L’art
et la manière, la quintessence expressive d’une course à la médiatisation, tout
va si vite, aujourd’hui vous chutez à ski et vous voilà la grande vedette de
tous les médias, demain vous n’êtes plus rien juste parce qu’on ne peut
resservir sans cesse la même soupe sans forcément commencer à écœurer les gens.
Il faut dire que notre monde est si peuplé, qu’il y a une telle richesse
d’actualité qu’on ne peut exister qu’en
exposant le plus sensationnel du sensationnel, mais ne vous y trompez
pas, vous pouvez chuter librement en ski comme en rollers, personne ne viendra
faire un reportage entier sur vous, et cela dit tant mieux, tout comme il
serait bon de respecter aussi les individus se cachant derrière la fausse image
de vedette qu’on leur colle. L’art et la manière, je ne sais pas si c’est de
l’art ou du cochon, mieux vaut laisser le cochon faire son lard. L’époque est
aux galettes, aux gâteaux, aux rois et aux reines, il y est donc normal qu’il
nous tombe-là quelques fèves bien de saison.
Sinon ?
Sinon, il fait très chaud, trop chaud pour la saison, la neige fond, les
cailloux sortent de l’hibernation forcée, mieux vaut rester sur les pistes
balisées et s’en aller raquetter d’autres plaisirs moins fugace que d’aller
tirer la reine ou le roi, tant pis pour la couronne couvre-chef, foi de
dentiste, le vent restant frais, mieux vaut porter un béret.
Hein ?
Un béret ? Quèsaco ?
Un
béret, c’est un joli amalgame entre simplicité et efficacité, ça n’a l’air de
rien avec sa petite antenne dressée au sommet, mais ce fil de laine tricoté
puis assemblé avant d’être foulé vous donne un couvre-chef tellement pratique…
Imaginez un peu, il est souple et sans pli, donc pas de faux plis lorsque vous
le roulez pour le glisser au fond de votre poche ou bien coincé sous la
bretelle du sac à dos, un revirement de cap et hop ! Il trône sur votre
tête, selon l’inclinaison que vous souhaitez, et comme il est en matière
naturelle, il sait vous climatiser les neurones comme personne. Foulé, il
laisse la pluie glisser sur lui, même s’il s’en imbibe c’est pour mieux vous en
protéger. Non, vraiment, le béret, c’est le roi des couvre-têtes, mieux qu’un
haut-de-forme, il vous maintient en forme, mieux qu’une casquette, vous en
maitriser l’orientation et la forme de sa visière, mieux qu’un borsalino, il ne
craint rien, ni la poussière, ni la pluie, ni la neige, ni même le soleil….
Mieux qu’une couronne, il tient sur votre tête résistant plus facilement aux
vents violents qu’une couronne de miss en pleurs sur un plateau de télévision.
Ce n’est pas pour rien que les armées du monde en ont équipé leurs soldats et
comme il s’adapte aux couleurs des laines, voilà qui devient très pratique pour
identifier les différents corps d’armées, tout comme il devient un accessoire
de mode facilement utilisable pour ponctuer en beauté une tenue quelle qu’en
soit sa couleur. Ce béret si humble et si simple est le fidèle compagnon de
bien des bergers, il n’a pas de bord guidant les gouttes d’eau dans votre cou,
ou bien encore favorisant la prise aux vents au point de s’envoler, non, il
reste fièrement vissé sur le crane, malgré son poids léger. Lorsque les parties
de pelotes s’en viennent ponctuer les dimanches et jours de fêtes, c’est encore
le béret qui vient s’assortir à la couleur de la large ceinture et permet
d’identifier facilement telle ou telle équipe malgré les tenues blanches. Noir,
marron, bleu, vert ou rouge, il y a dans ce panel les lumières d’un pays
découpé en provinces, il y a aussi et surtout de la couleur pour tous les
goûts, et du goût pour chaque couleur. Un béret, comment dire, et bien, c’est
un béret tiens pardi !
Des
miens, je parle de mes proches, je n’ai connu que des noirs, en deux
versions : la laborieuse et la luxueuse, ô, ne vous y trompez pas, la
laborieuse se reconnait à ses contours bien murs, parfois même quelques nuances
dans les couleurs auraient pu traduire un quelconque problème de lavage voire
même une absence de lavage, mais c’était toujours le béret préféré, parce que
même fané, même délavé, il était le compagnon fidèle des jours gris comme des
jours moins gris. Puis il y avait l’autre, le propre, le neuf, celui que l’on
réserve aux grandes occasions, ces parfois terribles occasions qui vous font
même sortir l’habit neuf des dimanches et les souliers qui font mal. Parfois,
lorsque la vie avait un peu évolué, le béret avait pris place au clou, laissant
place à une casquette, de ces casquettes aux camaïeux de gris ou de marrons
façon chinés ou vieux costards. J’ai toujours aimé ce couvre-tête, tellement à
son aise sur des cheveux sans âge et sans ordre, parfois accompagné d’une
gitane papier maïs coincée sur l’oreille ou collée à la lèvre, sans cesse
rallumée, toujours éteinte, les deux faisaient la paire dans mes montagnes
d’enfance. Des miens enfin, je parle là de mes bérets, ils se sont succédés,
toujours de couleur rouge, parce qu’au fond je les aime ainsi, et puis, parce
que dans mes diverses activités sportives, c’est toujours la couleur la plus à
même de s’accorder au tempérament. Le
rouge vif en début de vie, puis le rouge passe et gagne sa retraite, laissant
place à nouveau venu, plus vif, plus rebelle aussi, il faut prendre le temps de
le former, de l’éduquer à prendre place et tenir en place, contre vents et
marrées. Chacun porte un souvenir, des souvenirs, il n’est pas toujours aisé
d’en faire l’association. Du premier je me souviens, parce que c’était le
premier, mon premier, un souvenir d’enfance, un cadeau spontané grand maternel.
On se souvient toujours des premières fois…
2 commentaires:
Vais de ce pas m'en procurer un...
Lol
Nat
Ne dit-on pas " Oh,que vous avez une tête à chapeaux !",je reprends : "Votre béret vous sied élégamment ! " ;-)
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