Un pont vers l'autre rive

Où que l’on soit, il existe toujours un fossé entre les Hommes, qu’il soit volontaire ou involontaire, protecteur voulu ou bien séparation subie. Parfois les êtres ont cherché à bâtir des ponts, des passerelles vers cette autre rive, d’autres fois, ils ont au contraire agrandi la distance à franchir par des moyens physiques, comme par des moyens psychiques. D’histoires racontées en contes, au bout du compte, les légendes ont la vie dure. Au fil des générations elles ont construit, enfant par enfant, mot après mot, la peur du loup, la peur du vide, la peur de la mort et au fil des ans, au court des temps, ces peurs-là sont devenues tellement ancrées dans la mémoire collective, dans l’inconscient collectif que plus personne ne sait démonter ces peurs qui au fond sont sans fondement autres que le diktat d’une personne, d’un pouvoir, d’une élite histoire de mieux maitriser sa domination et contraindre un peuple à la loi du dictateur.

Fallait-il avoir peur du loup ? Fallait-il avoir peur du vide ? Fallait-il avoir peur de la mort ? Peu importe, si questions il y a, ça serait plutôt « faut-il » que « fallait-il », le passé n’est plus modifiable, le présent oui, de plus, il créé l’avenir. Posons-nous ces questions et automatiquement leurs réponses viendront des informations stockées dans nos mémoires, mais ces informations stockées dans nos mémoires, sont-elles de vraies ou bien de fausses informations ? Sont-elles stockées de notre fait, après avoir bien muri leur valeur ou bien sont-elles stockées par matraquages médiatiques forts, de la petite histoire lue le soir, aux dessins animés et autres publicités reprenant ces codes dictés depuis la nuit des temps ? Quelles sont les premières images qui vous viennent lorsqu’on vous demande de visualiser chacun de ces mots « loup », « vide », « mort » ? Acceptez-vous ces trois mots de la même manière ? N’y-a-t ’il pas parmi eux un ou deux de plus dérangeant ? Et si la liste s’allonge avec « serpent », quelle sera votre réaction ? Pourrait-on parler d’une peur biblique ? Rien d’idyllique en tout cas…

LOUP ! A quoi pensez-vous ? A cette bête sanguinaire nommée comme étant un loup-garou ? Mais est-ce « loup » ou « garou » qui fait peur ? Comment ? Auriez-vous peur de Garou ? Gare aux loups ! Voyez-vous plutôt ce « canis lupus » comme une « chien loup », un maillon de l’évolution entre le monde sauvage et le monde domestique ? Quelle peur y associez-vous ? Bizarrement,  un berger allemand est surnommé « chien loup » et s’il peut faire peur, je doute que Rintintin fasse peur… Histoire de contexte et…d’histoires, tiens, comme c’est étrange…. Mais plus loin encore, combien d’entre vous auront pensé à ce masque venant couvrir le haut du visage et synonyme non plus de peur mais d’autres plaisirs plus carnavalesques ?

VIDE ! Et là, à quoi pensez-vous ? Allez, osez, jetez-vous dans le vide de ces questions sans réponse… Pensez-vous au précipice, à ces ponts trop hauts qui donnent le vertige quand ce n’est pas un simple haut le cœur ? Le vide, c’est peut-être aussi l’absence, le manque, le désert, le froid, cette sensation d’abandon qui vous fait chavirer. J’espère que vous n’êtes plus au bord du précipice ! Une boite vide est-elle signe d’abandon ? Une salle vide devant vous, auditeur émérite, est-elle plus rassurante ? Allez, respirons, faisons le vide, videz bien vos poumons, vous verrez vite combien la nature a horreur du vide, combien l’air frais viendra bien vite chatouiller vos alvéoles…

MORT ! Et euh… là ? Comment la voyez-vous ? Une belle élégante venant tout sourire vous prendre par la main, vous réconforter et vous conduire sur l’autre rive bien plus douce, y retrouver vos liens passés et présents, abandonner le lourd costume d’une vie terrestre usée…. Ou plutôt, une dame sombre, au corps de squelette et portant haut la faux, une rupture dans l’espace-temps, un point de non-retour et les flammes de l’enfer comme feu de cheminée ? Non, plutôt un mal être, un malaise d’évoquer ceci plutôt que cela, parce que non, la mort c’est tabou, faut pas pousser à bout ces choses-là, il y a trop d’années de catéchisme et d’autres constructions en contes et en histoires, depuis la nuit des temps…


Sommes-nous maitre de notre vocabulaire ou bien simple relayeur de bonnes ou mauvaises informations ?  Doit-on rester sur cette rive ou bien franchir le pont ? Un pont ? Mais quel pont ?


Aucun commentaire: