais castrateur. Est-ce pour cela que la première révolte, la première mue d’un peuple voulant se débarrasser d’un joug dictateur au cœur des années soixante et soixante-dix (ce mot m’énerve de par son illogisme et sa méthode destructrice d’associer un soixante et un dix comme si d’un seul coup nous ne savions plus compter ! Ah ! combien je félicite nos amis francophones, meilleur gardien de notre langue que nous, qui savent compter en septante et en nonante, bien plus logique et tellement plus réels !), est-ce pour cela que le regard s’est tournée vers l’orient, que les pas se sont fait vers Katmandou ou autres spiritualité ?

Comme si la réponse à l’oppression d’une forme de pensée n’était que la quête d’une autre oppression, peut-être parce qu’avant de savoir voler vraiment, l’oiseau tomber du nid ne sait pas encore qu’il sait voler et n’ose pas voler. Remplacer un guide par un autre n’est pas se guider soi et être autonome dans sa marche, mais plutôt rester sous l’asservissement d’un autre, peut-être tout simplement parce qu’on ne sait pas qu’on peut marcher soi-même sans être guidé pour le faire. Il y a pourtant eu une première fois à toutes les fois, une première foi à toutes les fois, il y a aussi ces situations d’urgence où l’esprit nous guide, notre esprit, notre bon sens, parfois même, notre instinct de survie. Ces cas-là, même si ultimes, conduisent au dépassement de soi, brisent ces règles inculquées, nous conduisent vers ce qui est vraiment nous, au plus profond de notre biologie, souvenir de notre vie amphibienne ou reptilienne, le plus profond de notre matière grise ou sanguinolente, c’est selon la vision littéraire ou médicale des termes. Pourquoi ? Parce que dans certaines situations on est nu, on est seul, sans bouclier, sans temps pour se rappeler les leçons dont on nous a gavé, on va à l’essentiel, le plus court chemin entre deux point reste la ligne droite dans un espace plan, sorte de remise à plat pour ne pas rester en plan, sorte de « et si j’étais moi ? ». Bigre, en voilà une question !

Difficile ? Je ne sais pas, chacun porte la réponse en lui, chacun a son envie de s’y attarder ou pas. Je ne remets pas en cause les religions, elles sont aussi des mémoires des générations passées, tout comme les contes et les légendes, les histoires qu’on se racontaient naguère aux veillées, mais il ne faut jamais perdre de vue que nous gardons notre esprit critique et notre envie d’acheter ou pas toutes ces belles paraboles placées sur les étals de nos bibliothèque. Je n’ai pas la prétention de dire ce qui est bien ou mal, l’un sans l’autre ne serait pas, subtil équilibre de deux pôles opposés, bipolarité nécessitant de rester équilibrée sans osciller en permanence à fréquence trop élevée. La chrétienté a massacré bon nombre de « différents » mais aussi de trop semblables. On a brulé des sorcières au nom d’un dieu don le « fils » fut d’après les lectures, le sorcier le plus médiatique de sa génération. Bien sûr, on a collé le noir et la nuit à l’image des sorciers, on a inculqué des maléfices aux pratiques ignorées, mais alors, pourquoi pendant longtemps avoir associer « guérisseur » à « sorcier » alors que le « fils » du père était lui-même guérisseur, alors que la messe et les ecclésiastiques continuent d’imposer les mains ? Noir ou blanc ? Nuit ou jour ?

Curieux, étrange, surprenant… prise de recul, prise de hauteur sur les événements et leurs cours, prise de conscience tout simplement que le monde est monde et que nous sommes nous bien avant toute chose et par toute chose. Aujourd’hui, c’est la Saint Amour, un nom de soleil dans l’éphéméride d’un été trop ridé de tant d’humidité, puisse cet amour rayonner sur vos journées et guider les énergies pour vous alimenter.

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