L'étoile et le caillou

Marcher sous la lune, c'est marcher sous les étoiles en écrasant les graviers. Les étoiles, c'est jolie, ça brille, certaines plus que d'autres, et si tu demandes autour, les autres ne voient pas la même brillance, le même éclat, sur la même étoile que toi, mais toi, tu ne vois plus que cette étoile à trop la fixer. Au matin, l'étoile s'éteint et disparait....La reverras-tu demain? Pas facile de chercher une étoile parmi tant d'autres, peut-être aussi qu'elle ne brille plus du même éclat. Le gravier, lui, il est dur, ils est douloureux lorsque nos semelles sont trop fines, il est peuplé de petits cailloux, plus ou moins pointus, plus ou moins gênant, et on a beau les écraser, il faut du temps et du temps pour que les cailloux les plus pointus s'enfoncent dans le sol et non plus dans nos chairs, pour en arrondir les angles et enfin marcher à l'aise sur les chemins de la vie. On marche et on avance, ainsi, sur les chemins de la vie. De qui se souvient-on? Des cailloux pointus qui nous ont blessé? Des étoiles plus brillantes? Du chemin parcouru? Se souvient-on des choses?

On peut-être tour à tour étoile ou caillou, on peut un jour blesser et l'autre luire, d'ailleurs, même les cailloux luisent et deviennent brillant, qu'ils soient secs ou noyés de pluie, d'ailleurs même les étoiles les plus brillantes finissent par saouler devant cette immensité inaccessible, ce puits sans fond qui aspire le regard, vous donne mal à la tête à ne plus savoir à quel saint se vouer, orthographe ou son, peu importe, la multitude noie, l'immensité égare, et on reste planté, les pieds sur le gravier, le regard accroché aux étoiles, jusqu'à ce que, hagard, on s'en détache, et on vient poser les yeux sur le gravier, sans pouvoir poser les pieds sur les étoiles, sans pouvoir décrocher la lune, mais d'ailleurs, pourquoi la décrocherait-on? Geste égoïste qui priverait les autres, geste imbécile qui voudrait s'approprier ce qui n'est pas à soi.

Mais si les étoiles brillent, mais si les cailloux luisent, ce n'est que parce qu'ils renvoient la lumière du soleil. Le soleil, c'est l'amour qu'on met pour les voir, la brillance, c'est la concentration d'amour qu'on pose sur une étoile, sur un caillou, peu importe dès lors les autres autour, c'est celle-là, c'est celui-là, un point c'est tout. Le soleil, c'est toi, c'est lui, c'est elle, c'est eux, c'est nous, c'est vous, c'est chacun, pas la peine de chercher plus loin, il suffit d'accepter ces choses-là telles qu'elles sont, il suffit de bien vouloir accepter, partager, le dire aussi et surtout. Il n'y a pas de honte à aimer une étoile ni même un caillou, la honte serait de ne pas aimer du tout, de ne pas dire les choses, si simples, si belle, si cruelle quand elle ne sont pas dites. Alors on marche sous la lune, on écrase les cailloux, on oublie les étoiles, on avance, oui, mais seul et sans but, on oublie surtout que la plus belle lumière qu'il soit n'a de source que dans notre coeur....

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Sans la lumière du coeur, l'homme est aveugle et ne voit rien.
Heureux celui qui écoute, voit et vie au seul rythme de son coeur.

Un texte si beau, si vrai surtout, j'adore.

Bises,

L'auvergnate.