Seule la vie compte


Le plus dur dans la solitude, ce n’est pas de vivre seul, c’est de vivre les départs successifs de tous ceux qu’on aime et qui surement nous ont aimé à moment donné, parce que c’était ainsi en ce temps-là, parce qu’ils ont cueilli l’aide, le soutien, les rires, les joies, les adresses pour diverses sorties, activités, réconforts, moments, parce qu’en ce temps-là, on était bien et tout était bien. Pourquoi ces envolées ? L’hiver fait fuir les oiseaux migrateurs par le froid, le gris, le triste… sûrement cela… Alors oui, hier fut noir, très noir, et les jours qui s’en suivent se colorent de teintes de gris, sans qu’il y soit question d’absence de sourire, sans qu’il y soit question que de plaisirs, et puis, peut-être même que l’heure est plus à la simple compagnie, aux échanges simples, sans calculs, sans prétention oserais-je dire, parce que c’est ainsi qu’est la vie… Le printemps ramènera-t-il les oiseaux enfuis vers d’autres cieux ? L’important est-il là ? Je ne le crois pas, la richesse de nos vies c’est de nous apporter à tout moment des évènements, des personnages, des situations sans même que l’on crie « action ! » et chaque seconde devient une seconde chance, dès lors qu’on en ait pris conscience, alors, hier, aujourd’hui, demain ne sont que des perles d’un collier qui glisse inlassablement entre nos doigts enjoués.

Les oiseaux sont partis, bon voyage. Le froid est là, présent, vivifiant, à quoi bon s’endormir ? Attendre ne serait que le choix de ne pas choisir sa vie. L’isolement serait de s’enfermer, de se couper du monde, au détriment des us et coutumes familiales : comment pourrait-on vivre sans une porte ouverte, un café à offrir, un feu, un bout de canapé ? Alors le printemps s’en vient, les jours rallongent, le jardin se pare de fleurs, l’herbe tendre est odorante et même s’il fait encore frais pour trainer dehors, jouir de ce spectacle au travers des baies vitrées tandis que le feu flambe ses langueurs hivernales. Les oiseaux sont partis, le vide s’installe davantage par ses silences que par ses manques, signe que l’important est ailleurs, dans les vols, dans les départs, dans les arrivées, bien plus que dans les retours, dans les compréhensions bien plus que dans les incompréhensions. Ainsi va le monde, aujourd’hui ici, demain ailleurs, après demain là, on ne vit pas pour jouer à l’infini une partition connue et trop connue. Alors oui, la solitude est là, mais elle n’est pas là de  notre fait, sinon, que serait notre vie ?

Le jour où les oiseaux s’enfuient, le ciel parait vide, grand, trop grand, pourtant, les nuages y glissent toujours avec la même aisance, les étoiles l’éclairent avec la même brillance et si l’on regarde bien, bientôt d’autres oiseaux s’en viennent s’y essuyer les ailes, découvrir cet espace et petit à petit se l’approprier, à moins que ce ne soit nous qui nous approprions ces oiseaux de passage, allez donc savoir…. Au fond, peu importe, c’est la magie des rencontres, être ici dans un même espace-temps en même temps, croiser du regard ses courses désorientées jalonnées de piaillements, instants magiques qui trahissent sans effort que l’heure est venue d’enterrer l’hiver et le gris, même si celui-ci donne encore des coups de canifs dans une fin de contrat, derniers assauts avant de s’en aller dormir pendant neuf mois. Neuf mois, un cycle de vie… Etrange décompte qui nous raconte le conte de la vie et si la vie compte mon cher vicomte, c’est bel et bien parce qu’au bout du compte elle nous offre mille raisons de la vivre pleinement, alors, peut-on vraiment lui dire non ?


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas seulement quand tout va bien qu'on a des "copains ou copines".
L'avantage dans les coups durs, c'est que le ménage se fait tout seul. Et c'est très bien.
La vie, c'est d'être entourer de vrais personnes. Celles qui vous lâchent pas au moindre coup de vent. Celles qui disent "merde" quand vous déconnez. Celles qui sont pas là pour flatter votre égo parfois démeusurer, mais pour vous flanquer vos 4 vérités à la figure.
Et de ceux-là, y en a pas 36 autour de nous.
Parfois, les vautours essaient un retour. Mais c'est juste pour vérifier s'il n'y a pas encore quelque chose à gratter. Bon vent oui, c'est certain.
Et la vie nous amène à découvrir d'autres personnes qui, elles, ont été là quand le froid mordait.
La solitude vaut mieux que le trop plein.
La vie est belle, magnifique.
Profitons de vivre tant que nous pouvons et, si possible, sans contre-façon.

Natacha