Haletant


Je voulais aller aux vêpres,
Enfin peut-être,
Mais s’enfermer par une si belle journée,
Ça jamais.

Je voulais aller marcher,
Enfin peut-être,
Mais marcher par ce mauvais temps,
Non, vraiment.

Je voulais aller jardiner,
Enfin peut-être,
Mais le sol est gorgé d’eau,
Jardiner ? Non.

Je voulais bien dormir,
Enfin peut-être,
Mais dormir en plein jour,
Non, du tout.

Je voulais aller flâner,
Enfin peut-être,
Parcourir les boutiques,
Mais elles sont fermées…

Je voulais écrire,
Enfin peut-être,
Un hymne aux temps,
Mais pas d’inspiration.

Je voulais faire plein de choses,
Enfin peut-être,
Il y a toujours tant de choses à faire,
C’est captivant.

Je voulais, enfin peut-être,
Mais au fond, c’est selon,
Selon que le temps presse,
Selon que le temps soit,
Selon que l’on veuille
Selon que l’on puisse,
Selon le temps,
Ah ! Le temps….

C’est haletant !





Les mots de l'âme et non les maux de l'âme


Pensées spéciales en ce jour précis. Une étoile s'est allumée, une vie s'est éteinte il y a un an, mais on n'oublie pas les rires et les sérieuses discussions, au fond, toujours les émotions qui ne sont que les mots de l'âme là où certains ne verront jamais que les maux de l'âme... Ainsi va le monde, on crie, on pleure, on oublie. Non pas qu’il faille vivre dans le souvenir, là est le piège inverse, la nostalgie n’est pas un papier glue accroché au plafond qui colle les mouches aux vols mal orientés, non, la nostalgie est un baume de l’âme, elle apporte une douceur, une fragrance d’hier, un éveil des souvenirs heureux pour colorer de bonheurs les instants gris du présent. L’âme au fond nous connait bien, elle nous connait de l’intérieur, du fond de l’intérieur, elle est comme un chat, à pas de velours elle s’en vient ronronner et vous cajoler quand dans vos jours il fait froid. Une guérison venue de l’intérieur, une auto-guérison et non pas une autodérision. Il n’y a pas de maux de l’âme, il y a des mots de l’âme, tout simplement.

Pourquoi et comment les humains ont perdu l’habitude de converser avec leurs âmes, cela serait long à expliquer, toujours est-il qu’ils préfèrent tenter de converser avec les âmes des disparus, mais il est vrai que l’herbe est toujours plus verte ailleurs, qu’il faut mieux s’occuper des autres que de penser à soi. Le tour de force fut bien de priver l’humanité du sens des réalités, de faire en sorte qu’elle s’oublie en ne croyant exister que par les autres et non par elle-même. C’est étrange de voir une forme de mode évoluer, développant une attirance pour un monde « zen », de se passionner de « fengshui » d’allumer des bougies, de planter des bambous, de placer des « boudhas » chez soi sans aller au bout du chemin, celui de la méditation qui n’est pas forcément dans une posture de yogi au fin fond du nature déserte, mais qui est une porte à ouvrir vers soi, en soi, pour se recentrer et se repositionner dans sa vie à soi, en quelque sorte, allez lire les mots de l’âme, son âme.

Je ne suis pas devin, ni mage, ni sorcier, ni prêtre, ni prédicateur, ni pasteur, ni même rien d’autre que moi, pourtant, je peux vous assurer que dans les temps à venir vous perdrez sur ce plan de vie des êtres proches, des êtres qui comptent pour vous, des êtres de vos connaissances ; Je peux vous dire que les larmes que vous verserez ne seront jamais sur leurs départs de ce plan de vie, mais sur vous-mêmes et sur vos manques devenus soudain plus criant, plus visibles, même si aujourd’hui, ces manques sont, ces vides sont, juste parce que l’humain se croit éternel et maitre du temps, qu’il oublie de vivre ces liens en remettant toujours à plus tard de faire vivre ses liens. En toute chose, il est un visible et un invisible, et bien sûr, nous ne sommes pas tous parfaitement égaux, certains n’ont pas la même visibilité, certains n’ont pas la même vision, et certains ne chercheront que l’invisible au détriment du bien visible, celui qui est là, encore là, sur ce plan de vie. Croyez-moi, ou pas, le monde est à un tournant de son monde, le virage se prendra ou pas, la peur de tomber dans le vide ne doit pas être car le vide, c’est aujourd’hui, le vide peuple nos vies, un peu plus chaque jour, oubliez de ne calculer que les maux de l’âmes, prenez le temps de lire les mots de l’âme.

Il n’y a pas plus de gravité dans les choses sérieuses que dans les rires, sérieusement. Il n’y a pas de regrets, ni de tristesse, juste une mise en lumière d’erreurs faites sur notre parcours, de leçons ainsi offertes par la vie et, comme la vie sait être patiente et généreuse, tant que nous ne comprendrons pas les leçons, elle s’évertuera à les rejouer selon d’autres maux, dans d’autres thèmes jusqu’à ce que les élèves que nous serons toujours trouve ses réponses à ses énigmes. A chacun son rythme, à chacun ses devoirs, à chacun ses révisions, il n’y a pas de parcours préétablis, il y a un chemin à tracer. L’élève n’est pas là pour dépasser le maitre mais pour construire lui-même un chemin qui l’élève sans que le résultat soit dans l’altitude finale mais plutôt dans l’élévation, à son rythme, à son pas, toujours un pas après l’autre, avec des phases difficiles ou non, des renonciations ou non, des paliers ou non, d’une traite ou non, mais toujours en accord avec les mots de son âme. Pensées.

L'homme, l'ours, l'arbre, la lune


Printemps deux mille quelque chose, quelque part dans un coin de montagne, un petit sentier qui traverse les prairies dans un sillon bordé d’arbres. Il marche, à la recherche de son parcours, les yeux errent entre la carte aux signes trop rapprochés, le terrain si secret à se dévoiler, le GPS, objet moderne à la logique implacable. Il avance d’un pas plutôt décidé, il est sûr d’être là, à la recherche de ce talweg après lequel il entamera la descente vers ce petit hameau sûrement abandonné. Le terrain, la carte, le GPS, toute son attention est là dans ce bout d’électronique qui guide sans âme lorsque soudain c’est le choc, sa tête heurte violement un arbre en travers, vestige d’un coup de vent, de la dernière tempête ou de la visite d’un troupeau d’éléphants. Sûrement la dernière tempête. Il est au sol, étendu, sans connaissance. Le front saigne, l’arbre lui a résisté, la nature est toujours la plus forte à ces jeux-là, des jeux dits sans rire si ce n’est de l’entourage. Il n’y a pas d’entourage, il est seul, il marche seul, tout au plus croise-t-il parfois le chemin d’un arbre, un arbre de bon bois, plus très droit mais encore suffisamment solide pour en devenir assommant et donner la gueule de bois, lui qui ne boit pas, le voilà bien atterré et défait par cette vieille branche, victoire par ko, le chêne plus très vert sous ses airs penchés a sonné le glas de l’homme marchant la tête dans l’écran, preuve qu’il faut savoir regarder au loin pour bien avancer.

Les nuits de printemps sont bien fraiches en montagne, la faune qui jouit de la pénombre lunaire rode et parcours ses sentiers sombres à la recherche de nourriture, la quête sans fin des prédateurs. Certes le lynx a disparu, les loups s’en reviennent et les renards renaissent de leurs cendres, quant à l’ours… ah oui, l’ours. Il gronde, grogne et avance lentement dans le sentier encaissé. Encore quelques pas encore quelques mètres, la lune presque pleine allume de son regard perçant la silhouette étrange de cet arbre en travers et, sans avoir un œil de lynx, l’ours lui le voit, il plonge pour se faufiler dessous. A-t-il senti le sang de l’homme ? A-t-il trouvé quelque chose d’inhabituel ? Toujours est-il qu’il s’arrête, renifle, grogne et fait demi-tour, la chasse, la faim, les sens sont en éveil et l’ours gronde. Horreur, l’haleine fétide se mêle à l’odeur âcre du sang, seul l’arbre ne tremble pas, normal, ce n’est pas un tremble, c’est un chêne, un vrai dont on fait les futs, fut-il couché en travers du chemin. Les babines se retroussent, les cris montent au ciel, les dents luisent sous la lune, c’est sûr, l’ours a faim et cette odeur l’excite. Sa patte s’élève, fend l’air bruyamment pour s’abattre dans un bruit effroyable sur la source de son excitation. Dégâts irréversibles. Lambeaux de chairs accrochées aux griffes, cette chair odorante qui dormait cachée sous l’écorce, l’arbre est en mille morceaux. Quel homme cet ours Mais l’homme, qu’est-il devenu ? La fraicheur de la nuit l’aura sans doute réveillé, la tête lourde et sanguinolente, il reprit ses esprits et sa route, ramassant ses affaires, son GPS antichoc, sa carte de papier non éclairant, le terrain s’enfonçant dans la nuit naissante. Il était temps. Que serait-il devenu s’il était resté ainsi inanimé quelques instants de plus, quelques heures de plus ? Nul ne le sait, l’important est de prendre conscience de la conscience qui guide les pas, il n’y a pas de hasard, juste des espaces temporels, des évènements, des messages dictés sous forme de rébus sans qu’on sache vraiment les voir et pour qu’on chasse le sens de ces leçons de vie.

Comment ne pas penser par la suite, à ces chemins bucoliques coupant à travers champs ? Comment ne pas penser à ces arbres en travers de nos routes qui frappent à l’improviste et dicte à nos vies des coups d’arrêt ? Comment ne pas réfléchir à la chute dont il faut à tout prix se relever sous peine de disparaitre à jamais ? L’homme, l’arbre, la nuit, l’ours, tout cela semble si naturel, encore ne faut-il pas mélanger le tout ni se croire plus fort. Le regard dicte le chemin, il évite aussi de se prendre une branche par simple oubli de voir….

Travail


Tout travail mérite
Récompense, qu’elle soit
Acompte ou totale, cette
Valeur se doit de refléter une
Activité dans laquelle on place son
Intérêt, son cœur, son savoir, un vrai
Labeur, pour lequel et par lequel on vit

Mauvais réveil


Quelques mots encore avant un clap de fin, quelques mots qui sonnent personnels, et tant pis si les rires s’envolent vers d’autres pays, tant pis si les lectures ne sont pas plaisantes, il existe toujours quelque part, un bouton « marche-arrêt », une touche « ESC » une croix sur laquelle cliquer, bref, un choix, celui de poursuivre ou non, celui d’être ici ou plus, à chacun son plein gré, quel que soit le sens, lire ici ou ailleurs, lire, vivre, aimer, respecter… 

ETRE.


« Cette nuit, j’ai rêvé que maman était morte, mon cœur était gros, si gros qu’il devait comprimer mes poumons et les empêchait de prendre l’air car j’étouffais, mes yeux ne pouvaient s’ouvrir pleinement, se nourrir de lumière, ils étaient tout mouillés et ne cessaient pourtant de se gorger d’eau. Parfois il est des rêves dont on voudrait qu’ils s’évanouissent de disparaissent avant l’éveil et la conscience revenue. Matin lourd, rêve plein de sens, mais un rêve non prémonitoire, sinon qu’il soit arrivé trop tard. Maman est partie, laissant toutes ses affaires, son petit monde, c’est étrange, elle n’a pas pris son sac à main, ni son téléphone, objet de bien des complications et d’explications répétées mais dont elle savait tout de même se servir pour crier sa joie d’avoir vaincu se terrible défi de gravir la dune qui sépare la terre des hommes des vagues de l’océan, un sable lourd et profond, une pente prononcée, des pas très durs lorsqu’on n’a plus qu’un bout de poumon qui se déchire inexorablement sous les morsures d’un malin mésothéliome…. Ce cri de joie, ce cri à la vie, cette victoire à ce défi, résonnent encore dans l’oreille et la tête d’un petit garçon à jamais orphelin. Bien sûr tout va toujours trop vite, bien sûr, on espère garder éternellement les êtres chers à nos cœurs, qui plus est lorsqu’ils nous ont donné la vie, qui plus est lorsque l’âge adulte a mis la distance qui permet de comprendre tant de choses non comprises dans l’enfance, de mesurer combien de sacrifices faits avec tant d’amour sont restés dans l’ombre des yeux d’enfants.

Ce matin est dur, car il est la soupape d’un trop plein trop cuit trop sous pression d’un début d’année né dans la douleur d’une fin d’année dont la lumière ne s’est pas éteinte seule. Ni fêtes, ni temps, ni temps de fêtes, ni dates, juste des sourires, des espoirs, des sorties sans cesse repoussées, des abattements, des relèvements, des énergies, des mots, des discussions, des moments de complicités, des confidences jusque dans les au revoir et à demain sans savoir que demain ne serait pas. Dès lors, tout s’accélère, sans comprendre vraiment, sans vraiment réaliser, juste des mots, des chiffres, des démarches, du soutien et la réalité d’un monde devenu tristement commercial jusque dans les arrières cours des églises présentant promptement la facture et le guide des mots à lire comme si l’émotion ne nous bouffait pas assez comme ça, comme si perdre sa chair nous laissait une voix sans trémolo et sans vibrato dans une voie désormais si déserte. Ce matin est dur, parce que la réalité de l’absence remplace l’absence de réalité. Les émotions submergent les mots, pleurer n’est pas pleurer sur l’absence mais pleurer sur soi face à l’absence. La vie est un long ruban dont un bout traverse nos vies dans une enveloppe de chair, mais ce n’est qu’un bout sans en être le bout. Qu’elles que soient les croyances, les superstitions, les religions, que le paradis soit ici ou ailleurs, on ne nait jamais de rien, on n’est jamais seul, même sur d’autres plans, les consciences veillent et voient d’un bon œil leurs petits mondes tenter de se débrouiller, tout en souriant de ce mauvais tour joué et surtout, libérées des poids d’une existence devenue étouffante au sens le plus médical du terme. Car au fond, c’est quoi ce mésothéliome si malin ? Oh, pas grand-chose, une poussière d’amiante qui s’en vient un jour visiter vos poumons et rentre en somnolence quelques années, une vingtaine, une trentaine, plus… C’est que ça dort bien ça ! Et puis un beau jour, il se réveille et bien sûr, il a faim, alors il mord à pleines dents des bouts de chairs en un tour de sablier, sans aucun échappatoire, sans aucune issue. Un mal sournois, à mesurer au nombre des objets pétris d’amiante de nos quotidiens d’il n’y a pas si longtemps : un grille-pain à poser sur le feu du gaz, une toiture en everite, une canalisation en fibro-ciment, une isolation à même le plafond, … inventaire sans fin de dangers en puissance, poussière fine inodore, incolore, insipide mais terriblement affamée de vous prendre la vie… Votre vie, une de vos vies, celle qui vous a donné la vie. Ce matin est étouffant, mais il n’est rien devant l’oppression de ne plus pouvoir respirer, ce matin est humide mais il n’est rien devant l’eau qui s’accumulait au fond d’un poumon survivant. Ce matin est gris mais je sais que tu es mieux dans cette suite de vie… Merci. »

Simple pensée


A l’heure où le pays focalise sur le mariage pour tous, on oublie de voir quel est le véritable problème, souci et injustice flagrante qui est de mise depuis la nuit des temps : la transmission de patrimoine à celui ou bien à celle, ou bien à ceux qui nous survivent. Quel que soit les liens, quels que soient les sexes, quelle que soit la relation, amicale, amoureuse, filiale, hétérosexuelle ou bien homosexuelle, on peut s’associer par les liens du mariage, de la simple association, d’un pacs quasi inutile, ou d’un simple concubinage ou bien encore d’une colocation, rien ne protège, rien ne transmet le patrimoine en toute simplicité. Le décès n’est pas une peine suffisante, il faut y adjoindre la succession dans son sens le plus notarial du terme et bien sûr du plus étatique du terme, car ne nous y trompons pas, ce qui s’appelle en langage populaire « frais de notaire » se révèle être en toute mesure fiscale des frais et taxes d’état. Où est la logique ? Un couple construit sa vie, réussit à se construire son nid au prix de sacrifices, ils s’endettent, payent chaque année taxes et impôts pour qu’au décès de l’un il faille encore racheter selon les barèmes tarifiés de l’état tout-puissant la part du disparu et celle qu’on a déjà. Triste constat. Que réclame les couples « non-couple » ? Qu’ils soient homos, fratries, concubins, c’est avant tout les mêmes droits qu’un couple marié qu’ils réclament et cela, à juste titre. Qu’elles que soient nos convictions, ce n’est pas en rendant le mariage accessible à tous et donc faire du mariage le seul lien étatique qui permette la transmission  que l’on répond à la question de ce défaut d’égalité dans un pays dont la devise pourtant affiche à tous les fronts de sa république ce terme chéri. Prendre le problème à l’envers, c’est refuser de voir la société dans ses yeux du vingt-et-unième siècle et se comporter selon les principes quasi monarchiques et ô combien rigide et vieillot. Quel dommage….

A l’heure où il est de bon ton d’afficher son patrimoine une fois la maitrise des transmissions et des donations utilisée, qui trompe-t-on ? L’artisan, le gérant de société sait combien il ne doit rien posséder en son nom s’il veut préserver les siens en cas de faillite, les riches et les grands personnages savent combien il faut se délester et répartir en société civile ou bien en donation son patrimoine pour être, quel étrange hasard, juste ne dessous du seuil, non rassurez-vous, pas le seuil de pauvreté, mais le seuil qui ferait basculer vers l’impôt sur la fortune dont ils ont eux-mêmes votés la mise en place, histoire de montrer au bon peuple de France combien d’en haut on pense à ceux d’en bas. A quoi nous sert-il de savoir qu’un tel à hériter d’une vieille fortune industrielle, de connaitre par le menu détail combien de pavillons de chasse et autres châteaux une vielle famille de notre ancienne noblesse ayant échappé à l’échafaud possède aujourd’hui dès lors qu’ils ont été acquis sur près de quatre cents ans ? Doit-on compter les rayons des roues de bicyclette ? Les canaris, les perruches, les chats, les chiens ? Quelle est la prochaine étape ? Combien de point reste-t-il sur leur permis ? Quels sont leurs dernières amendes reçues ? Encore une fois, toute cette mascarade ressemble à un vieux tour de prestidigitateur agitant de sa main droite un foulard pour attirer l’attention de la foule tandis que sa main droite fait disparaitre l’objet…. Inutile et dommage, que de temps perdu qu’il serait bien mieux d’utiliser face aux vrais problèmes de la société. Après tout, ne sommes-nous pas dans un pays possédant la richesse infime d’une main d’œuvre de près de cinq millions d’âmes et justement, tout un tas de services, d’administrations, de soi-disant « services-publics » simplement ouverts aux simples heures de bureaux ? Hé ! Ho ! Comment font ceux qui bossent pour se rendre dans toutes ces banques, ces postes, ces mairies, ces services des eaux, de l’électricité, ces centres d’impôts sans poser un jour de congé ? A quand le vrai service public, ouvert tôt le matin et tard le soir ? N’est-ce pas l’état qui paye déjà ces fonctionnaires en puissance des pôles-emplois ? Même aux pôles, les banquises fondent…. Alors, s’il vous plait, redonnez un peu de bon sens aux choses, oubliez les études énarques aux cours sûrement trop alambiqués pour en faire perdre le bon sens. Il parait que le changement c’est maintenant, alors s’il vous plait, changeons, mais changeons en mieux, ça serait bien, non ?

Désolé si la plume parfois s’enflamme, il est bon qu’au printemps bourgeonnent les idées nouvelles plutôt que bougonnent les chacun-chacune dans leurs coins…. Simple pensée…

Ce soir il est las


Ce soir il est las, las d’être là, là de sembler être une automate dans un monde qui s’est déshumanisé. Ce soir peut-être plus que les autres soirs, c’est le vide qui aspire et qui ronge, c’est le silence qui assourdit, c’est la réalité qui prend sa place. Elle n’est plus là, à jamais. Ce soir, la fatigue gagne, ça fait un moment déjà qu’elle donne des coups, qu’elle prend des points, round après round, pourtant lui, reste debout sous les coups, sur le ring de la vie, hagard mais debout, croyant vaincre alors que chaque coup reçu ronge et détruit, un peu plus à chaque fois, à chaque jour. La salle est vide, les spectateurs sont partis et ce silence qui répond au silence est pire que le froid qui l’envahit, sans effroi pourtant, peut-être bien parce qu’il en a assez de tout cela, peut-être bien parce qu’au ras le bol des quotidiens celui-ci est encore plus fort que le cumul. A quoi ça sert tout ça, pourquoi rester debout, pourquoi n’être à jamais qu’un clown ou un nounours qu’on s’en vient étreindre lorsque dans sa vie il fait froid sans imaginer un instant, que sous l’écorce de peluche vit un homme ? Lentement il avance, des gestes méthodiques, des gentes sans calcul, presque sans vie, un automate sans lumière, qui peu à peu se débranche des grands réseaux de vies. Ce monde est devenu si bizarre, chacun court à sa perte, cherche à briller dans d’autres univers, oublie les liens, les soutiens, les aides, les mots, les pas, les chemins. Ce soir, il est las et là, il est las d’être ici.

Qu’importent les succès, les échecs, les rires et les pleurs, qu’importent les croyances, les errances, les besoins et les soins, ce qui compte à l’instant présent, c’est le présent de l’instant, le vide, le froid, l’absence, le manque, l’humain dans la vie des humains. Le ciel se pare de son habit de nuit, les oiseaux chantent leurs mélodies du crépuscule et le soir descend, avec sa fraicheur, avec sa nuit, avec son vide. Encore combien de soir, encore combien d’on ne sait pas quoi, encore quoi… Des envies d’arrêter, des envies de descendre ici, des envies de tout fermer, ça, c’est le plus facile, mais au fond, comment lui en vouloir ? Lorsque le tempo d’une vie s’arrête de compter les minutes, lorsque les jours qui passent sonnent plus anonymes encore que leurs veilles, lorsque l’oublie se fait sans qu’on l’ait voulu, comment croire en demain ? Pour quoi ? Pour qui ? Vide et vidé, ce soir il est las et pourtant encore là. Quel étrange cercle que cette ronde sans danseurs, quelles étranges cordes que celles qui enserrent le ring de la vie, des cordes à se pendre, des cordes de piano, des cordes de guitares, des cordes à linge, des cordes à grimper aux nuages d’un monde si parfait, c’est selon les saisons du cœur et ce soir, ce n’est peut-être pas les rêves qui l’emportent à son suffrage. Ce soir, il est las.

Tant de choses arrivent, tant de choses s’en vont, parfois le pied prend appui sur le sol solide, parfois, le sol se dérobe sous les pas et le vide appelle, et le vide aspire et la chute est longue, pénible surtout lorsqu’on peine à se relever ; Ce soir, il est las. Tombé pour quoi, pour qui, pour voir, pour apprendre, pour disparaitre, à jamais, l’enveloppe de chair n’est plus que lourd fardeau, le poids de la fatigue est bien plus grand qu’on ne croit, et le repos n’est pas toujours de tout repos lorsque les songes s’en vont aux pays sombres là-bas. Ce soir il est las, et là, quelques mots encore avant de clore la page, avant de terminer une ligne qui ne pêchera pas grand-chose, les âmes sont des crochets pour des prières aux anges. Ce soir il est las, et fatigué il raccroche, les tenues de clown, les tenues de nounours, les tenues d’oreilles, les tenues de conseil, les tenues de soutiens, les tenues de réconfort, ce soir, basta, à poil, parce que le plus important dans la vie, c’est d’aimer les gens pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils vous apporte, qu’ils soient là ou pas là, là, ou plus là….

Portez-vous bien.

bouchons


Quelques jours de beau temps, de soleil et de presque chaleur suffisent à oublier combien hier encore le ciel pleurait. Cette douceur printanière, ce soleil revenu d’on ne sait où, c’est le baume au cœur qui manquait à chacun d’entre nous. Doit-on choisir entre les saisons ? Chacune a ses avantages, chacun y trouvera des inconvénients, rien n’est parfait et c’est tant mieux ! La perfection, le lisse, l’idéal ne sont que des supports à rêves, des axes à prendre comme perspectives mais nullement une réalité à vivre, sous peine de s’y ennuyer. Ainsi songeait-il, assis derrière son volant, immobile, englué comme tous les soirs et les matins d’homme civilisé se rendant à son travail ou bien encore quittant son travail. Usure spécifique qui s’en va bien au-delà de l’embrayage, et par je ne sais quel enchainement mécanique, transforme l’homme en esclave enchainé à ses compatriotes. Si le véhicule est immobile, l’esprit voyage, s’échappe, gambade bien loin, il part visiter les sommets, les vallées perdues, les champs de fleurs et d’herbes odorantes, les plages sauvages et désertes, il fuit cette foule arrêtée et oppressante pour des belles échappées. Qui n’a jamais rêvé de tout plaquer, de fuir ce lourd quotidien ? Nos grandes cités ne sont pas des havres de paix mais de grands phares aveuglant près dès quels poussent les fleurs d’un travail et où s’en viennent voleter les papillons laborieux que nous sommes, étourdis par la lumière, nous nous écrasons soirs et matins les uns contre les autres dans une danse statique sentant bon l’oxyde de carbone. Dans quel étrange bonheur l’homme du vingt et unième siècle s’est-il fourré ? L’instinct de groupe sans doute, qui le conduit sans jeu de mot au travail, le ramène chez lui, l’embarque dans les courses alimentaires, ou bien encore, dans les retours de week-ends ou bien encore les retours de plages…. Que serions-nous donc sans les autres ?

Il roule machinalement, boite de vitesse bloquée sur la première, tandis que la tête explose d’oxygène en gravissant ces pentes clairsemées de névés, à surprendre les crocus dans leurs premières percées, à imaginer la course d’un isard, les cris d’une marmotte, les cercles des vautours. L’esprit s’en va, il quitte le corps et bientôt le corps rejoint l’esprit, il se détend, de prend à rêver, à vivre ses nouvelles aventures, à marcher, à courir, à respirer, à écouter…. Mais c’est un klaxon ! « Oui, c’est bon, t’énerve pas, j’avance, tu l’aurais ton bout de bitume cinq mètres plus loin qu’il y a peine une demi heure… » Retour aux bouchons, l’agressivité d’un klaxon a fait fuir les papillons, les vrais, ceux qui volent de fleurs en fleurs, ceux qui saluent l’éveil de chacune des belles plantes de ces riches flores si tranquilles, loin, très loin… La pause fut-elle courte, elle aura semblé plus longue, et même si c’est groggy qu’il se réveille derrière le volant, se surprenant à vouloir s’étirer, les bienfaits sont tout de même présents, voilà qui évite de tomber dans le piège de l’agressivité. Voilà qui invite à aller voir ailleurs, du moins, en vrai, du moins bientôt, parce que les belles images ne doivent pas rester un rêve, parce que l’appel du large est bien réel et bien captivant, motivant même. Le printemps qui roule déjà sa bosse donne bigrement l’envie d’aller se dégourdir les jambes et les sens au cœur même de la nature, loin du surplace, loin des klaxons, loin des signes pas vraiment amicaux. Loin, mais pas si loin, parce que partout est la nature, d’ici, à quelques tours de roues, c’est un lac, une promenade, une partie boisée,  des pelouses, des fleurs, la liberté de marcher à son rythme sans y gêner l’autre, cet autre, inconnu qui colle au cul et klaxonne, sûrement persuadé qu’ainsi les autres rouleront plus vite et qu’il sera ainsi vite chez lui. Il n’ose imaginer de tomber en panne… En panne de klaxon !

Rouler pour rouler, non, pas vraiment, terrible désespérance des multitudes d’errances coincées en un même ruban, juste parce que c’est l’heure, juste parce que c’est ainsi. Plus loin d’autres villes, d’autres régions, sans travail, sans bouchons, c’est la loi de la décentralisation et de la réflexion. Pourquoi continue-t-on à concentrer tous les boulots au même endroit ? Pourquoi, à l’heure des fibres, des hauts-débits et tant d’autres moyens de communications sommes-nous contraint de se chatouiller les pare-chocs soirs et matins ? Il est bon, visiblement,  de ne pas bouchonner tous ses euros dans une même banque, un même pays, mais des hommes, pourquoi les contenir en si peu d’endroits ? Serait-ce l’air pur des montagnes qui l’a saoulé et lui affiche ce sourire bien plus marqué que ces compagnons d’infortune ? Allez donc savoir….

    

Si seulement on savait....


Il est parti. Sans rien dire, sans se retourner, ni larme, ni adieu, ni sourire, ni chant. Du moins, comment le saurait-on puisqu’il ne s’est pas retourné ? D’ailleurs, s’il s’était retourné, son chemin l’aurait conduit ici et en quelque sorte, il ne serait pas parti, mais non, il ne s’est pas retourné. Il a marché droit, ou presque. Faut dire qu’il y avait du vent, faut dire qu’il y avait un mur et il faut bien reconnaitre que ce mur-là, il ne l’a pas escaladé, non, il l’a simplement contourné, sans se retourner. Ça peut paraitre con, mais essayez donc un peu pour voir de contourner un obstacle en vous retournant, c’est à coup sûr le choc, la rencontre fortuite entre un objet trop dur et votre corps trop prompt à vouloir absorber l’autre. Non, n’est pas sopalin qui veut, ça serait la porte ouverte à tout essuyer, pas même d’un revers de la main. Ses mains ? La dernière fois que je les vis, elles semblaient encore prolonger ses bras, dire si elles tremblaient, si elles pleuraient, serait présumer d’une quelconque forme d’émotions que d’aucun prendrait pour une maladive complainte, ou pire, d’autres suggéreraient opportuns d’accuser Parkinson. Il a contourné le mur sans se retourner et a filé. A l’anglaise ? Non, je ne pense pas que l’Angleterre soit si proche, du moins, pas ici, pas de l’autre côté du mur. Non, il est parti, hors de nos regards, sans savoir si ce sont nos regards qui ne le voient plus ou bien si c’est lui qui les a quittés.

Il est parti sans bruit, une démarche qui n’avait rien d’extraordinaire, ni d’exceptionnel, ni qui ne pouvait traduire qu’ainsi il partait. Il est parti à jamais, enfin, nous n’en savons rien, s’il est parti à Jamay ou à Llieures, quand à savoir s’il est parti à jamais, il faudra bien que vous patientez jusqu’à la fin de jamais pour savoir s’il s’en est revenu ou bien tout simplement s’il est revenu. La patience est une qualité et une fée qui porte souvent en elle bien des réponses. Il est parti, et s’il ne s’est pas retourné, peut-être était-ce parce que ce départ n’était pas un départ, ou bien, peut-être était-il triste et ne voulait pas le montrer, ou bien il était fou de joie et ne voulait pas le montrer, en somme, il cachait bien son jeu. C’est étrange d’être fou de joie, ou bien mort de peur,  triste à en mourir, de pleurer de désespoir ou de rire, et si les ires sont devenues colères, il n’empêche qu’elles irritent tout autant, tout autant d’ailleurs que ce comportement ! Comment peut-on agir ainsi ? Comment peut-on partir comme cela ? Sans un mot, sans un geste, sans se retourner ?

Il est parti sans voix, encore qu’en y réfléchissant bien, rien ne le prouve, après tout, ce n’est pas parce qu’on ne dit rien que l’on reste sans voix. On peut bien dire que les grandes douleurs sont muettes, mais reconnaissez tout de même qu’un opéra, une opérette, un concert de musique dite de chambre bien que jouée en spectacle se déroule dans un silence respectueux  quand bien même les accents en sont joyeux ! Doit-on conclure que le spectateur souffre en silence ? Certes, parfois pour assister au spectacle, il faut régler la douloureuse, mais après, il s’en vient ici de son plein gré, non ? C’est vrai qu’eux viennent et lui s’en va, sans parler, sans gémir, muet sans qu’on sache si c’est la Traviata qui lui traverse la tête ou bien encore un si puissant Lacryma.  D’ailleurs, a-t-il jamais parlé ? A-t-on seulement prêté attention au son de sa voix ? Qui était-il ? D’où venait-il ? Pourquoi s’en va-t-il et d’ailleurs, s’en va-t-il vraiment ? Tellement de questions sans réponses, tellement d’étonnement dans un simple fait d’une quelconque actualité.

Ah ! Si seulement on savait….  

trop, c'est trop!


Ces derniers temps, j’ai vraiment du mal avec certains mots. Saturation ? Incompréhension ? Compréhension ? Découverte ? Je ne saurais dire, mais il est des mots comme des modes et c’est sans doute pour cela que certains mots en deviennent à la mode. Les modes sont faites pour passer, éphémères parmi les éphémères, et si les fées mères compulsent pour acheter, l’effet mère acheteuse en devient la proie centrale de toute la médiatisation possible, presse, télévision, cernons vite cette ménagère de moins de cinquante ans…

Parmi les mots qui m’irritent, non, je vous assure que ce n’est pas ce doux pollen des pins colorant de jaune pale les quelques flaques de pluies qu’un sol trop imbibé se refuse à boire, non, l’irritation n’est de toute façon pas physique, plutôt mentale et, de ces mots en quelque sorte de trop, c’est celui-ci qui s’en vient en premier, sûrement déverser par un trop-plein bien pensé. Comment ? Quel mot ? Et bien, je viens de vous l’écrire, non ? Vous n’avez pas suivi et vous voudriez que je m’irritasse à vous le répéter ? Pas très fair-play. Ouille, voilà qui me gratte encore le neurone…. Tous ces anglicismes quand ils ne sont pas encore des termes directement cueillis au vocabulaire d’un Shakespeare du vingt-et-unième siècle, irritent les pavillons qui me servent à ouïr, transformant l’ouïe en ouille et non en houille sans quoi ma fortune serait riche et moi suisse ou belge… Toute ressemblance avec une quelconque actualité ne serait que pure coïncidence et indépendante de l’absence de volonté de l’auteur. J’en profite pour saluer nos amis suisses et belges qui bien que sponsorisés par des fortunes d’outres frontières parlent un français de meilleur aloi que le notre sans arriver toutefois à la perfection linguistique de nos cousins québécois, il faut dire qu’ils ont mis un océan entre nous pour se préserver de notre pollution verbale. Loin des yeux, loin du cœur, si proches et si entourés d’anglophones les voici érigés en francophones de très haut niveau, où faire du shopping devient magasiner… CQFD Abréviation francophone de « ce qu’il fallait démontrer » loin d’un « LOL » de haut-débit certes, mais tellement plus suranné et rattaché à nos chères années d’études. Mais voilà que je m’égare sans crier gare, normal puisque nous ne sommes pas encore arrivés et qu’à ce train, on file tout droit sur les rails de l’oubli en laissant de côté ces fameux mots en trop.

Voilà bel et bien l’exemple d’un mot en trop dans bien des phrases… Lequel ? Euh… Vous plaisantez j’espère ? Ne suivez-vous donc pas le fil des mots pour qu’à ce point vous vous privâtes d’en retenir le mot de trop ? Diantre, je vais tâcher de ralentir afin de mieux en cerner les contours et par là-même j’espère, vous aider à trouver de par vous-mêmes ce diable de mot en trop…. Cela dit, c’est avec plaisir que je note combien l’escapade de votre attention m’a offert la possibilité de glisser sans mégarde quelques subjonctifs certes imparfaits mais ô combien ravis de retrouver la lumière d’une page blanche eux qui dorment et finissent par disparaitre dans les tréfonds des oubliettes de notre langue dite vivante sans qu’ils n’y paraissent de trop. Alors, ce mot ? L’avez-vous lu ou bien l’avez-vous voulu ? Et oui, c’est bel et bien de trop qu’il s’agit et, sans en faire trop, je trouve que ce mot tombe trop souvent mal à propos donnant à la phrase qui l’accueille un sens hors du sens qu’elle eut dû porter. Les phrases, d’aussi loin qu’il m’en souvienne, ce doivent être composée d’un sujet, d’un verbe et de quelques compléments…. Sans qu’ils soient de trop. Alors, quel est ce trop qui m’irrite et me pousse au trot à parfois réagir pour demander éclaircissement sur le sens sensé être transmis ? Quelques exemples : « je le trouve trop beau » Aïe. Doit-on en enlever ?  Ça veut dire quoi « top beau » ? Cela devient pire dès lors qu’on aime trop, cela frise-t-il l’indigestion ?  Ou bien, serait-ce la peur de l’accent grave qui fit que le « très » devînt « trop » ? Le grave épaissit le trait, et si le cheval de trait passe au trot, comment suivre le rythme sans se mettre au galop ?

Non, sincèrement, trop, c’est trop !                 

Seule la vie compte


Le plus dur dans la solitude, ce n’est pas de vivre seul, c’est de vivre les départs successifs de tous ceux qu’on aime et qui surement nous ont aimé à moment donné, parce que c’était ainsi en ce temps-là, parce qu’ils ont cueilli l’aide, le soutien, les rires, les joies, les adresses pour diverses sorties, activités, réconforts, moments, parce qu’en ce temps-là, on était bien et tout était bien. Pourquoi ces envolées ? L’hiver fait fuir les oiseaux migrateurs par le froid, le gris, le triste… sûrement cela… Alors oui, hier fut noir, très noir, et les jours qui s’en suivent se colorent de teintes de gris, sans qu’il y soit question d’absence de sourire, sans qu’il y soit question que de plaisirs, et puis, peut-être même que l’heure est plus à la simple compagnie, aux échanges simples, sans calculs, sans prétention oserais-je dire, parce que c’est ainsi qu’est la vie… Le printemps ramènera-t-il les oiseaux enfuis vers d’autres cieux ? L’important est-il là ? Je ne le crois pas, la richesse de nos vies c’est de nous apporter à tout moment des évènements, des personnages, des situations sans même que l’on crie « action ! » et chaque seconde devient une seconde chance, dès lors qu’on en ait pris conscience, alors, hier, aujourd’hui, demain ne sont que des perles d’un collier qui glisse inlassablement entre nos doigts enjoués.

Les oiseaux sont partis, bon voyage. Le froid est là, présent, vivifiant, à quoi bon s’endormir ? Attendre ne serait que le choix de ne pas choisir sa vie. L’isolement serait de s’enfermer, de se couper du monde, au détriment des us et coutumes familiales : comment pourrait-on vivre sans une porte ouverte, un café à offrir, un feu, un bout de canapé ? Alors le printemps s’en vient, les jours rallongent, le jardin se pare de fleurs, l’herbe tendre est odorante et même s’il fait encore frais pour trainer dehors, jouir de ce spectacle au travers des baies vitrées tandis que le feu flambe ses langueurs hivernales. Les oiseaux sont partis, le vide s’installe davantage par ses silences que par ses manques, signe que l’important est ailleurs, dans les vols, dans les départs, dans les arrivées, bien plus que dans les retours, dans les compréhensions bien plus que dans les incompréhensions. Ainsi va le monde, aujourd’hui ici, demain ailleurs, après demain là, on ne vit pas pour jouer à l’infini une partition connue et trop connue. Alors oui, la solitude est là, mais elle n’est pas là de  notre fait, sinon, que serait notre vie ?

Le jour où les oiseaux s’enfuient, le ciel parait vide, grand, trop grand, pourtant, les nuages y glissent toujours avec la même aisance, les étoiles l’éclairent avec la même brillance et si l’on regarde bien, bientôt d’autres oiseaux s’en viennent s’y essuyer les ailes, découvrir cet espace et petit à petit se l’approprier, à moins que ce ne soit nous qui nous approprions ces oiseaux de passage, allez donc savoir…. Au fond, peu importe, c’est la magie des rencontres, être ici dans un même espace-temps en même temps, croiser du regard ses courses désorientées jalonnées de piaillements, instants magiques qui trahissent sans effort que l’heure est venue d’enterrer l’hiver et le gris, même si celui-ci donne encore des coups de canifs dans une fin de contrat, derniers assauts avant de s’en aller dormir pendant neuf mois. Neuf mois, un cycle de vie… Etrange décompte qui nous raconte le conte de la vie et si la vie compte mon cher vicomte, c’est bel et bien parce qu’au bout du compte elle nous offre mille raisons de la vivre pleinement, alors, peut-on vraiment lui dire non ?


Marcher, tout simplement


Quelques pas encore, quelques pas presque automatique sur ces sentiers à la fois tellement semblables et pourtant si différents. Quelques pas qui s’enchainent à d’autres pas, tout comme l’étape du jour poursuit une autre étape, d’autres étapes dans cette longue traversée des Pyrénées. Sac au dos bien rempli, charge bien répartie pour ne pas peser de trop, depuis combien de temps était-il parti ? Le temps passé sur ces routes n’était pas un temps à la mesure du temps d’en bas. Chaque seconde était une ouverture sur un monde tellement étonnant, riche de sensations, de plaisirs simples, de découvertes, il suffisait de cueillir ces instants, d’y prendre l’énergie simple qui aide à poursuivre sa route, la longue route sans fin au milieu d’un inconnu qu’on pensait connaitre, dans la solitude des grands espaces… Dans l’épreuve physique, il y a l’épreuve psychique, ce lent retour vers soi, cette quasi obligation de l’introspection, l’avancée parmi l’avancée. L’homme marche aussi dans sa tête, libre, errements erratiques en plein air dans cette aire sans limite, les pas se reproduisent qu’ils soient grands ou petits, piste large, sentier étroit, chemin tranquille ou bien escarpé, rochers à franchir ou barrières à contourner, parfois le bruit d’un ruisseau, parfois le concert de sonnailles, parfois le retour vers la civilisation, la traversée d’un village, l’achat de quelques vivres, l’approche d’un refuge, les grands dortoirs, les randonneurs croisés, les gouttes de pluies ou les rayons brulant du soleil, la vie n’est que rencontre, la plus belle étant de se rencontrer soi.

Marcher est si simple, si basique que bien souvent on en oublie qu’il n’est nul besoin de se compliquer la vie pour prendre plaisir à la vivre ; Trop de complications nuit, le jour se lève sans ambages, moment d’éternité éternellement renouvelé, instant où la lumière vient, où la vie s’éclaire sous un autre jour, un autre sens et prend dès lors tout son sens. Tellement simple qu’on n’ose à peine y croire, à trop se compliquer la vie, on finit par ne plus croire en la simplicité des choses. Pourtant, dès lors qu’on s’éloigne des humains, la notion d’essentiel et de simplicité devient l’essence même de la vie. Une cabane de berger n’est plus que des pierres si délicatement empilées, offrant peu d’emprise aux éléments et tellement d’abri à ses occupants. Le ruisseau se faufile entre des pierres plates, celles-ci un peu plus longues viennent dessiner un bassin où l’eau fraiche refroidira les bidons de lait en attente de la cuisson des fromages. Ces troncs d’arbres juxtaposés forment l’unique passerelle reliant ces deux mondes, celui de la rive gauche et de de l’habitation, celui de la rive droite et des parcages. Quelques arbres complètent le tableau, un coin d’ombre, une provision de bois, un coupe-vent ponctuant un relief  qui serait trop lisse sans ceux-là. Où diable est la complication dans cela ? Simple, efficace, un abri épousant la montagne sans la défigurer, tellement naturellement, si éternellement. Les pas autorisent souvent de pareilles découvertes, à la seule condition que les yeux quittent le bout des chaussures pour se régaler du monde autour.

Ce monde donne le vertige, trop rapide, trop de gens, trop étouffant ou bien au contraire, désert, immense, offert, preuves que nous ne sommes que des minuscules grains de sables, tantôt compressés au milieu des semblables, cons, pressés, sans sens, sable parmi le sable, tantôt perdu au milieu de nulle part, parce que sans repère connu, parce que seul, parce qu’oublié, parce que hors d’une norme sans norme, hors du groupe, parce que c’est ainsi. Un pas de travers ? Non, un pas à travers le monde appelant un autre pas, une autre monde, et tant pis pour les images qu’on laisse, la vie est pleine d’images encore inconnues, de charmes pas si cachés, de trésors sans autres valeurs que celles qui aident l’humain à se construire. Marcher, simplement marcher, rêver et marcher dans ses rêves… Un programme !