Ce
qu’il y a de formidable avec la magie, c’est ne jamais voir la manipulation
subtilement exercée par la main gauche en se laissant absorber par l’activité
de la main droite, c’est bien fait, ça parait tellement magique, on applaudit.
Bon, ce qui est moins bien, c’est de voir ces mêmes tours repris et pratiqués à
l’excès par les médias voire par certains politiques : regarder bien ma
main gauche, pendant ce temps ma main droite opère en l’absence de votre
vigilance… Bien sûr, toute ressemblance avec des situations, des personnes, des
lieux, des modes, des « ce que vous voulez » ne serait que pure
coïncidence… Ben voyons ! Là, il devient difficile d’applaudir, d’abord
parce que ça chauffe les mains et puis parce qu’applaudir les poings serrés,
c’est pas ce qu’on fait de mieux et comme le mieux est l’ennemi du bien, autant
resté quelqu’un de bien, juste quelqu’un de bien comme le chantait si bien
Enzo. Il fut un temps où le « bebeteshow »fut critiqué, désormais, ce
sont directement nos politiques qui font leurs shows, je me demande s’ils ne
nous prennent pas pour des bébêtes…. La frontière entre la république, la
célèbre « chose publique » des romains et la vie privé semble devoir
s’ériger en un mur dont celui de Berlin ne serait qu’une simple marche, on se
demande bien pourquoi on s’en étonne, et il suffit de lire la presse étrangère
pour mesurer combien nos amis du monde n’ont pas l’esprit aussi ouvert que
certaines portes cochères le soir.
Mais
comme dit ma concierge : « pendant qu’on nous parle de cela, on nous
parle pas d’autres choses…» Le bon sens de terrain, il n’y a pas mieux,
non ? C’est vrai que c’est un vrai festival de magie l’actualité, voyons,
voyons, c’était quoi les derniers tours à la mode ? Schumacher ? Ah
oui, c’est vrai, et alors ? Voilà que son état est passé sous silence,
« désolé mon bon monsieur, il y a plus frais à vendre » …. Un débat
entre censure et humour malsain, entre faits et gestes même pourrions-nous dire
histoire de laisser un peu les quenelles retrouver leurs brochets et par la
même occasion, pratiquer une autre pêche en eaux troubles… L’heure est aux
remakes, enfin plutôt aux nouvelles versions, après le bal des mousquetaires du
Roi, voici venu l’affaire du collier de la Reine, une version plus moderne, la
Reine n’a pas d’amants ? Diantre, que nenni, tant pis que le Roi ait, et
le Roi fut. Et à gravir les marches du temps, souvenons-nous de ce cher Guitry
qui disait « les chaines du mariage sont si lourdes à porter qu’il
faut être deux, parfois trois » alors imaginez lorsque vous n’êtes même
pas mariés… On a beau dire, nous ne sommes jamais aussi proche de la
sixième…République. Pas très loin des cours de maternelle, ah, le bon temps,
ces amourettes d’enfants, butinantes de prénoms en prénoms, collectionnant les
fleurs et les bons points, offrant comme cadeau un bonbon, il est vrai qu’en ce
temps-là, la villa Médicis était hors de portée, mais les temps ont changé et
comme dirait ma concierge.... Mais au fait, pourquoi n'ai-je point de
concierge ? Qu’il doit être bon d’assister aux débats forcément publics
des cages d’escaliers ou aux échanges de comptoir, les Blondin et autres
Audiart manquent à notre poésie quotidienne, nul n’est besoin d’alexandrins ni
même de serpents sifflant sur nos têtes pour apporter le bleu qui manque
parfois à nos vies, non, le risque c’est d’atteindre la limite, ce moment
fatidique où la goutte d’eau, forcément de trop, fait déborder le vase,
forcément trop plein. Bon, un vase, ça se vide, ça se casse aussi, et pas qu’à
Soissons… Il y a de quoi nous les briser, et même nous les briser menu-menu
sans vouloir jouer les tontons flingueurs.
Il
y a un point de non-retour, il s’appelle « limite de la confiance ».
Il y a un point d’inflexion, il s’appelle « prise de conscience ». Lorsque
ces deux points convergent, la latitude diminue, la marge de manœuvre se
réduit, les réglages sont devenus trop pointus, l’autre tire sur le manche
parce qu’on a trop tiré sur la corde, il décolle et disparait à l’horizon qui
d’ailleurs n’est plus le nôtre. Vient un jour où les tulipes ne sont plus à la
mode, le charme des polders et des moulins à vents deviennent fort désuets,
autant prendre la tangente vers Tanger ou plus au sud, juste avant que la bise
soit venue. Il n’y a jamais de quoi faire tout un fromage, pas plus que de
raison de confondre gouda et Yoda comme disait l’ami Molette bien connu, vous
savez, celui qui a la clé… Un gros ras le bol de ces spectacles de magies bien
malhabiles, bien malvenus, bien maladroits, je préfère prendre la clé des
champs, tracer la route cap au sud-ouest bien sûr et compter sur les brebis non
pas pour s’endormir mais pour donner leur lait, ce lait si bon qui à son tour
donne de beaux et bons fromages, basques
ou aveyronnais, pâtes cuites ou persillées, il n’y a pas mieux pour flatter le
palais… Soyons clair, ce n’est pas du palais royal dont il s’agit, voilà qui
serait bien singulier d’ajouter à l’intrigue magique une troisième âme pour un
quatuor à voix…électorales sans doute, non, que nenni, mon palais est prairie,
forêt ou bien rochers, il respire le bon air, il ouvre ses fenêtres sur le
monde, il est sans domicile fixe ce qui ne veut pas dire sans domicile pas plus
que sans intérêt, ni sans conscience…
Ras le bol vous dis-je, la goutte menace de tomber, mieux vaut fermer et
s’en aller vider son bol, tout un symbole… Quelques lignes comme obole, voilà
qui ne mange pas de pain, une obole contre un ras le bol, pas de bol.
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