Au delà des mots


La vie réserve toujours ses pauses, celles nécessaires pour intégrer de chaque jour les leçons, comprendre le pourquoi du comment, réaliser l'architecture quasi parfaite de ce que nous nommons hasard, qui fait qu'un jour se trouve sur notre route une personne, la personne qui apporte la pierre à l'édifice, grain de sable, cailloux, pierre de taille ou bien bloc immense, tout est important dans l'appareillage pour construire la muraille solide et forte qui construit notre tour de Babel. Un moment de doute, un phase de spleen, les pensées voyagent, volent et se posent, au creux d'une épaule, dans le son d'une voix, le réconfort vient de quelques mots, un regard, une attention, de l'attention qu'à ce moment-là, le hasard vous donne sous la forme d'un être, matériel ou non, virtuel ou réel, rencontre magique, unique ou renouvelée, des liens parfois se tissent, d'autres s'éclaircissent, l'aide vient d'une aide amie, parfois juste parler permet d'ordonner soi-même ses propres idées, ses propres pensées, la discussion complice n'est qu'une façon confortable d'exprimer ses pensées sans les travestir de séduction puisque l'enjeu n'est pas là.

Parfois, ce n'est pas une oreille amie, par manque d'ami, ou plus simplement, par pudeur, par absence de savoir se livrer, et là, ce peut être un lieu ami, un coin secret, un endroit où l'on se sent bien, où les pensées voyagent dans des vols brouillons pour peu à peu se former, s'aligner, danser comme un cerf-volant au gré des vents.... On a tous des endroits aimés, qu'ils soient des coins de son chez soi, que ce soit par l'intermédiaire de photos, ou encore dans des lieux dont on ne sait pourquoi la magie est là mais dont on sait le bienfait d'y venir, d'y être, de s'y poser, mais mieux encore, de s'y retrouver..... Chacun ses coins, chacun ses endroits, les miens sont peu nombreux, mais ils sont. Attaches sentimentales ou racines profondes, coup de cœur rencontrés au hasard de la vie, coup de cœur contre coup de blues, des pauses hors du monde et hors du temps le temps de fuir le monde et de poser les choses qui de leurs vols désordonnés désordonnent nos vies. Méditation, réflexion, relaxation, ce n'est pas l'appellation qui compte mais l'action, tout comme la victoire à l'issue du match importe plus que le nom du buteur, le résultat repose sur le collectif, notre propre collectif, celui de nos idées, de nos vécus, de nos envies, de nos passions, de nos attentes. Apprendre à libérer ses pensées, à les formaliser dans des mots qui cassent les maux, ces maux qui trop souvent cachent les mots, l'expression libère, express son, même si par timidité les sons restent personnels et intérieurs, mais ce qui compte le plus, c'est la spontanéité, libérez les idées sans chercher à les formuler dans le bon ordre, d'ailleurs, quel ordre est le bon?

Savoir écouter n'est pas savoir parler, surtout quand il s'agit de parler de soi. On abuse trop souvent des mots timidité et pudeur, parfois c'est la vie, les successions de vies qui ont entouré le corps, le cœur, le cerveau de lourdes chaines aux multiples cadenas dont la patience seule sait trouver les clés, la patience et l'envie, l'envie et le désir, ballet ou parade séductrice pour apprivoiser et déjouer l'attention mal attentionnée qui bloque la libération, l'envol de maux par l'expression orale entendue et partagée. Savoir déjouer la garde, tromper la vigilance, pour extraire les trop rares mots qui bloquent encore trop les mots enfermés. Rien n'est enfermé à jamais, il suffit d'un je ne sais quoi pour que la porte s'entrouvre et finisse par exploser sous la fureur des flots trop longtemps contenus. Ce moment-là est une réelle jouissance, une libération, et on mesure la gravité de la vie qui seule a su tisser sa toile, enserrer les pensées dans un coffre pas si fort qu'il faut arriver à forcer, soi de par soi-même, soi par l'aide amie d'amis.

Parfois, l'ami est là, sous la forme d'un stylo, d'un cahier, ou d'un écran, d'un clavier. Les mots dessinent des phrases, les phrases s'imaginent en texte, en prose née de pauses, en vers d'idées en vrac et presque à l'envers, peu importe, il suffit d'aller au bout de l'expression, il suffit de savoir se poser dans ses endroits secrets et personnels, de se retrouver dans un contexte intime et d'oublier qu'il faut s'oublier pour arriver à oublier mais au delà de l'oubli le plus important et de vivre, de savoir nettoyer ces traces anciennes de passé dépassés, de penser aujourd'hui pour mieux vivre le présent et y poser les fondations d'un avenir encore plus fort, encore plus grand. L'aspiration des sommets peut donner le vertige, faire perdre le sens des réalités, un mal des montagnes à ne soigner que par des pauses d'intégration, ces pauses au bord du monde, au milieu des éléments, entre air, terre, eau et feu, peut-on vivre sans ces quatre et indissociables unités unies pour former le tout de la vie?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Te voir te reconstruire au fil de tes textes me ravie.
Mais surtout, voir apparaître un être humain capable d'apprécier et de voir les beautés si simples de la vie est rassurant.... ça existe encore.

Anonyme a dit…

Nous nous sommes rencontrés un soir, le temps d' un week end après une longue correspondance sur la toile Et depuis j' ai toujours un petit mot gentil Une pensée de toi Un SMS pour continuer à garder le lien de l' amitié Merci
Vive le lundi ;-)

Anonyme a dit…

te connaissant quelques peu depuis le temps ... si tu me permets,
je te sais avoir de nombreux vrais amis humains en plus des amis matériaux de construction et de réalisation que sont ton ordinateur ton crayon et ton cahier

bizzz


la grenouille