La douceur du temps

La douceur du temps, peut-être parce que nous sortons d’une longue période de froid, semble être un printemps déjà là, et même si le vent reste refroidi par les neiges pyrénéennes, profiter des doux rayons du soleil fait du bien. Des jours qui rallongent, la douce lumière, autant de motivation aux envies de sortir de chez soi, c’est aussi cela le printemps, l’émergence de la vie, la renaissance ou plutôt, la sortie de la torpeur d’une trop longue hibernation, hibernation qui chez l’homme dure parfois de très longues années…. Et oui, on vit, on s’enferme dans une forme de vie pour ne plus en bouger, pour ne plus en bouger, jusqu’au jour où les parois de la caverne se brise et le soleil brûle les yeux. C’est à la fois fort et fragile une coquille, on s’y croit à l’abri, on s’y repose à en oublier le temps qui passe et on se trouve fort dépourvu lorsque la brise fut venue…. Jeu de mots bien sur, c’est plutôt la brisure, ou mieux dans certains cas, on parle de rupture. Ces vies en pas de deux qui deviennent des pas hésitants sur la corde raide de l’existence, cette sortie de chrysalide où certes, la chenille devient papillon, mais à cet instant, les ailes sont des étrangères, des morceaux fragiles qui tirent sur le corps, déséquilibre par simple déplacement du centre de gravité, jusqu’à accepter ce changement, jusqu’à mesurer combien rien ne gravite autour que ce qu’on ne croit voir. Et le papillon mesure ses forces nouvelles, il apprend à remuer ces ailes, à se les approprier pour enfin s’en servir et partir s’enivrer de cette vie en trois dimensions en oubliant bien vite, cette première partie de l’existence passée à ramper.

Nous sommes tous des papillons, seule la durée de notre vie d’avant transformation diffère, rapide pour certains, lentes voire même jamais pour d’autres, sans qu’il n’y ait de bien ou de mal à cela. Il est des êtres parfaitement adaptés et parfaitement bien dans leur vie purement terrestre, il en est d’autres bienheureux de découvrir le monde d’en haut, à un moment donné de leur existence, parce que peut-être celle d’en bas fut sans éclat ou bien encore trop parsemée d’éclat. Des hauts et des bas, c’est cela aussi la vie. Des hauts qui font des bas, des bas qui montent haut, montagnes russes de l’existence, plaisir du présent, hier s’enfuit, hier s’en fut, place à la vie, celle d’aujourd’hui, soleil ou pas, neige ou pas, pluie ou pas, qu’importe le temps c’est aujourd’hui qu’on vit. Vivons, portons haut les couleurs de notre vie, soyons nous, cueillons nos joies dans chaque lumière, semons ces graines de rires, à coup de sourire, arrosons les de dialogues, nourrissons-les d’échanges vraies, parce que la seule vérité est bien d’être soi, d’être vivant et de sourire à la vie. Ce n’est pas par des en bas que l’on insuffle la lumière, non c’est le ciel, le soleil, celui que vous mettrez dans vos mots, dans vos yeux, dans vos rires qui viendra illuminer la vie des êtres autour. En bas, ce sont les racines, liens invisibles sous nos pieds qui s’en viennent canaliser les énergies reçues pour qu’elles puissent circuler librement, de haut en bas, de la lumière vers les ténèbres, du ciel vers la terre. Oui, nous sommes terriens et humains, oui nous appartenons à cet amas de poussière perdu dans l’univers, cette planète Terre qui elle ne nous appartient pas. Oui nous sommes de passage, parfois même de repassage, (celle-ci, je ne pouvais la louper), transition ici, mais une vie à part entière. Et oui, nous sommes élément d’une communauté, ce microcosme dont les durées de vies sont différentes, les dates de venues aussi et les dates de départs toujours émouvantes. On a tous des êtres chers qui ne sont plus, on a tous des êtres chers qui sont, mouvance continue, agitation permanente, comme les grains de sable dans le sablier qui s’écoulent, lentement mais surement.

C’est joli un papillon, il semble hésitant dans son vol, peut-être trop léger pour échapper aux courants d’air, peut-être aussi que voler de ses propres ailes nécessite des forces qu’il n’est pas toujours facile d’alimenter en continu, mais il vole, il se pose parfois, fleur parmi les fleurs, s’abreuvant de douceur, reprenant des forces pour reprendre son vol qui n’est pas une course, il n’y a pas d’accélération subite, juste un vol à l’allure régulière, une belle allure. Etonnant comme les mots diffèrent de sens selon les utilisation, non ? Qu’ont en commun la belle allure du papillon avec une voiture allant à belle allure ? Que celui ou celle qui répond le pare-brise sorte immédiatement ! Non mais ! Imaginez un peu, si vous étiez papillon. Laissez votre esprit vagabonder dans la campagne, imaginez-vous prendre de la hauteur, voir plus loin que l’odorant genêt qui vous masque la vue d’hominidé, juste parce qu’en quelques battements d’ailes vous vous êtes élevé. Vous voyez ce vieux muret en pierres sèches, seul vestige de l’ancienne remise ? Vous sentez par-dessus l’odeur acre et prenante des genêts éclatants, la senteur fruitée du volubile chèvrefeuille sauvage ? Les cistes aux fleurs froissées et sans odeur éclairent votre route, le thym odorant illumine sont vert de gris de fines tâches blanches, mauves, et de rares géraniums botanique intrigueront bientôt les premiers marcheurs. Voila, respirez, et puis lentement, reprenez vos esprits, ouvrez vos yeux et secouez vos membres endoloris par le vol au cœur du maquis. Quelques secondes de bien être, une phase de relaxation, une respiration et une pause au cœur de la vie, parce que la vraie vie est ainsi, des choses incontournables mais toujours la place pour s’aérer l’esprit et mieux encore, pour le faire partager. C’est léger un papillon, tout comme nos vies, ne nous appesantissons pas sur ce qui est déjà lourd, prenons conscience que nos ailes nous appartiennent et qu’il ne tient qu’à nous de nous en servir pour nous élever et continuer à grandir. Toujours.

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