Le gris du ciel

En prélude à ce texte, je précise qu’il ne date pas d’hier mais plutôt d’avant-hier…. Un morceau extrait du cahier des bribes tracées à l’encre bleue, quelques lignes par feutre et non par faute, sur un cahier jamais assez usé ni usité, en des lieux enchanteurs qui savent apaiser mon âme même lorsque la paix y a enfin élue domicile…..

Ce matin le temps s’est mis au gris, du gris sonnant la révolte du temps sur les tempes grisonnantes d’une vie frissonnante. Ce matin, le ciel est d’eau, cette eau de vie nécessaire à nourrir les vies, rendre ce vert craquant aux décors asséchés par les brulures des jours précédents. Une sorte d’été au printemps, une sorte de chaleur sur ma pointe de terre, comme un peu de piment venu enflammer la recette des jours. Pause océane, à l’abri du temps, à l’abri du monde, à l’abri de la vie, à l’abri des vies. Le monde tourne, et moi, électron libre, je tourne avec lui, par force, sans le vouloir, ni sans vouloir lui échapper. Les nouvelles sont bonnes, du moins, elles me font bien sourire. Un éternuement de la terre et voilà les plus brillantes des technologies humaines clouées au logis. Un volcan tousse en Islande, les avions restent au sol en métropole et chez nos voisins du monde. Belle leçon de réalisme à l’heure où Avatar inonde le marché commercial des DVD et autres blue Ray, la terre est maitresse chez elle. Elle ne tremble pas, elle se secoue, elle vrombit, elle tousse, elle grogne et s’ébroue comme une bête cherchant à se débarrasser de ses désagréables parasites. L’Homme.

Vivre à l’instant, gouter aux joies des paysages plutôt que des pseudos conquêtes de l’Homme, le plus grand architecte reste celui de l’univers. Infos sans infos, vitrines sur le monde éteintes, plaisir d’être dans ma bulle à l’abri de la furie d’images inutiles. Isolement aussi du fléau de notre XXIe siècle. Chaque période de notre histoire a connu ses fléaux. Qu’ils furent pestes, choléra, guerres ou holocauste. Nous avons été dotées de grippes : aviaires, porcines, mexicaine, H1N1, asiatique, A, B, ….. Mais notre plus grand fléau, celui qui conduit à l’isolement, à la perte des sens, de la conscience, qui inhibe les sens vrais et existe les fantasmes, c’est bien le virtuel. Qu’elles que soient les atteintes, le résultat reste le même : une virtualité qui déforme de trop la vérité, au travers du prisme de l’écran. Fausse informations en totale liberté de circulation, fausses séductions en totale désillusions, fausses relations en totale collection. Catalogue sur le monde, objet de convoitise à cliquer de-ci, de-là, bâtir sur des rêves une réalité, croire au miroir avant de croiser le vrai, société moribonde de ses jugements, combien sont allés s’extasier devant Avatar, combien en ont compris le sens caché ? Leçons et messages à répétition, valeurs des relations, amicales, amoureuses, respect de la planète, des êtres, utilisation des ressources, combat déséquilibrés mais basculant du côté des envies les plus fortes. Combien éblouis du message écolo continuent malgré tout à pourrir cette planète-ci ? Les ballades ont repris, les sentiers ont déjà leur lot de papiers, de plastiques, toutes ces traces humaines si utiles en ces terrains-là…. L’écologie n’est pas un mouvement récupérateur, mais un respect de soi, des autres, de son chez soi où que l’on soit. L’humanité n’est pas une utopie, mais un respect de soi, des autres, une réalité.

Quand comprendra-t-on qu’on doit aimer les gens pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils font ? L’attrait, dans la réalité, vient d’un physique, une attitude, une façon d’être, un réalité en trois dimensions, pas un cv où les mots prennent le sens qu’on leur donne, qu’on en lit, où l’écart de référentiel fait qu’on comprend ce que l’autre n’a pas écrit…. Rien ne remplacera jamais cette connexion faite sans attente de résultat, cette envie de connaitre l’inconnue plutôt que de connaitre qui se cache derrière une description. On peut au cours d’un dialogue aider à faire percevoir les choses, être présent, participer à l’évolution, mais ce ne sont pas ces étapes-là que doivent cacher l’être humain présent derrière. Il est un combat qu’on a peine à mener, surtout au sortir de vies empilées sans réels apports. A trop panser ses blessures on oublie de penser au-delà, on craint avant d’affronter, on ne prend plus le risque de perdre, du coup, on fuit celui de gagner. Sur les chemins du virtuel, on croise aussi ceux qui ont peur de ne pas gagner, ceux qui dévorent vos vies avant de les connaitre, qui plantent leurs crocs dans vos chairs et vous pompent la moelle de votre existence. Subtil équilibre à trouver entre ces « trop » et ces « pas assez ». Subtil déséquilibre entre peur d’avancer et peur de stagner. Peut-on être sans avoir été ? Porte-t-on toujours le poids de l’existence ? La gomme est bien plus difficile à manier que le crayon, mais elle est nécessaire. C’est aussi là un des manque de notre cerveau, il n’y a pas de bouton de remise à zéro. On oublie trop souvent de faire des paliers, de prendre des pauses, de ces pauses qu’on appelle pause d’intégration. Il faut savoir souffler, digérer, intégrer, apprendre pour avancer. La pause est nécessaire à l’avancement. La pause est le seul moment où on se rencontre soi, vraiment. La plus belle des rencontres, c’est bien celle-là.

Le gris du ciel est magique, il réveille les verts de ce printemps offert, il révèle les couleurs qu’hier encore le soleil écrasait de trop de lumière. Le gris du ciel nous fait percevoir que la vie est un cycle, de bleu et de gris, qu’il faut profiter des deux, car c’est par ces deux éclairages que se construit la vision complète de notre monde. On aime le soleil par rapport à la pluie. On aime le gris, roulant, menaçant, par rapport aux éclaircies qui lui succéderont. Toujours. Il est bien des rimes à toujours….

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le virtuel, de part sa définition, n'existe pas. Mais les hommes sont ainsi fait qu'ils croient aux contes de fées et surtout à la facilité. C'est tellement plus simple de se cacher derrière un écran plutôt que d'affonter la réalité.
Sortez, sentez, respirez, entendez, aimez... Bref, "bouffez" la vie à pleine dent.
En un mot, VIVEZ.